Amorphe. Inerte. Une loque.
Dans ma tête, toute la journée les mêmes pensées: "rien de ce que tu n'entreprends n'aboutit de façon satisfaisante."
Un grand vide, donc...comme si tout à coup, tout était devenu décevant.
Je regarde mes "exploits" ( je les appelais comme ça, quand j'étais plus jeune ) - commencer à apprendre l'italien tout seul à l'âge de douze ans et demi - déchiffrer des oeuvres pianistiques super compliquées - et je m'aperçois que le résultat...n'est pas à la hauteur de mes espérances.
Mon bonheur dépend de celui des autres. Mais personnellement, je ne suis pas heureux.

Pour tout dire, depuis le mois de juin je suis suivi par un psychiatre et je suis un traitement. En juin j'ai failli me suicider. Quatre jours à l'HP, et puis je suis sorti...anxieux, angoissé...Cela faisait cinq ans que je me torturais physiquement: des souvenirs obscurs et douloureux, comme si j'étais encore un écorché-vif.

Bref. Depuis quelques jours, bien que je suive toujours le même traitement depuis des mois, il semble que rien ne tourne plus rond. Peut-être à cause du changement de saison...il fait gris, venteux, pluvieux...

Voilà je crois que j'ai dit l'essentiel.

Ciao...

revoir ton medecin et changer de traitement , c'est peut etre la chose a faire ! une depression ne se guérie pas en quelques jours et l'aide d'un psy serait peut etre utile aussi !

Bonsoir Beppino

Citation :

Mon bonheur dépend de celui des autres. Mais personnellement, je ne suis pas heureux.

Pourquoi ton bonheur doit-il dépendre de celui des autres, qui sont ces "autres" ?

Quelles sont ces tortures que tu t'infliges depuis cinq ans ? Les causes sont apparemment ces souvenirs pénibles qui te reviennent en mémoire, veux-tu en parler ?

Tu es actuellement suivi par un psychiatre, je suppose donc que tu as également un suivi psychologique qui vient en complément de ton traitement médical ?

Pourrais-tu nous renseigner sur ton âge et, si tu le désires, parler pour tenter de soulager ce poids qui t'incommode tant.

Amicalement
Clair de lune

Merci pour vos messages. J'ai 27 ans, et je suis uniquement suivi par un psychiatre, et non par un psy. Mon traitement...( 1/2 Séresta 50 trois fois par jour + 1 Effexor 75 le matin + 1 Effexor 37.5 le midi ) me rend actif et en même temps m'assomme. L'après-midi, je fais toujours une sieste de deux heures.;.parce que j'en ai besoin.

En fait, après ma dernière TS ( celle de juin ) j'ai tellement été choqué que j'ai arrêté de me torturer physiquement. Je m'automutilais...je me suis jeté dans un lac gelé en plein hiver...j'ai avalé des médicaments en dose massive à diverses reprises...bref, je crois qu'en matière d'automutilation j'ai tout connu. Jusqu'au jour où enfin ma dépression a été diagnostiquée...et là, grâce au traitement, je survis.

Le bonheur des "autres"...c'est celui de mes frères et soeur, principalement, et celui de mes amis. Ils sont heureux...moi je me sens incapable, impuissant, nul.

Mon psychiatre me fait parler, mais il ne me dit pas le résultat de ce qu'il analyse. En gros, il s'occupe juste de réguler mon traitement en fonction de ce que je peux lui raconter.
Il ne m'aide pas à me connaître mieux...à savoir comment je fonctionne.

Bref...c'est une longue histoire que la mienne...mais il faut que je m'en sorte.

A bientôt.

Amicalement.

C'est déjà très important que tu sois entouré de tes frères et soeurs et de tes amis, déjà tu n'es pas seul au monde...

Il est normal que tout ce traitement ait des effets secondaires, mais comme tu l'evoques, il te faudrait un soutien important d'un psychologue en même temps que ton suivi psychiatrique. Pourquoi ne pas en faire la demande ? Tu pourrais ainsi débuter une thérapie sérieuse et ainsi te livrer à un professionnel plus à ton écoute qu'un médecin et qui t'amènera doucement vers la recherche de toi-même.

En attendant, si tu éprouves le besoin d'écrire pour t'exprimer, n'hésite pas à le faire, parfois ça soulage énormément, l'écriture étant d'ailleurs une thérapie.

Que fais-tu dans la vie ? As-tu un travail qui te plait ? As-tu des loisirs, apparemment tu aimes la musique... la pratique des langues étrangères ? Toutes ces activités sont-elles encore présentes dans ta vie de tous les jours ?

Tu ne parles pas de tes parents. S'impliquent-ils un peu dans tes problèmes de santé ?

Tu spécifies que ton histoire est bien longue mais sache que bien des Vies sont également denses et parfois bien compliquées et des personnes du forum ayant vécu des évènements peut-être plus ou moins similaires aux tiens pourront te soutenir.

Amicalement
Clair de lune

En fait cela fait cinq ans que je déprime. Il y a cinq ans j'étais à l'université, en italien. Ensuite j'ai fait une année en école de traduction, à Paris, et suite à cela j'ai tenté deux fois de passer le CAPES d'italien à Paris ( sans succès ). Pour finir, je suis rentré chez moi et j'ai enseigné durant un an dans un collège difficile. Je ne donnais que 3 heures de cours par semaine...mais c'était déjà bien suffisant, et à la fin de cette année: TS. J'étais au bout du rouleau. D'ailleurs j'ai réalisé que l'enseignement n'était pas fait pour moi.

J'aime les langues mais mon cerveau "débloque" depuis que je prends les médicaments. C'est-à-dire que je n'arrive plus à me concentrer longtemps, et je n'ai plus le courage d'apprendre de nouvelles langues. Cela me fatigue trop la tête.
Quant au piano...j'ai découvert Chopin lorsque ma soeur était en dépression, et quelque part je me suis attaché à ce compositeur-là. Je suis un passionné de la musique romantique ( Liszt, Chopin, Rachmaninov, Schubert...)...Le problème, c'est qu'à chaque fois que j'entends une oeuvre, j'en cherche la partition pour pouvoir la jouer chez moi...et je n'arrive jamais à la jouer correctement, parce que cela demande un niveau pianistique élevé...Donc là encore: déception.
Je viens de trouver la partition du Concerto n°1 de Chopin...et je crois qu'elle me demandera un boulot énorme pour parvenir à la jouer ( bien que cela fasse au moins dix-huit ans que je joue...) . Je suis peut-être mégalomane...

En fait, j'essaie toujours de réussir quelque chose pour que mes parents soient contents de moi. J'ai le sentiment de ne pas les satisfaire, de ne pas être à la hauteur de leurs espérances, et je ressens toujours le besoin de me "surpasser", de me "dépasser"...mais je vise trop haut...et cela ne mène à rien.

Ma mère s'implique dans mes problèmes de santé. Avec elle je me sens libre de parler, d'exprimer ce que je ressens.

Avec mon père, c'est plus dur. Parfois il refuse que je dise que je suis fatigué. Alors je ne dis plus rien. C'est dur de communiquer avec lui. Je crois qu'il n'accepte pas que je sois en dépression...et qu'il reste distant par rapport à ce problème-là. D'ailleurs il ne comprend pas, parfois, ce que j'essaie de lui faire comprendre. Il ne VEUT pas comprendre...

Depuis tout petit, je vais à l'église avec mes parents. En 1999, j'ai pris la décision de suivre Dieu à mon tour. Dans la famille, nous sommes tous Chrétiens, et engagés dans le service de l'église ( sauf mon grand-frère ). Mais...aujourd'hui, et depuis un an ou deux déjà, ma vie Chrétienne est mise à rude épreuve, et je n'arrive plus à suivre le mouvement. Je ne saisis plus bien ce que j'entends à l'église, et par conséquent je suis comme cassé...parce que je n'ai pas la force de suivre Dieu. Je ne l'ai plus. D'autre part mon père m'a parfois mis la pression pour que je lise ma Bible et que je prie davantage...et je déteste ça. Alors je me suis buté. Je refuse qu'on me force...

Chaque dimanche je vais à l'église, et je me retrouve face à moi-même. C'est-à-dire face à un gribouillis informe, à un flot de pensées emmêlées...et cela me fatigue. Parfois les prédications me font culpabiliser...ou alors mes nerfs sont prêts à exploser parce que je fatigue...Je vois mes amis en pleine forme...avec toutes leurs capacités, et il semble qu'entre eux et moi il y ait un mur...Je me sens un étranger, dans cette église où je vais depuis ma naissance.

Cette année, je ne travaille pas. Année sabbatique...j'en ai bien besoin. Je m'occupe de mon chiot, c'est tout.
Je compose de la musique aussi, mais elle est nulle. Comme tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent.
J'attends trop de moi-même...Je rêve de choses magnifiques, mais je suis incapable de les reproduire.

J'aime particulièrement la nature, et surtout les animaux. A Paris, je passais mes après-midis dans les parcs animaliers...J'observais des cours d'équitation, je caressais des chèvres, des ânes...C'était vraiment apaisant.

Amicalement
Beppino.