Bonjour,


Je cherche un conseil au sujet des consequences du harcelement conjugal.

J'ai rencontre mon mari en Novembre 2002 trois mois a peine apres le deces de mon partenaire (fin juillet 2002).
Contre toute logique, la relation a ete immediatement passionnee et notre engagement mutuel tres tres rapide malgre les circonstances. Mon mari a toujours ressenti des difficultes a accepter sa position par rapport a mon partenaire recemment decede... la raison principale etant que cette relation passee etait fusionnelle, transcendente, que nous etions incommensurablement amoureux avions des projets a longs terme.... cette relation n'aura dure que 6mois car mon Partenaire est decede de complications operatoires.

Les premiers mois avec mon mari etaient parfaits sur le plan sexuel (toujours curieusement et quelque peu perturbant par rapport a mon passe recent). Nous parlions d'avoir des enfants (dans le futur proche) mais avions recours au preservatif; malgre ce, j'etais encinte en fevrier 2003, 3mois apres notre rencontre. Nous etions fous de bonheur, submerges par les emotions ... les miennes etaient indescriptibles car je n'avais pas encore fait le deuil de ma precedente relation mais ne voulais perdre aucune miette de bonheur a vivre sachant a quel point il est precieux et fragile... J'avais decide de survivre au deces de mon partenaire, c'etait pour vivre sans faux-semblants.

Nos relations sexuelles ont commencees a se deteriorer lors de ma grossesse, 3mois d'intenses nausees, j'etais tres fatiguee, je souffrais souvent du bas ventre et n'avais donc par consequent que peu d'envie pour des relations passionnelles et repetitives mais au contraire besoin de douceur et de reconfort (n'excluant pas la sexualite mais l'adaptant a la situation). Mon mari etait tres demandeur, plusieurs relations sexuelles par jour etant "sa normalite", je m'epuisais et sa frustration commencat a grandir. Mes demandes de temperer ses elans le rendaient "fou" d'incomprehension, lui donnant le sentiment d'etre rejete, le renvoyant a l'amour que je portais a mon partenaire decede... situation penible car je portais l'enfant que nous desirions plus que tout et que je ne pouvais rien contre la fatigue et les douleurs ressenties liees a la grossesse ni au fait que mon partenaire etait decede l'annee precedente.

Graduellement mon Mari (appelons le Paul), Paul a commence a pratiquer la masturbation devant moi, chose que je trouvais parfaitement inappropriee et (honnetement) tout a fait vulgaire. Il se masturbait une a plusieurs fois par jour devant moi alors meme que nous avions encore des relations sexuelles quotidiennes (surement pas assez frivoles a son gout). Mon gout pour la sexualite et mon absence de tabou en la maitiere (restons dans le quant a soi, pas de perversions j'entends, mais juste une sexualite tres liberee et assez passionnee) etait largement partages par Paul mais je le rejoignais de moins en moins sur ce plan.

Ma premiere grossesse, a 32ans, avait ete un evenement grandement attendu ou tout etait a decouvrir et ou je me devais de mettre l'enfant dans les meilleures conditions de developpement intra-uterin, mon attention etait deja toute maternelle et je revais de la comprehension de Paul.
Paul etait tout aussi heureux et attentif a nos besoins (l'enfant et moi) mais souffrait de mes fatigues et de mon manque d'appetit au plan passionnel du terme). Pour moi j'avais trouve le mari le plus aimant et le plus attentionne qui soit, j'etais tres amoureuse et me disais qu'apres la naissance tout ca ne serait qu'un mauvais souvenir.... donc patience et vertue!

fin 2003. Notre premier enfant est nee, l'accouchement (a l'etranger) fut tres long et difficile, avec des dechirures tres importantes et des lesions de la paroie vaginale... Paul n'avait aucune patience et les relations physiques durent reprendre immediatement. Les douleurs etaient vives, les plaies internes et externes ne cicatrisaient jamais, mais malgre mon inconfort il continuait. J'etais toujours partagee entre le fait de lui refuser et le sentiment de le frustrer de ce, qui, selon ses mots, etait vital pour lui... entendez la plusieurs relations sexuelles nourries/jour. Je m'epuisais, je souffrais, j'etais blessee et humiliee de le voir si impermeable a mon etat et si "ridiculement" accro de s(c)es besoins charnels... mon attrait pour lui a commence a en souffrir et ma Libido s'est graduellement deterioree.

Notre petite fille etait au sein toute la journee, l'allaitement me fatiguait, je souffrais du harcelement de la part de mon mari. Il me reveillait sans cesse la nuit, ne me laissait aucun repis, ni pour penser les plaies phyisiques, ni pour penser les plaies psychiques (deces/ accouchement difficile...). De cela est ne un debut de rancoeur a son egar, son incomprehension totale et son manque d'egar a mon endroit me glacaient, mais je l'aimais, il etait certain que nous trouverions une solution a cela, ce n'etait qu'une question de temps...

Notre deuxieme enfant est arrivee tres vite, immensement desiree elle aussi, j'etais folle de bonheur, Paul aussi. Mais le couple souffrait de plus en plus. Paul etait infatiguable, demandait toujours plus, introduisait des accessoires dans notre intimite, pratiquait sur moi a des attouchements alors que je dormais, me reveillait sans cesse.... se masturbait devant moi toujours que plus.... cela m'etait intolerable. J'etais au bord de l'epuisement, de l'ecoeurement, je ne voulais qu'une chose, une nuit de repos!!!

debut 2005, mon deuxieme accouchement (toujours a l'etranger) s'est bien passe. Je n'ai pas pris ne serait ce qu'une journee d'arret de travail, j'etais au bout du rouleau. Paul etait absent toutes les semaines, j'etais seule avec mes deux filles, nous avions beaucoup de travail.
Je travaillais alors depuis la maison pour m'occuper en meme temps des filles et lorsque Paul revenait le wkd, les harcelements incessants reprenaient pour une intimite de moins en moins desiree par moi; pour etre franche tout me revulsait, Paul me forcait sans arret, il n'y avait plus aucune reciprocite. La situation est devenue intolerable... il me penetrait sans que je le veuille, me touchait sans cesse des que nous rentrions dans le lit, ne me laissait aucun repis, ne me laissait jamais l'occasion de le desirer, je ne supportais plus son contact, je revais qu'il s'endorme et qu'on en finisse, mais il se reveillait, et me reveillait et les seances reprenaient, suivies generalement de pleurs comme un mauvais film repasse des centaines de fois, jusqu'au degout. Le moment du coucher me terrorisait, j'ai fini par craindre nos moments d'intimite, j'ai eu fait de veritables crises de nerfs la nuit quand cela devenait insupportable. Sa recherche d'intimite a tout pris a genere une peur de nos moments a deux, je me suis, je pense, peu a peu refugiee dans le sommeil...

fin 2007 Nous utilisions les preservatifs pour contraception, (je ne peux prendre la pilule) mais ceux ci me heurtaient car je n'ai jamais gueri les plaies du premier accouchement... un jour ce qui devait arriver arriva, je suis tombee enceinte... Impossible dans ces conditions de garder un troisieme enfant, je ne voyais pas comment nous survivrions a une nouvelle grossesse, Paul non plus... Avortement du troisieme enfant (3em enfant que je revais d'avoir dans des circonstances plus romantiques!).
L'Indonesie, notre pays de residence, n'a pas de vaccin anti rhesus, je suis A negatif, je sais qu'en pratiquant cet avortement je condamne toute chance d'avoir un troisieme enfant un jour. Je dois accepter le fait que jamais je n'aurai ce troisieme enfant pourtant desire (si les conditions avaient ete reunies)... que jamais je ne serai plus Maman... (je me reconnais chanceuse de l'etre deja par deux fois, d'autres n'ont pas cette chance, mais bon, c'etait aussi un autre deuil a faire pour moi).

Mars 2008 Paul part faire une vasectomie en Thailande, preuve evidente de sa bonne volonte a trouver des solutions. Punition inconsciente ou facon d'assumer lui aussi les consequences physiques et psychiques de mon avortement? Cette operation a ete faite dans le but de n'avoir plus recours aux contraceptifs et liberer ainsi une (autre) part de notre sexualite... pas folle la guepe!

A ce moment de ma vie, ma libido etait reduite a neant depuis des mois. Mon amour pour Paul etait considerablement erode par cette traque infernale. Je lui ai demande de consulter un sexologue lors d'un de nos retours en France, persuadee que rien n'etait normal dans tout ca ... nous avions parle du probleme des jours et surtout des nuits entieres sans pouvoir y remedier seuls. Plus le temps passait plus Paul avait des envies de sex-toys et de sexualite libertine, plus je me fermais a lui, plus nous avions de nuits blanches, plus j'etais fatiguee et vide, moins j'avais d'enthousiasme sexuel, plus je m'endormais tot le soir... une fatigue chronique et une immense lassitude se sont finalement installees ou mon heure de coucher et d'endormissement instantanee est devenue celle des filles, vers 20h (je tenais parfois peniblement jusqu'a cette heure la), ce qui laissait mon mari dans le plus grand desarroi, "peine, frustre, incompris, abandonne, seul, mal aime" (etc...).
Note... Paul avait pris alors 15kg depuis notre rencontre, il etait egalement beaucoup moins attractif physiquement que lorsque nous nous sommes rencontres.

Paul n'a pas d'amis ni de famille ici avec qui partager son temps de libre, il n'aime pas sortir pour "aller au bar"; il est tres sportif mais des soucis de sante l'empechent de pratiquer (autre source d'intense frustration et de "report d'energie a depenser sur moi") il est aimant, attentionne, et se suffirait tres bien de ma seule presence d'autant + si je retrouvais la passion charnelle qui existait aux premices de notre relation; en fait il n'a jamais assez de moi, sous quelle forme que ce soit... ce qui m'irait tres bien si cela avait ete dans un plus grand RESPECT DE MON INTIMITE ET DE MES RYTHMES BIOLOGIQUES (sic...)

debut Avril 2008 operation de Paul en France (hernie discale - la 2eme)
fin Mai 2008 Le jour est finalement venu ou je suis allee consulter un sexologue (la premiere). A mon retour, Paul etait livide, il avait une revelation a me faire, une revelation qui peut-etre allait provoquer mon depart (!??!)... et la, le grand choc, Paul me revelat avoir eu des relations incestueuses avec sa soeur depuis sa naissance jusqu'a l'age de 18ans... sans penetration a-til ajoute.... je me suis videe de mon sang en une seconde, je me souviens d'avoir crie: "promets moi que tu n'as pas touche les filles, promets moi que tu ne les toucheras jamais, je ne te le pardonnerais pas, je ne le supporterais pas!!!".. Il m'a demande d'essayer de le comprendre et de le pardonner.

S'en sont suivies d'autres nuits sans sommeil, de nombreuses nuits sans sommeil.... L'inceste m'a toujours enormenent emut et touchee; j'y suis profondement sensibilisee (mon oncle a tente a plusieurs reprises d'avoir des relations avec moi qd j'avais 12/13ans, avec tact certe et sans agression aucune, mais bon...) et n'aurais jamais envisage une chose pareille... 18ans d'inceste, comment "effacer" cela???

Nous avons donc parle de cet inceste avec les parents et la soeur de Paul... parents qui ne se sont jamais appercus de rien pendant ces 18annees (??!!). Parents a qui la soeur de Paul a revele l'inceste alors qu'elle avait 18ans mais qui n'ont pris aucune action pour faire suivre psychologiquement leurs enfants, parents qui n'ont jamais plus ensuite evoque ce fait avec leurs enfants... Parents qui adorent leurs enfants, qui ont eu Paul tres jeunes, a 18ans, parents qui ont perdu des jumeaux de 3mois, nes quand Paul avait 3ans. Parents qui ont toujours aime leurs enfants mais ne savent pas demontrer d'affection pour en avoir peu recu eux memes dans leurs enfances respectives... Parents aujourd'hui qui se sentent coupables de n'avoir rien fait et qui font tout pour aider la soeur de Paul (appelons la Lea).

Sur ce, comme si cette revelation en soit n'etait pas deja assez difficile a "digerer", Paul m'affirme etre certain d'avoir ete victime de relations sexuelles avec son oncle (plus age d'une petite dizaine d'annees) lorsqu'il etait petit. Il ne se souvient que de peu de choses mais a des souvenirs d'odeurs, de cambouis, de graisse, de molestation, il en est sur mais n'en n'a jamais parle a personne.
Tout est lie pour lui, a son manque affectif avec sa mere dont son seul souvenir de tendresse est qu'elle lui passait la main dans les cheveux (chose qu'il affectionne encore enormement et le repose instantanement), la mort des jumeaux, le report affectif sur sa soeur, le report affectif sur moi etc... Il parle alors a son oncle, avec qui, au demeurant, il a de tres bonnes relations, son oncle dit ne se rappeler de rien.

La sexologue que je vois alors est assez alarmee par la situation, elle vient rencontrer Paul qui ne peut sortir de la maison apres son operation. Elle lui conseille d'etre suivi par un sexologue; le rassure en lui expliquant qu'il n'est pas un cas isole mais que sa sexualite a quelque chose de pathologique qu'il faudrait suivre... malheureusement nous repartons en Indonesie les semaines qui suivent et rien de tout cela n'a pu etre mis en place.

Toutes ces annees j'avais cru au temps pour jouer en notre faveur mais mon chateau s'effrite, je crains que les lesions soient plus profondes,que je ne puisse assumer cette verite que je trouve ignominieuse. Paul me touche et je pense a Paul touchant sa soeur petite, puis plus grande, je ne peux m'empecher de rapprocher nos infortunes, comment le besoin de chair de cet homme nous humilie. Il dit que Lea etait consentente, mais quel choix avait elle, elle n'a connut que ce mode de communication et d'attouchement de la part de son frere depuis qu'elle est nee???
Paul dit aussi qu'apres un moment quand il me touche , je fini par me detendre et finalement il arrive a me donner du plaisir.. sait il seulement aux prix de quels efforts d'abnegation sont ces plaisirs, SES plaisirs, que je ne desirent pas avoir? Bis repetita??? Lea trouvait peut etre elle aussi du reconfort dans l'affection que lui prodiguait Paul faute d'en recevoir de ses propres parents. Quant a moi je m'imposais d'accepter pour faire cesser la traque, me persuadant qu'il etait somme toute normal de lui faire plaisir, qu'il se sentait sans doute frustre du temps passe avec mes enfants, temps non imparti au couple.... mais NON JE NE SUIS PAS D'ACCORD, nos enfants ne nous volent pas du temps, c'est le plus beau complement d'un vie que de former une famille, la plus belles des consecrations, ne pouvons nous pas laisser ces moments de bonheur glisser et nous immerger, les vivre pleinement sans qu'ils ne remplacent ou amputent quoique ce soit aux relations de couples? Laisser chaque chose se mettre en place, rencontre, union, grossesse, naissance, re-union... tout n'est qu'une histoire de laisser le temps au temps!

2008-2009 Les consequences de tout cela sont extrement perverses. Il s'avere que la soeur de Paul est en pleine psychanalise et soudainement tout ce qu'elle a vecu explose en elle. Sa psy lui conseille d'entamer une procedure juridique contre Paul, qui, nous apprend Lea par email (...), est condamnable aux yeux de la loi meme 20ans apres l'arret des actes incestueux.
Lea refuse cette option que la psy qualifie d'imperative pour sa reconstruction (ce que je comprends). Une solution alternative lui est proposee, il faut que Lea coupe tout contact avec son frere aussi bien verbaux, ecrits que physiques, qu'elle le raye de son agenda etc etc... jusqu'a nouvel ordre.. Nous habitons en indonesie, cela facilite la tache, mais la famille entiere doit en subir les consequences. Paul, avant sa revelation sur son inceste avait toujours mis sa soeur sur un pied d'estal et parle d'elle comme la plus parfaite des mamans etc (??), aujourd'hui il n'en parle plus. Il a mal de son eloignement, de ses dechirements et doit faire sans elle (...)

fin 2009 nous essayons de voir une psy (anglaise) qui nous suggere des methodes de massages mutuels pour retrouver du desir, nous essayons mais c'est la catastrophe, je suis a nouveau en situation de faire et recevoir ce dont je n'ai pas envie (sic). De plus nous nous sommes toujours beaucoup masses et ce n'est pas la le probleme... Paul est encore + excite et frustre, moi ca me fait partir en courant! Nous avons immediatement arrete.
Elle mentionne toutefois, non sans interet, que je dois d'abord PARDONNER a Paul avant de penser avancer dans cette relation a nouveau... Je reflechis depuis a cela, c'est presque l'objectif principal de ma retraite de ce wkd: ai je pardonne ces annees, ces centaines de nuits outagees, ces privations de sommeil, ce manque de dicernement a un moment ou je voulais tout simplement vivre pleinement une etape de la vie d'une femme qui ne se reproduit que quelques fois dans sa vie entiere, etait ce trop demander que de m'accorder ce repis de l'ame et du corps pour fusionner avec l'enfant qui grandissait en moi? Etait ce trop demander que de ne pas attendre de moi d'etre une sex-symbol en plein deuil d'un amour abime et la grossesse nee d'un amour si recent??? Comment cet homme que j'aimais, intelligent, si sensible, si doux et aimant pouvait etre a l'origine de si peu de comprehension??? PUIS-JE PARDONNER le mal qui est fait et le manque de consideration? PUIS JE ACCEPTER SON PASSE ET NE PAS Y VOIR L'ORIGINE DE NOS MAUX?

Mars 2010 notre visite en France terrorise litteralement la soeur de Paul, elle ne sait pas comment gerer la presence annoncee de son frere dans le paysage familial; rien ne va plus. Elle nous demande de ne pas venir voir nos neveux et nieces, que les enfants ne se voient pas etc etc... a force de mails et de patience, j'arrive a la convaincre de me voir et de ne pas separer les enfants qui, a mon sens, ne doivent absolument pas souffir de cette situation vecue par les adultes. Les 5cousins se voient finalement a peu pres normalement, mais Paul ne verra pas Lea. La situation familiale est tres tendue, les repas de famille une reelle complication, nous avons presque hate de partir.

Et nous dans tout ca? Et bien je suis vide. Libido disparue, evanouie depuis des annees. Mon amour pour Paul? Je ne sais plus l'analyser, je l'ai trop fait sans doute. Je ne lui reconnais aucun crime si ce n'est celui d'avoir impose ses besoins inlassablement ET SANS DISCERNEMENT INTELLECTUEL NI AFFECTIF.

Avec les annees, depuis mon avortement suivi de sa vasectomie, Paul a compris ses erreurs; il fait tout pour changer. Il ne se masturbe plus devant moi depuis deja longtemps; il me laisse enfin dormir, il ne me force plus, il a perdu 10kilos ... mais alors?
Et bien je pourrais entretenir cette relation platonique pendant des mois pour me restructurer. Je me sens vide, cassee, en mille morceaux. Mon amour pour Paul s'est transforme en "companion-ship". Nous vivons tres bien ensemble, nous n'aurions absolument aucun probleme sans celui de la sexualite... mais il ne le supporte pas, pas plus que je ne l'accepte d'ailleur.

J'ai 39ans, il en a 40, nos filles ont 5 et 6ans, nous devrions etre a l'apogee de notre sexualite. Sexualite qui etait tres prometteuse et epanouie avant ma premiere grossesse. Je me sens dans une impasse, je n'ai pas envie de le quitter, de briser ma famille. cet etat vegetatif nous est insupportable a l'un comme a l'autre. Je ne me sens plus amoureuse, je ne ris plus avec lui depuis des annees, je fuis toujours nos moments a deux car je sais que pour lui cela signifie de passer une grande partie de ce temps a faire l'amour, ce dont je n'ai jamais envie. Je me force toujours a lui faire plaisir au moins une a deux fois par semaine (au mieux...)mais comme il me le rappelle, pour lui ca serait plusieurs fois par jour et "la qualite" n'est pas la... je le reconnais avec grd regret, je ne suis plus la depuis longtemps...
Je suis devenue triste et sombre alors que mon naturel est festif et enthousiaste. J'ai perdu tout interet pour l'ecriture, que j'affectionne particulierement (c'est ma premiere lettre depuis des annees). J'adore regarder des films, aller voir des expos etc, mais le soir DOIT lui etre consacre... alors je me suis refugiee dans le sommeil, pour le fuir, quelle tristesse!!!!!!!!! C'est deplorable. Paul est jaloux, a peur de me perdre tout le temps, ne supporte pas de se separer de moi, m'a un jour avoue (et repete depuis) qu'il n'envisage aucune suite si je devais partir ou si je mourrais, le suicide est la seule chose qui lui resterait (avec 2 enfants c'est charmant!).

Nous travaillons ensemble, vivons ensemble, marchons ensemble, cuisinons ensemble, faisons souvent les courses ensemble, dormons ensemble, je reve de moments differents ou nous parlerions de choses vecues separemment mais cette seule idee fait naitre en lui une insecurite, la peur de me perdre. Il doit etre victime d'un grd manque de confiance en lui (et en moi) et d'un manque affectif violent dans sa petite enfance... oui mais quelle est ma place dans tout ca en tant qu'individu, femme, maman, amie?

Je suis au bord de la rupture psychologiquement parlant. J'ai un vide immense. Avant de connaitre Paul j'avais toujours beaucoup d'amis, de connaissances, une vie sociale tres riche, le telephone sonnait sans arret. Plus rien de tout ca n'est vrai. Nous avons demenage apres notre rencontre et tout s'est arrete de tourner autrement qu'autour de nous deux, puis nous trois, puis nous quatre. Nos connaissances sont aujourd'hui les parents d'eleves, personnes avec lesquelles pour certaines nous avons des affinites mais jamais de veritable amitie ne s'est nouee (ce qui biensur n'est en aucun cas sa faute, simple etat de fait). Je suis expatriee depuis 11ans, Paul en me rencontrant ici a decide de vivre avec moi, cela fera 8ans. Il reve de rentrer en france, moi pas ... seul autre point noir a notre tableau deja passablement brouille...

Ce week-end je suis pour la premiere fois VRAIMENT seule (sans mari ni enfant) en 6ans, j'ai pris deux nuits et deux jours pour me recentrer et pouvoir penser a tout ca SANS AUTRE influence que la mienne. Paul le vit tres mal, il ne peut s'empecher de m'envoyer sms, email, m'appeler, il me dit qu'il se rend compte qu'il ne devrait pas mais que c'est plus fort que lui.... A ma reaction je sens que mon amour est profondemment atteint, je ne ressens rien. Cette solitude m'est devenue vitale, je l'apprecie et ne voudrais pas qu'elle s'arrete! J'en ai profite pour devorer 2bouquins et renouer avec des amis par email que je n'avais pas contactes depuis des annees.... J'ai mange au resto avec un bouquin, suis allee voir des musiciens, ai passe une partie de la nuit a faire des recherches sur Internet, je n'ai pas d'angoisse si ce n'est que Paul s'est mis a chatter avec moi pdt 2h dans la nuit, m'a telephone xx fois., m'a envoye des sms .... Je lui ai demande d'arreter aujourd'hui mais ca lui fait mal... pas moi!

Ce WKD n'a ete rendu possible que parce-que nous avons fait garder les filles ... je dois avouer que depuis la revelation de cet inceste j'ai constamment peur pour mes enfants; j'ai du en faire part honnetement et ouvertement a Paul ce wkd... ca le terrasse mais il comprend...

Personne n'est au courant de tout ca a part les parents de Paul et Lea. Je n'en ai jamais parle a notre entourage ni a ma famille.
Desolee mais Quelle MERDE!
Que faire de tout ca?
Isabelle

Bonjour Isabelle.

Le cas de ton mari, en tant qu'harceleur de sa propre femme, est fréquent. Il s'agit pour lui d'une dépendance au sexe. Ce harcèlement a commme tu l'expliques très bien eu raison de tes envies sexuelles, voire de ton amour pour cet être obsessionnel et invasif.

Tu as d'abord cédé par amour et par compassion. Mais aujourd'hui ton élan de vie t'empêche de continuer dans cette voie surtout que tu as appris de surcroît qu'il avait été incestueux dans son passé.

Je comprends ton malaise et ton envie de te retrouver, libre de toute pression.

Ton petit week end avec toi même a sans doute un goût de paradis perdu. Le plus merveilleux dans ton histoire c'est que tu arrives à faire la part des choses et à apprécier la vie malgré tout, c'est que tu sâches encore profiter de l'instant présent. Félicitations. Il n'a finalement pas réussi à t'user ni à détruire ton individualité.

Pour autant il temps pour toi de permettre davantage à ton essence première d'être elle-même. Donc il te faut retrouver le droit d'être seule, de sortir, de jouir de la vie.
Il te suffit de t'écouter pour comprendre que sa pathologie n'est pas la tienne et n'a plus à entrer dans ton intimité ni dans ta vie. Laisse le prendre ses responsabilités, sans porter son fardeau, tu l'as fait suffisamment.

Autorise toi cette liberté qui t'a tant manquée. Dès que tu penses à ces problèmes, chasse les de ta pensée. N'essaie pas de revenir en arrière, le passé est révolu, il ne peut revenir. Tu sauras maintenant et pour toujours ce qu'il est vraiment, cela ne t'empêche pas d'y être attaché car vous avez aussi vécu de bons moments, mais cela t'empêche de l'aimer comme au début, et c'est bien naturel.

Je crois vraiment que tu dois à présent faire ce que tu aimes, fréquenter qui tu veux et faire une belle pause. Explique lui calmement, il est intelligent, il comprendra, c'est d'ailleurs ce qui lui fait peur actuellement cette indépendance que tu retrouves peu à peu. Cela ira à l'encontre de son besoin de fusion, mais tu ne peux plus le porter, il est devenu trop lourd.

Reprends l'écriture, cette activité te va si bien.

Bonjour Ariane,


Quel bonheur de te lire (et je pese mes mots).. Je n'osais pas croire que quelqu'un prendrait assez de temps pour aller au bout de cette longue lettre, qui somme toute etait mienne plus que tout autre... un grand etalage, un constat, une grand HELP adresse a moi meme... Que mon ebauche de conclusion rejoint ton email et tes conseils!
Paul vient de m'adresser un mail, le second depuis hier, il est desempare et fou de peur a l'idee de me perdre. Il se dit pret a tout pour ne pas aller au crash.
Je n'ai aucun envie d'un crash, d'ailleur ne sommes nous pas deja par terre, le nez dans notre boue? Que faire d'autre que de se relever, s'en laver et repartir?

Tu as raison, il me faut des activites personnelles et retrouver cette independance perdue.

Ce que je ne sais pas comment recuperer est le confort que me procuraient des bras rassurants qu'etaient ceux de mon Mari. Depuis des annees, ils n'ont plus rien de rassurant, meme si c'est un homme profondemment gentil et amoureux, beaucoup plus attentionne que la grande majorite des hommes de notre entourage. Le passe est derriere nous et je remercie Paul de m'avoir fait confiance en me le livrant. Il savait que les consequences seraient inevitablement importantes.
Tu te rends compte, il a porte ce poids, ce fardeau pendant 39ans sans jamais le livrer a personne!

Bon et toi Arianne, que me vaut le plaisir de t'avoir rencontree? Il y t il quelque chose dont tu aies envie de debattre?

Merci encore,
Isabelle

Je suis sur ce forum pour aider les autes avant tout. La psychologie est mon domaine.
Je prends également plaisir à rencontrer virtuellement certaines personnes, certaines individualités hors pair, qui traînent par ici. Certains échanges sont source de joie et d'émotion, de questionnement sur la nature humaine, de chute aussi dans les entrailles de l'humain.

Les fameux bras rassurants qui t'enlaçaient sont toujours présents mais ce ne sont plus les siens, ce sont les tiens, ceux de tes enfants aussi, ceux de tous les êtres qui t'apportent chaleur et vibration. L'univers est immense, il y a une infinité de possibilités.

re,


Merci donc de ta presence sur ce forum!

J'ai tendance a croire que si je me retrouve, si j'accepte de ne pas toujours vouloir complaire Paul, je devrais peu a peu retrouver l'equilibre qui me "rendra" une certaine Libido... est ce utopique?

Je n'ai surtout pas envie de me consummer dans des relations extra conjugales mais vraiment, quel dommage d'avoir perdu ca! Le comble est que mon mari est objectivement un tres bon amant! Mais voila, je n'ai plus envie de lui... pire je ne peux plus le regarder en faisant l'amour. Je ferme les yeux, je ne supporte plus la lumiere dans la chambre, je ne parle plus (alors que j'adorais), bref j'ai change du tout au tout, je me suis recroquevillee, raccornie, etiolee... beurk!

Les mois, les annees passent, avec toujours l'espoir de guerison. Paul a fait tellement d'efforts pour changer que s'en est injuste de ne pas mettre fin a tout ca ... mais comment? Le sentiment amoureux va si bien a l'acte d'amour! Je n'ai jamais eu vent de qui que ce soit qui gere ce sentiment la... l'etat d'etre Amoureux.. peut-on l'etre, l'avoir ete et l'etre a nouveau d'une seule et meme personne?

Je vais te faire sourire, nous sommes, parait-il, "elus" le couple le plus amoureux par les gens de notre entourage... j'aime a croire que cette image ne soit pas une farce, un pied de nez, que tout s'apaisera. Ma vie a ete beaucoup trop tourmentee pour, a pres de 40ans, vouloir qu'elle soit autrement que delicieusement stable et sans nuages... mais c'est la Vie.

Il est minuit chez moi,
Bon week-end,
Isabelle

Ariane a écrit:

Je suis sur ce forum pour aider les autes avant tout. La psychologie est mon domaine.
Je prends également plaisir à rencontrer virtuellement certaines personnes, certaines individualités hors pair, qui traînent par ici. Certains échanges sont source de joie et d'émotion, de questionnement sur la nature humaine, de chute aussi dans les entrailles de l'humain.

Les fameux bras rassurants qui t'enlaçaient sont toujours présents mais ce ne sont plus les siens, ce sont les tiens, ceux de tes enfants aussi, ceux de tous les êtres qui t'apportent chaleur et vibration. L'univers est immense, il y a une infinité de possibilités.

Bonjour Ariane

Pouvez-vous m'éclairer sur le terme que vous employez : "certaines individualités hors pair" car la locution "hors pair" désigne quelqu'un d'exceptionnel...
Ne pensez-vous pas qu'ici, tous, nous sommes exceptionnels et en tant qu'être humain, uniques ?

"Certaines" signifiant "quelques unes", que deviennent donc les autres ?

J'aime comprendre le sens des phrases...

Amicalement
Clair de lune

Bonjour Isabelle,

Oui tu m'as bien fait sourire. Le plus amoureux couple de l'année! Quelle étrangeté que l'image que l'on donne de soi aux autres.

Sinon tu dis que tu souhaites une guérison, mais tu n'es pas malade. Tu n'as plus envie, c'est tout. Il t'a tant harcelée que même s'il ne le fait plus aujourdh'ui, tu sais sans doute qu'il y pense encore tout le temps, et qu'il ne fait que se retenir pour ne pas te brusquer.
C'est cela qui te fait fuir et réagir en le repoussant.

Donc tu n'es pas malade, mais tu te demandes, car tu le souhaites vraiment, s'il est possible d'aimer à nouveau la même personne? En amour tu te doutes bien qu'il n'y a pas de règles. Mais je crois bien que la réponse est positive.

Ainsi si tu arrives à t'épanouir comme nous le disions via je ne sais quelle activité, alors ton corps retrouvera le goût du contact avec l'autre, et j'espère avec ton époux.
En attendant il te demande juste de lui faire voir autre chose, connaître d'autres sensations de pleinitude.

PS: Je ne snobe pas Clair de Lune, je lui ai répondu en message privé, car je souhaite que ton post ne dévie pas de sujet.
Bien à toi.

Bonsoir Ariane,

Citation :

Je ne snobe pas Clair de Lune, je lui ai répondu en message privé, car je souhaite que ton post ne dévie pas de sujet

J'ai bien eu ta réponse, pas de problème j'ai assimilé ton explication

Bonne fin de soirée et bonne semaine à toi

Bonjour Ariane,



Merci infiniment pour ta presence et tes conseils! J'apprecie infiniment de te lire, positive et sans jugement.

Je te reponds + longuement en message prive.

Sincerement,
Isabelle

Bonjour,


Actuellement étudiante en master 1 de psychologie à Toulouse, je dois réaliser un mémoire. Mon sujet de recherche se porte sur les adultes victimes d'inceste pendant leur enfance ou adolescence.

Pour ce faire, j'aurais besoin que des personnes acceptent de réaliser un entretien avec moi. Cela est entièrement anonyme et la personne pourra l'interrompre à tout moment si elle en a envie. Cela ne l'engage à rien et elle peut se rétracter à tout moment. Il me faut aussi son entier consentement.

C'est une étude très sérieuse et encadrée par l'université.

Les sujets qui participeront à mon étude pourront avoir une copie de mes résultats, ainsi qu'une copie de la retranscription de leur entretien s'ils le désirent.

Concernant la discrétion, je ne poserais aucune question déplacée ou mal intentionnée, la curiosité mal placée n'est pas mon intention, c'est donc la personne qui parlera de son expérience comme elle l'entend.


En vous souhaitant bon courage à tous, je vous remercie de votre attention et de votre compréhension.

PS : vous pouvez m'écrire en message privé directement.

je ne suis pas interessee merci,
bonne chance

Salut,je n'ai que 16ans,je ne suis pas du tout concerné par ce genre de problèmes,je n'ai aucune compétence en Psychologie,néanmoins je me rend compte que mes "problèmes" n'en sont pas vraiment , quand je vois ce que certaines personnes,ont pu vivre et surmonter(et c'est peut être égoïste a dire)sa me remonte un peux le moral.franchement j'admire Isabelle qui n'a pas perdu la tête avec tout ça.
P.s:moi qui ne bouquine jamais,j'ai beaucoup apprécié votre Manière d'écrire.