Bonjour,

Je viens d'apprendre quelque chose qui aura tôt fait de me ronger de culpabilité... Une amie que je n'ai plus vue depuis longtemps vient de me téléphoner... elle vient de m'apprendre qu'il y a trois semaines elle a tenté de se suicider par les médicaments et la section de ses poignets. Pourquoi elle m'a téléphoné moi? Pour des raisons bien simples, elle n'était pas très loin de ma chambre d'étudiante lorsque le 30 janvier 2006 je mettais moi-même un plan suicide en actes. Je pensais qu'elle n'était pas là et elle m'avouera par la suite qu'elle avait entendu des bruits ... J'en ai fort culpabilisé de ça aussi... et voilà que ça se remet sur le tapis.

Je savais qu'elle n'allait pas bien mais jamais je n'aurais penser qu'elle pourrait un jour penser à mourir, elle qui vivait à 200 à l'heure! C'est une fille à l'intelligence surdouée, elle a un potentiel énorme en elle! J'ai bien peur qu'elle ait été influencée en partie par mon parcours, elle me dit d'ailleurs qu'elle pensait à moi, que ça faisait longtemps qu'elle voulait m'appeler ... Pourquoi elle l'a pas fait avant? Grrrrrrrrrrr ! Elle continue à avoir des pensées suicidaires. Fait chier, pourquoi elle m'a pas appelé avant??

Il y a quelque chose de positif tout de même (!!!) elle m'a demandé "comment as-tu fait pour te relever?" "Qu'est-ce qui a changé?" "Quel a été le déclic?" Toutes ces questions signent une envie de s'en sortir, élément primordial pour sortir la tête hors de l'eau. Heureusement, j'ai pu lui répondre avec beaucoup d'espoir, parce qu'il est vrai que je me suis sortie de cette spirale infernale. Elle traverse la même période que moi et j'espère qu'elle pourra suivre la même voie!! J'ai peur d'être maladroite, je ne sais pas quelle mesure d'aide je dois lui apporter... Je sais combien il est important de cultiver les forces de l'autre plutôt que le porter ! Mais le faire en pratique c'est une autre paire de manches!

Elle est suivie par un psychologue mais elle a cette fâcheuse tendance à se fuir elle-même, à dévier les réponses aux questions, elle a l'intelligence pour le faire en bernant l'interlocuteur, mais c'est surtout elle qu'elle berne! Elle continue à rester dans cette chambre où s'est passé son suicide, c'est fou, on dirait que cet endroit est maudit! Elle m'a demandé aussi "Comment as-tu fait pour continuer à rester dans cette chambre?" du sang était d'ailleurs toujours sur les rideaux ... Je lui ai répondu qu'il fallait cliver ce qu'il s'est passé dans cette chambre mais que si elle en a la possibilité, qu'elle quitte cet endroit au maximum... Je lui ai aussi conseillé de s'investir à fond dans ses examens car ça permet de déconnecter. Elle m'a demandé de venir à la maison et bien sûr qu'elle peut ! Elle viendra mardi soir elle m'a dit car elle a un exposé à présenter demain, j'espère qu'elle ne fera pas de bétises, je me dis qu'elle n'en fera pas sinon elle m'aurait pas appelée.

Je vais bien dormir moi avec tout ça ... pas mal de problèmes qui s'accumulent, c'est chaud la life ! Faut que j'assure mes examens aussi, la galère, si le temps que je dispose pouvait se multiplier!

Elle a deux ans de moins que moi et prenait l'habitude quand nous étions dans la même résidence de venir dans ma chambre pour parler. Elle est en quatrième année de fac de droit à l'université mais cette voie ne lui convient pas. Elle ne m'a jamais vraiment parlé de ses parents et c'est là que se trouve la source de son mal-être, elle voulait pas m'en parler au tel, j'espère qu'elle y parviendra mardi soir ... mais au moins elle me dit qu'elle en parle avec son psy. Je lui ai conseillé d'écrire, et j'espère que je suis parvenue à lui transmettre l'espoir qu'un jour ça change pour elle, car je suis convaincue qu'on garde la possibilité de renaître avec cicatrices même si on a subi les pires atrocités!!! J'espère que ses parents n'ont pas abusé sexuellement d'elle !! Je m'attends à tout car cette fille n'est pas le genre à baisser les bras pour de petits soucis. Fait chier! Elle peut pas s'en aller c'est du gâchis!

Pour commencer, tu n,as pas à te sentir coupable. Je crois qu'étant une binne amie pour elle au temps où vous étiez dans la même résidence; elle aurait voulu certes rester en contact avec toi mais elle n,a rien fait à ce moment là pour te le signifier. Je crois que si elle est revenue vers toi ce n'est pas pour te culpabiliser mais pour chercher l,aide dont elle a besoin sachant que toi tu es aussi pasé par lè où elle passe. Comme auparavant, elle cherche encore ton soutien.

Comment la soutenir Tu le sais, tu as d'ailleurs très bien commencé.
L'écouter surtout, la laisser exprimer ce qu'elle ressent et l'accueillir dans ce qu'elle ressent sans trop forcer les choses; il faut que sa douleur sorte d'elle-même.
Lui montrer le côté positif des choses et l'encourager dans ce qu'elle entreprend.
Être simplement son amie, elle a besoin en ce moment d'un lien affectif et se fier à quelqu'un de confiance. Pas facile en effet de se dévoiler, de se mettre à nu; il faut vraiment qu'elle ait confiance...

Pour commencer, c'est surtout cela dont elle a besoin...

J'espère que ses parents n'ont pas abusé sexuellement d'elle !! Je m'attends à tout car cette fille n'est pas le genre à baisser les bras pour de petits soucis. Fait chier! Elle peut pas s'en aller c'est du gâchis!

N'anticipe pas, sois prévenante certes si elle te dévoile certaines choses mais ne pense rien d,'avance à ce qui pourrait être sans savoir... tu verras le moment opportun ce qu'il faut faire ou dire.

Et surtout, ne prend pas tout sur tes épaules, ramène-la toujours à elle-même et à ses responsabilités qui peuvent lui sembler être lourdes en ce mioment mais c'est elle avec de l'aide bien sûr, qui doit se prendre en main...

Merci pour ta réponse Mimi.

J'ai pris de ces nouvelles tantôt, mais ce n'est qu'au troisième coup de tel qu'elle a décroché, l'angoisse ! Elle semblait avoir repris du poil de la bête car elle a réussi son exposé oral et était en route pour aller chez sa tante. Demain elle rentre dans un monastère pour changer de lieu et pouvoir se concentrer sur ses examens. C'est super positif tout ça donc je suis rassurée.

En effet cela semble positif, on dirait qu'elle se prend en main tout de même...

Je donne quelques nouvelles, car je trouve que c'est intéressant de connaître l'après d'une personne suicidaire.

Pendant près d'un mois, je n'ai pas repris de ses nouvelles par crainte d'avoir une mauvaise nouvelle, j'ai fait preuve d'égoïsme en privilégiant mes études et cela parce que je sais qu'au final je suis bien peu de choses pour elle. Dès la fin de mon dernier examen, je lui ai téléphoné et l'on s'est vues le lendemain. Elle m'expliquera les raisons de son mal-être et m'avouera qu'elle a tenté une seconde fois de mourir. Elle me dira que cette journée à parler lui a fait beaucoup de bien mais je ne crois qu'à demi ce qu'elle me dit pensant qu'elle cherche surtout à me rassurer. Avant de partir en vacances je lui ai dit qu'elle ne devait pas hésiter à m'interpeler si ça ne va pas. Dès vendredi, je lui téléphone car j'aurai davantage de temps. J'ai des places gratuites pour une sortie alors j'espère qu'elle acceptera pour samedi soir. Je fais pour elle ce que j'aurais aimé que l'on fasse pour moi, une sorte de fidélité de lien même s'il est "sporadique", juste savoir que quelque part quelqu'un ne m'oublie pas, je pense que c'est cela le plus important, non pas de porter le fardeau. Ca me coute très peu de faire cela, plus jeune j'aurais essayer de tout résoudre en donnant trop de conseils, trop de morale, je le fais beaucoup moins à présent car je sais que c'est l'autre qui doit trouver ses solutions. Je lui ai simplement conseillé de parler à plusieurs personnes et non pas à une seule personne sous peine de ressentir ce terrible sentiment d'abandon parce que le poids sur les épaules d'une seule personne est trop lourd. Elle est profondément blessée par un abandon mais je suis intimement persuadée qu'avec le temps son amie reviendra vers elle, que pour le moment son amie a besoin de prendre de la distance car ce qu'elle lui a confié sur la violence qu'elle a subie dans son enfance, ses crises d'angoisse sont difficiles à porter pour une seule personne. J'ai eu à vivre la même chose et je n'ai pas compris tout de suite pourquoi, j'ai plutôt ressenti le rejet, l'incompréhension alors que la réalité est que j'ai largué trop d'amarre à une seule personne avec qui j'avais un lien affectif.

Elle est suivie par un psy et elle a eu un rendez-vous avec son père et ça s'est bien passé, j'espère que ça a continué sur cette lancée

Excellentes nouvelles :-)

Je l'ai revu tantôt, elle a repris du poids, prends soin de son apparence, fait une thérapie familiale et la the the bonne nouvelle, elle sort avec un garçon hyper compréhensif, ça fait plus d'un an qu'ils se connaissent et quand elle parle de lui elle a des étoiles dans les yeux. J'en suis bien heureuse, c'est super :-)

Elle n'a plus d'envie suicidaire pour le moment mais mourir ne la dérangerait pas. Elle a 7 examens à repasser et elle semble super motivée, avec son intelligence elle y arrivera :-)

Il faut toujours se laisser du temps même si tout semble ne plus avoir de goût.

Contente de lire ces bonnes nouvelles, My illusion. J'espère juste que cela fonctionnera avec son petit ami. Une rupture semblerait lui faire grand mal...

En espérant que ton témoignage prouvera à certains membres dépressifs que l'on peut s'en sortir!