Bonjour,
Je viens écrire ici car je n'ai eu que deux heures de sommeil et une très grosse crise de larmes.
Je suis quelqu'un de nature très calme et de très discrète. En clair je ne me mets jamais en colère, je ne l'ai jamais fait, j'ai toujours pris la tangente. J'ai "sacrifié" ma vie pour combler les désirs de ma famille et devenir la fierté de cette famille. Je doute énormément de moi-même. J'ai l'impression que je n'ai jamais pris de décisions par moi-même, le peu de fois où j'ai tenté d'exprimer mon opinion, ma famille a tout fait pour m'en dissuader. Je me suis pliée à leurs exigences.
Mais aujourd'hui, je dois me débrouiller par moi-même. En une semaine, j'ai dû déménager à l'autre bout de la France, et commencer mon boulot de prof. En UNE semaine. Aujourd'hui, je suis en larmes à chaque fin d'heure de cours. Il ne se passe pas une minute sans que j'ai envie de pleurer : en récré, au supermarché, en voiture.
J'ai complètement perdu pied avec les ados de 14 ans. Le fait est que je n'ai pas de mètre étalon pour juger si ce qu'ils me disent relève du manque de respect ou pas. J'ai le profil petite fille modèle première de la classe : je me suis toujours fait pourrir par les autres. Et je n'ai jamais répliqué, et personne ne l'a jamais vu. Mes collègues ont beau me dire : il faut que tu t'impose, je n'y arrive pas. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je suis dans l'incapacité de juger de la gravité de l'acte. Mes élèves bavardent, me remettent en cause constamment (ce qui fait que je doute encore plus) et me disent que je ne suis pas assez sévère. Et maintenant j'ai peur que les parents me fassent des remarques et me prennent en porte-à-faux devant mes collègues ou en rdv personnel. On me dit : il faut que tu frappes un grand coup, etc. Mais j'ai beau frapper, mon naturel revient au galop et je sens qu'on ne me prend pas au sérieux.
Le fait est que je n'ai reçu aucune formation. Fraîchement sortie de la fac et jetée dans la cage aux lions... Les lions m'ont bouffée...
Je suis débordée, je n'ai même plus une minute pour moi. Je dois préparer mes cours la veille pour le lendemain, je ne sors plus, je ne regarde plus la télé (je la mets juste en fond sonore) c'est à peine si je prends le temps de regarder mes mails. Et je ne veux plus parler à personne de peur de fondre en larmes et de m'entendre dire (ce que j'ai déjà entendu la semaine dernière) : Ah non ! Tu vas pas te remettre à pleurer ! Vous imaginez pas à quel point ça fait mal. Les gens - même ma propre famille - s'arrête sur la première impression que je donne de moi : quelqu'un d'assurée, de mature, qui peut se débrouiller; ils ne vont jamais plus loin et ne voient pas qu'en fait dès qu'il y a un petit problème quelque part, il grippe ma machine.
J'ai quand même l'impression qu'on essaye de me soutenir, mais je me suis écrasée et je m'enfonce dans le sol. Les gens ont autre chose à faire que de se pencher sur mon cas et de se dire : là elle a un problème, on va prendre du temps pour en parler. Non, je n'ai droit qu'à 5minutes ici ou là. Et je suis à fleur de peau : il suffit qu'un chat ne longe pas un mur comme je le prévoyait pour fondre en larmes (j'ai vécu ça hier). Je n'ai plus la force d'avoir des pensées positives. Je n'ai plus la force de rire ou de sourire. Pourtant, il va falloir que je souris à cette bande de ... parce qu'il faut garder la face.
J'ai pris rdv avec un psy, mais c'est dans 3 semaines, il faut que je tienne jusque là, sinon je vais faire un burn-out.
Il me reste quatre heure à patienter avant de partir au boulot...