y a-t-il un psy par ici?

comment fait-on quand on a été soi-disant suivi pendant des années par le public, le privé, l'HP et que ça n'a rien donné?

comment fait-on pour payer, chômeur de longue durée?

qui reste-t-il, quand la famille et les amis se sont tous cassés?

comment fait-on pour chercher, pour consulter, pour faire une demande d'aide médicale quand on n'arrive pas à sortir de chez soi, et la phobie de téléphoner?

comment fait-on pour retrouver l'estime de soi?

pourquoi les médicaments n'ont fait qu'aggraver le mal?

pourquoi les gens ignorent ma douleur?

pourquoi je n'y arrive plus?

un 31 décembre, c'est presque aussi bien que noël où un anniversaire (pourquoi? pour en finir.)

non tu ne dois pas en finir ! ce n'est pas une solution.

non il n'y as pas de psy réel sur ce forum, il y a ps6cho, la créatrice du forum qui est en étude de psychologie mais elle n'est pas psy et elle ne peut pas souvent venir car elle est en plein dans ses études. calme toi, essaye de ne pas penser à tes idées noire.
je reviens cette après midi pour te répondre plus amplement, au mieux que je pourrais.

aller courage

Bonjour Mina

Beaucoup de question auxquelles il est difficile de répondre avec détails.

Et si, d'abord, tu nous parlais de ton mal-être, de ta vie passée et présente, et ce que tu souhaiterais voir changer.

Ecrire et mettre des mots sur ta douleur serait une bonne thérapie et nous permettrait alors de mieux comprendre tes questions.
Nous sommes à ton écoute.

Il y a des amis à ton écoute ici
Raconte nous si tu le souhaite

Oui je suis d'accord avec eux, je dirai même plus des frères d'armes !

oui, et clair de lune as répondu comme il le fallait, on est là pour toi.

bon, ben je suis encore là. encore…

merci à vous qui avez donné signe de vie; est-il utile de préciser à quel point le moindre mot prend de l'importance, quand on vit presque coupé du monde?

clair de lune, je n'arrive toujours pas à écrire de moi, seulement à en parler - parfois.
mais il m'est venu une sorte de métaphore filée. au mieux, ça vous donnera une idée. au pire, ça vous fera de la lecture. dans tous les cas, j'aimerai savoir ce que vous en pensez, donc je vais le poster.


ça fait longtemps que vous nagez. vous nagez comme tout le monde, parfois tout seul, parfois en groupe. au fil du temps, vous vous rendez compte que vous nagez plutôt bien, contrairement à d'autres qui pataugent autour des bouées. ça fait même tellement longtemps que vous nagez que vous êtes devenu un expert en natation - enfin, c'est ce que tout le monde dit. pourtant vous vous rendez compte que vous buvez plus souvent la tasse que les autres, même aux endroits où vous avez pied. vous cherchez une explication au mystérieux phénomène: le sens du courant? la hauteur des vagues? le nombre de bouées? de plus en plus bizarre, et de moins en moins drôle, surtout que cette fois vous avez manqué de vous noyer pour de bon - alors même que vous venez de démontrer que vous maîtrisez maintenant la cinquième technique ultime la plus efficace de la brasse papillon, ce qui n'est pas donné à tout le monde, et nécessite de longues années de pratique et d'efforts, en plus d'une touche artistique savamment dosée.

trop c'est trop; vous nagez jusqu'au prochain oracle des bouées, trônant négligemment sur une discrète planche de surf dont le design, pour une fois, vous plaît.
et là, elle met tout de suite le doigt sur le problème: "mais vous avez un boulet au pied!"
ha, hum, oui, on m'en avait déjà parlé, et paraît-il qu'il est carré… "non non non, il est forcément rond, c'est un boulet! Voyez-vous, j'ai moi-même eu ce problème (j'ai encore les traces de la chaîne), je vais donc vous dire comment vous en débarrasser et construire un bateau qui flotte contre vents et marées."
s'ensuit une très longue et passionnante discussion sur la nature des chaînes, la topologie des boulets ronds, et les éléments constitutifs des embarcations viables.
sauf que… sauf qu'entre temps, plus on s'attaque aux chaînes, plus le "boulet" grossissait et s'alourdissait; et malgré tous ces allers et retours pour récupérer des planches et de la colle et des clous et des outils et des menuisiers pour fabriquer le bateau… de plus en plus difficile de flotter, même accroché à la bouée, même accroché à la planche de l'oracle.
subitement, le vent s'est levé, et l'oracle aussi; la jolie planche de surf était en fait une planche à voile, et elle est partie.

bon, tant pis, il y a d'autres oracles qui ont des plans de bateau… des oracles sérieux, sur de gros bateaux en fer. sauf que la plupart pensent qu'il faut surtout d'abord mettre de la colle, et ensuite beaucoup de clous. "Et mes planches, alors?" "On verra plus tard". "Mais je n'ai plus de menuisiers maintenant!" "Et bien embauchez des jardiniers!". "Mais… d'accord, faire pousser les arbres j'adore, mais là je suis entrain de couler!" "Ajoutez de la colle, et changez de marque". "Attendez, je crois que je suis allergique à la colle, en fait… et puis j'ai perdu mes clous, ils sont tombés à l'eau, et…" "Vous savez nager, non?" "Ben oui mais là je n'arrive même plus à flotter! Au secours!" "Reprenez un peu de colle".

Après un certain nombre d'oracles, plusieurs tempêtes, et avoir perdu tout votre équipement, vous vous échouez sur une plage. celle d'Inception, le film. d'un côté, l'océan à perte de vue. de l'autre, d'immenses ruines. vous reconnaissez immédiatement la plage interdite; vous êtes dans les limbes. l'avantage, c'est qu'ici, il y a très peu de plaisanciers; les plaisanciers sont une espèce très dangereuse, surtout quand ils vous lancent à la tête une bouée assommante, où vous racontent qu'avec ce ballon d'anniversaire vous allez pouvoir voler directement, où croient dur comme fer qu'avec des vêtements trop petits votre masse réduira… bref, le pire qui puisse arriver, c'est d'être suffisamment convaincu pour réussir à vous noyer en souriant.
la plage, donc. celle où on vous a dit de ne pas aller, et encore moins tout seul. vous explorez donc, lentement, chaque allée et chaque ruine, parsemées parfois de petites plaques commémoratives plus où moins explicites où délabrées.
d'autres sont déjà venus ici: scientifiques, religieux, jardiniers, plaisanciers… la plupart ne se sont pas aventurés bien loin, visiblement; mais avec le temps, vous finissez par avoir une idée assez précise de la géographie, et distinguer les différences entre la carte et le territoire. si seulement vous aviez la possibilité de prendre des notes, ça éviterai de devoir tout retenir. votre mémoire vous fait défaut depuis certains épisodes de colle pendant la tempête.
le plus gros problème, néanmoins, c'est que vous n'avez pas trouvé d'outil suffisamment puissant pour couper cette chaîne qui vous mord la cheville, et vous ramène systématiquement au bord de l'eau. vous décidez donc de plonger pour en avoir le coeur net : n'y aurait-il pas moyen de le fondre, ce boulet? d'autres ont bien réussi…
c'est là que vient la révélation : ce n'est pas un boulet, ce n'est ni rond ni carré… c'est un gros coffre fort rectangulaire en plomb de 400 kilos. il est énorme, il est ouvert, il est vide et rempli d'eau, et en plus il s'est échoué au fond dans le sable. ha, bon, mais alors, comment faisiez-vous pour nager, avant, avec ça? vous étiez sans nul doute un excellent nageur…

le choc initial passé, vous faites le point, et dressez quelques nouveaux plans de bataille, en mettant cette fois de côté les chorégraphies aquatiques pour vous concentrer sur l'essentiel. hum… qu'es-ce que l'essentiel, au fait? nager? couper les chaînes? se débarrasser du coffre? avoir un bateau? sourire à l'épicier? faire des bébés qui flottent?
l'esprit à la dérive, vous réalisez que vous avez besoin de conseils, surtout que la prochaine grande marée arrive.

je vous passe le nombre de plans de bateaux qu'on peut trouver dans les ruines. je vous passe les oracles vendeurs de colle, les formations scientifiques de fabricants de clous, les plaisanciers qui décrètent que si je voulais bien m'asseoir dans ce coffre et écoper l'eau, je pourrai atteindre le continent; les épiciers qui veulent à toute force vendre des outils pour ouvrir les coffres, ceux qui proposent de l'échanger contre un autre modèle plus récent recouvert de fibre de verre, et ceux qui, grâce à leur puissance spirituelle sans doute, y voient une montgolfière sponsorisée par une grande chaîne de fleuristes.

toujours est-il que le coffre, la chaîne et moi sommes toujours là. quand la marée baisse, je peux me sécher au soleil et explorer un peu les ruines. quand la marée monte, je peux me mettre debout sur la pointe des pieds sur le coffre, et essayer de continuer à respirer. quand il y a une tempête… je me demande si j'aurai encore le courage de plonger, me mettre dans le coffre et refermer la porte.

Très beau texte !

Nous allons essayer de t'aider à hôter ce boulet !
Peux tu écrires le début de cette histoire : le moment ou la vie, ou une personne ,voir toi ,te mets ce boulet ?
Admettons que ce boulet soit transparent ...qu'y a t'il à l'interrieux comme souvenirs , ou images ?

Citation :

c'est un gros coffre fort rectangulaire en plomb de 400 kilos. il est énorme, il est ouvert, il est vide et rempli d'eau, et en plus il s'est échoué au fond dans le sable. ha, bon, mais alors, comment faisiez-vous pour nager, avant, avec ça?

Dans ce gros coffre de 400 kilos, bloqué dans le sable au fond de l'océan et si lourd, qu'y a-t-il, malgré qu'il soit ouvert ? Est-ce le coffre qui est si lourd où ce qu'il contient et qui, malgré l'ouverture, ne s'en échappe pas ?
L'océan dans lequel vous nagiez si bien, que représente-t-il pour vous et à quel animal marin vous identifierez-vous ?

Citation :

vous explorez donc, lentement, chaque allée et chaque ruine, parsemées parfois de petites plaques commémoratives plus où moins explicites où délabrées.

Quelles sont ses petites plaques commémoratives délabrées que vous décrivez pendant votre exploration ?

Après cette longue métaphore, il serait bien de d'écrire, en termes réels, ce que ces phrases citées représentent pour vous

Merci Kalon; ce texte est aussi très ironique. Comme je disais, il n'y a pas de boulet. And there is no spoon.


Clair de lune; votre distanciation fait écho à la mienne, où vice-versa, mais ne partez pas trop loin SVP.

Ce coffre est bien lourd par lui-même, il représente ma famille (tu m'aurais pas posé la question, je serais encore entrain de chercher). Il est bien vide et rempli d'eau de mer, une eau noire et sombre et emplie de haine. La mienne et la leur. Et c'est bien tout ce qu'il en reste maintenant, car le contenu a été extrait et analysé et perdu il y a bien longtemps. Je ne vois d'autre moyen de refermer cette boite de pandore qu'en mettant fin à mes jours, car assassiner ces gens n'allègerai en rien ma douleur. C'est donc un poids matériel concret doublé d'… émotion(s) hautement négative(s).

Je ne m'identifie à aucun animal marin. L'océan où l'on nage ici représente dans un premier lieu la vie, simplement. Mon lien à l'eau reste par ailleurs très personnel car il s'agit à la fois d'une représentation de ma féminité, d'autre part de mon inconscient. Hautement identitaire.
Quand au ressac à la fin, il s'agit du trouble de la personnalité borderline - grandes marées et tempêtes sont dépressions et suicides.

Les mystérieuses plaques dans les ruines ne sont que souvenirs et lectures, de moi et du web, un mix intéressant, les deux intimement liés maintenant dans une lifelong quête de la vérité du pourquoi du comment. Comme disait aussi Socrate, gnōthi seautón. Sauf que ça ne suffit pas.

Trois paragraphes dans ma réponse, trois points abordés, et trois fusions remarquables - au sens étymologique du terme. C'est finalement révélateur d'un état d'esprit. Après mûre réflexion, il semblerait que ce que je gère le moins, c'est donc la 'famille'. Non pas tous les autres problèmes. J'ai déjà tenté un travail là-dessus il y a quelques années, mais même si j'ai pu faire certains deuils et pardonner aux morts, je ne suis pas capable avec les vivants (parce qu'ils continueront tant qu'ils pourront). Je ne sais pas comment faire; ce qui est sûr c'est que l'un dans l'autre ça me pourrit la vie. Une idée?