Ne sachant pas réellement quel sujet choisir, je me suis tournée vers celui-ci, même si au fond, je ne sais pas si mon histoire est choquante pour certains. Oui, sans doute. Je vais essayer d'être précise et synthétique.

Je pense avec une assez grande certitude être état limite. J'ai notamment un très gros problème vis à vis de l'abandon, qui se traduit par de multiples partenaires sexuels (rarement satisfaisants du reste), une propension à tomber facilement amoureuse, ainsi qu'une intolérance à la frustration et à l'attente. Je suis très dépendante affectivement et en conséquence, très souvent déçue parce que les hommes ne me donnent pas, ne peuvent pas me donner, ce dont j'ai besoin. En plus de ça, j'ai un terrain dépressif latent depuis que je suis enfant (la tristesse et l'ennui) et qui m'a suivi au cours de mon adolescence et de mon début de vie de femme.

J'ai globalement une tendance aux addictions. Et c'est notamment pour ça que je suis ici. Je pense que je pourrais assez facilement devenir alcoolique. J'ai tendance à être incapable de m'arrêter, et surtout à perdre totalement le contrôle. J'ai fait plusieurs TS médicamenteuses que je n'aurais sûrement pas fait en temps normal. Je me scarifie aussi beaucoup. Je culpabilise énormément, bien sûr, vis à vis de mes proches à qui je fais subir ça. J'ai honte aussi, d'autant que par ailleurs, je suis une étudiante brillante. Je découvre dans ces cas là une sorte de violence en moi, diffuse mais incroyablement forte et aussi des souffrances très marquées. Mais je sais aussi que l'alcool consommé massivement est dépresseur. Envisager d'avoir un problème avec l'alcool est très difficile pour un tas de raisons, et envisager d'arrêter de boire l'est aussi (incidences sociales, notamment). J'ai déjà considérablement réduit d'ailleurs.

Je prends des risques (sexuels, sanitaires, psychologiques, etc.) et l'intensité de ces risques a tendance à croitre avec le temps. Je ressens réellement une terrible souffrance intérieure, si forte qu'elle me semble physiquement palpable. Je suis suivie par un psychiatre et je prends des antidépresseurs. Je n'ai pas l'impression que ma thérapie ait un effet quelconque, car mon humeur est extrêmement versatile et peut changer du tout au tout en quelques heures. En plus de ça, je ne suis pas nécessairement d'accord avec l'orientation théorique de ce médecin.

Il y aurait tant à dire, mais il me semble que ces quelques éléments donnent un aperçu de l'ensemble. Je me soupçonne également de mettre en place des défenses très rigides pour supporter toute cette souffrance et ça me fait peur.

Tendance aux addictions? Pour fuir quoi au juste? A quoi relie-tu ces addictions?

Tu dis que tu as un gros problèmes vis-à-vis de l'abandon. A-til une source?

Je ne voudrais pas te vexer mais les addictions et les défenses rigides dont tu parles s'opposent. Tu as de la retenue, ça c'est vrai mais cette souffrance tu ne la supportes pas, peut-être que tu devrais commencer par t'avouer déjà cela? Pas besoin d'être forte ici, juste d'aller au fond de soi.

Ne prends pas mal ce que je te dis, c'est déjà super que tu oses t'exprimer !!

Je parle de défenses dans la mesure où j'arrive assez bien à oublier ce qui s'est passé. De la même manière il y a toute une période de ma vie dont je ne garde aucun souvenir hormis les souvenirs scolaires.

En ce qui concerne l'abandon, j'ai toujours été beaucoup gardée par mes grands parents, j'ai vécu un deuil très douloureux quand j'étais enfant (deuil dont je pense être seulement en train de me remettre mais qui du coup s'est incrusté dans mon mode de fonctionnement). Mes parents se sont séparés. J'ai vécu de belles histoires d'amour, mais j'ai toujours peur d'être abandonnée. Cela ne se traduit pas verbalement mais par le comportement. Je n'ai jamais réussi à être fidèle, ce qui ne me posait pas spécialement de problème de conscience, jusqu'à quelques années en arrière. Un homme que j'aimais énormément m'a quittée parce que mon infidélité le faisait souffrir. Je me place fréquemment dans des situations où la potentialité d'être abandonnée est forte. Un peu comme si l'être effectivement confirmait mes craintes. Je ne sais pas si c'est très clair.

J'ai commencé à boire jeune, vers 14 ans. J'y ai rapidement pris plaisir. Et quand j'ai eu un appartement toute seule, j'ai commencé à boire vraiment beaucoup. Je suis également très accro à la clope, au café, et je l'étais avant au Xanax. Je n'ai jamais pris de drogues, parce que je sais que ça me plairait TROP. Le cercle vicieux de l'alcool. Je bois parce que ça me rend plus sûre de moi, parce que ça rend les gens moins ordinaires et moins laids. Mais je fais véritablement N'IMPORTE QUOI quand je bois (surtout que l'alcool combiné aux AD favorise chez moi les accès suicidaires). Je pense que me remplir d'alcool, mais aussi posséder tous les hommes (j'ai eu de nombreux partenaires), est une manière de lutter contre l'abandon et contre les carences affectives réelles ou supposées que j'ai.

J'ai vraiment besoin de 'parler', d'être écoutée.

Je suis mal à l'aise quand il n'y a pas d'objectif plus constructif que le fait de s'épancher sur ses problèmes.

Bien entendu que tu peux t'épancher ici, en parallèle, tu peux écrire dans un journal intime, ça aide mais ça tu le sais très certainement.

Bonne route à toi

Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. J'ai davantage besoin, donc, d'être comprise, éventuellement conseillée. C'est un peu violent pour moi de poser toutes ces choses à l'écrit.

J'ai été voir un addictologue une fois, j'ai été très traumatisée par ce rendez-vous, et je ne sais pas vraiment si je vais, si je dois y retourner. S'il y a un intérêt autre que masochiste. Si mes problèmes sont plus graves que je ne le pense. Si c'est un con. Enfin...

Disons que j'ai un peu de mal à faire la part des choses toute seule et que je n'ai pas spécialement envie d'en parler autour de moi. Et comme je l'ai dit, le psychiatre que je vois n'est pas d'un grand écho.

Voui c'est tout à fait légitime, je n'arrive pas à comprendre en fait, enfin.. théoriquement oui mais je suis comment dire.. un peu choquée, la souffrance que tu dois provoquer chez les autres, ça m'est difficile à entendre... mais ce n'est qu'un écho personnel.

J'ai peur de te dire ce que je ne peux pas dire... Quelqu'un d'autre sera bien plus à l'aise que moi.

Quelles études fais-tu?
Comment vois-tu ton avenir?

Bonsoir verte,


Exprime toi, nous te lirons. Si cela peut te permettre d'être soulagée quelques temps alors n'hésite pas. As tu parlé à ton thérapeute de tes doutes ? Si cela n'a pas encore été fait, tu devrais le lui dire, il pourrait soit te diriger vers un collègue ou travailler la dessus. Il y a peut-être une raison pour laquelle tu n'y trouves pas d'écho.


Je suis par contre étonnée par ton infidélité et ta peur de l'abandon. J'imaginais au contraire que tu vivais pour "l'autre". Tu dis avoir été traumatisée par l'addictologue, pourquoi ? t'a-til dit des vérités qui te font mal à entendre ?