Bonjour,
il y a environ 3 mois ma tante m'a téléphoné pour m'annoncer que mon père était hospitalisé a villejuif (j'habite le sud ouest) , ni une ni deux je saute dans un train et le lendemain midi je suis a l'hopital où ils ont transféré mon père en réanimation, j'ai le droit de le voir 15 minutes environs où nous échangeons quelques mots...
Les visites me sont autorisé de 13h à 14h uniquement donc dès le lendemain j'y retourne et je vois que mon père est vraiment pas bien du tout je ressort en pleurant 10 min plus tard car mon pere etant gravement malade je ne doit pas le fatiguer. L'après midi même l'hopital m'appel pour m'annoncer que mon père a été mis en comas artificiel et intuber.
Pendant plus d'une semaine je verrais mon père au maximum 30min par jours, je lui parle ,il réagis très bien a ma voix ,les medecins me disent qu'il est stable.
Dimanche 20 mars vers 9h je recois un coup de téléphone de l'hopital me disant que mon père ne va pas bien du tout et qu'il faut que je vienne de suite (j'etait loger sur paris pour les circonstances) .
J'arrive a l'hopital vers 10h et le verdict tombe.. on ne peux plus rien faire malheureusement , il faut prévenir la famille.. La famille arrive vers 16h , mon père est toujours vivant , bien qu'aider par quelques machines, la famille lui fait ses adieux puis tout le monde pars sauf moi. Je demande au medecin la permission de rester avec lui jusqu'au bout, il me l'accorde.. A 22h10 ce dimanche 20 mars, son coeur s'est arreté,j'etait là, j'ai tout vu, tout entendu mais je n'ai pas pu fuir, je voulais pas qu'il meurt tout seul comme un c**... je lui ai tenue la main jusqu'a la derniere seconde en posant ma tete sur son torse... J'ai hurler , pleurer bref j'etait en colere contre tout et n'importe quoi.. Vers 22h30 je me suis retrouvée assise sur une des marches de l'hopital avec les affaires de mon pere dans un sac poubelle et une dame qui me dis gentiement " il faut faire rappatrier le corps avant 6 jours...."
Depuis j'ai toutes ces images qui me viennent en tête (surtout le soir) et c'est tres dur de revoir tout ça... j'aimerais que vous me donnier quelques conseils pour "passer" au mieux ce cap... merci.

Bonsoir Prinsia

Pour avoir vécu plusieurs deuils, je peux te rassurer que tu as fait don de ton amour pour ton père jusqu'au bout, tu as été à ces côtés, tu lui as tenu la main, même si tu as pleuré, ton père savait que tu étais là, que tu l'as aidé à partir doucement, encore une fois avec toute ton affection. Il était sécurisé par ta présence et toi tu l'as accompagné comme il t'a accompagné le jour de ta naissance.

Tu es encore au début de ton deuil, ce que tu éprouves est normal.
Ressens-tu encore de la colère (contre tout et n'importe quoi) ? Si oui, essaie de l'exprimer par des mots ici.

Quel âge avait ton père et si tu veux dire les raisons de sa maladie et de son décès ... ?

Je reste à ton écoute et si tu veux parler de ton père, de ce que tu souhaiterais encore lui dire, de ce que tu aurais voulu faire avec lui.... n'hésite pas.

Condoléances.
Clair de lune

merci clair de lune..
Oui je suis toujours autant en colère, contre les gens qui l'ont fait boire, contre ceux qui lui ont servit ou vendu de l'alcool , contre les medecins qui n'ont pas voulu faire de greffe.. bref je crois que ma colère est belle et bien là...
Tu l'auras sans doute compris mon père est décédé d'une maladie du foie, il avait 54 ans, il était à la moitié de sa vie, je trouve ça injuste qu'il soit partit si tôt..
J'aurais aimé lui dire "papa je t'aime" mais je n'en ai pas eu le temps malheureusement..

Prinsia, le geste de poser ta tête sur le torse de ton père, d'être à ses côtés, de lui tenir la main a la même signification que si tu lui avais "papa je t'aime". Il a senti jusqu'au bout que tu étais près de lui et parfois des effleurements, la présence valent plus que des paroles.
Ne te culpabilise pas, s'il te plait, tu a donné à ce père ce qu'il y a de plus beau !

Si les médecins n'ont pu pratiquer une greffe du foie (?), c'est qu'il n'y avait pas l'espoir escompté et qu'ils ne pouvaient pas aller au-delà de leurs possibilités. Ayant eu moi-même de la famille avec des maladies graves, les médecins sont les premiers à te proposer des traitements pour que le patient continue à vivre, parfois même trop longtemps et ce dans des conditions insupportables..., s'ils n'ont pu le faire c'est que son état se dégradait trop vite. Tu es en colère parce que ton père n'est plus là, il est long et difficile d'accepter la mort d'un parent.

Qui sont ces gens qui lui ont servi et vendu de l'alcool, évoquerais-tu les bars ?

Parler de ta souffrance et de ce que tu ressens actuellement parait être une évidence, alors n'hésite pas si tu en ressens le besoin, nous sommes là.

Perdre son père doit être quelque chose de très très difficile à vivre. Il était jeune, oui, mais s'est battu jusqu'au bout. Tu as été avec lui jusqu'au bout. J'imagine que les journées et les soirées ont été extrêmement dures mais tu as fait ton maximum, vraiment.

La colère que tu ressens s'estompe un petit peu au fil des jours ou pas du tout ?
Nous réagissons tous différemment face à la perte d'un de nos proches : certaines personnes s'effondrent tout de suite, d'autres ne réalisent pas à l'annonce et réalisent dès mois plus tard. D'après mon vécu, je pense que faire son deuil n'est pas une question de semaines mais d'années. C'est un travail psychique long, douloureux, mais, un jour tu penseras à lui sans cette douleur. En tout cas, il ne faut pas vouloir "ne plus souffrir" parce que c'est bruler les étapes d'un deuil. Et tôt ou tard, cette souffrance nous revient en plein face. Alors, autant y faire face plutôt que de fuir.

Bonjour flavie et merci de ta réponse
La colère s'stompe peu à peu? oui et non.. je m'explique :
J'en veux de moins en moins aux medecins car je sais qu'il n'ont fait que leur travail et ils l'on très bien fait d'ailleurs..
Mais j'en veux de + en + a ceux qu'ils l'ont incités à boire.. a reprendre ce vice si dangeureux pour lui...
Je pense que tu as raison et que mon deuil prendra certainement plusieurs années...
J'en suis malheureusement a un stade où je me demande si c'est le fait qu'il soit décédé ou les images que j'ai enregistrées qui sont le plus dur a gerer en ce moment.. j'ai l'impression d'etre egoïste en disant cela mais c'est la vérité je ne sais pas ce qui est le plus dur a gerer...

Qui sont ces personnes qui ont "incité" ton père à boire ?
Pour en revenir à ta colère, je crois, pour moi en tout cas, que tu sois en colère, sans l'être envers les médecins. Tu l'a expliqué dans ton dernier post d'ailleurs.
Au fil du temps, elle va s'atténuer... Laisse toi du temps, vraiment.
Souvent, on pense avoir fait le deuil des personnes disparues, mais je me demande souvent s'il ne s'agissait pas de rejet, rejet de la vérité, d'accepter cette disparition, ce décès.
De plus, l'âge et les circonstances de la perte d'un proche jouent sur la "réalisation du deuil". (je ne sais pas si je suis clair)
Avoir des images en tête, c'est douloureux. Il y en a qui resteront gravées dans ta mémoire. Il ne faut pas "oublier", si c'est ça dont tu as peur : oublier ton père. Mais, "apprendre" à vivre sans lui. C'est une épreuve de la vie, et comme toutes celles qu'on rencontre au cours de notre vie, elles nous rendent plus fortes, avec le recul ou "grâce" au recul, et donc, se laisser du temps est nécessaire.

les personnes qui ont incité a boire mon pere sont tout ces sois disant amis...
les patrons de bars aussi...
oui je sais que je doit apprendre a vivre sans lui de tout facon je n'ai pas le choix je crois que çq c'est terrible aussi , que l'on soit prete ou pas nous n'avons pas le choix....

Soit disant des amis ?
Une question ? Ton père se sentait bien dans sa vie, n'avait pas de soucis particuliers ? Parce que, l'alcool est un refuge, et aussi un dé-presseur dit-on.

oui ses soit disant amis car quand on s'est que l'alcool peut tuer le personne qui est en face de vous on ne lui offre pas 15 verres par jour...
mon père a eu une vie comme il le voulais je dirais qu'il ne sais pas privé et qu'il est certainement partit sans regrets...
Au début il buvais surtout pour etre avec les copain, etc.. puis quand la maladie est arrivée, il a totalement ignorée, il était en déni face a cette maladie...

Quinze verres par jour ? Ne penses-tu pas que ton père a une part de responsabilité concernant l'alcoolisme (je ne sais pas si tu considères de l'alcoolisme, mais, je n'ai pas trouvé d'autres mots). Pourquoi ne pouvait-il pas dire "Stop" à ses "amis ?
Autre détail : boire a surement été son refuge lorsque sa maladie est arrivée, une sorte de refuge, un "calment", un besoin d'être "ailleurs", autrement d"oublier temporairement ce qu'il lui arrivait pour ne pas sombrer aux yeux des yeux. Intérieurement, il se sentait surement sombré doucement.

oui 15 verres par jours, je sais que mon pere a sa part de responsabilité , j'en suis consciente mais quand quelqu'un essai d'arreter ou lui propose pas de boire 15 fois par jour non plus...
L'alcool a peut etre été son refuge , mais c'est ce qui l'a tué....

aujourd'hui c'est dur, je pense de plus en plus a lui, j'en veux toujours à la terre entière mais plus particulièrement au medecins... j'espere que cette rage va passer...

Oui, elle va passer. Il faut te laisser du temps. En vouloir à la terre entière, aux médecins, bref à pleins de gens, c'est "normal" quand on a perdu un proche. Courage.

Arf, les mots sont faibles pour exprimer la douleur que tu as du endurer.

Ben comme déjà dis, un deuil prends du temps. Cela en fonction de beaucoup de paramètres. Ta personnalité, les circonstances etc... Ils est difficile d'accélérer un deuil.

C'est comme une plaie, ça prend du temps pour cicatriser, il faut la nettoyer mais pas trop sinon elle ne se referme pas.

Tout ça pour dire qu'il faut trouver un juste milieu, pas facile à trouver mais avec le temps on y arrive.

Donc continue à lâcher ce qui te préoccupe (nettoyer la plaie) mais essaye de t'ahérer la tête (laisser reposer la plaie).

Personne ne peux savoir le temps que ça va prendre; courage! Tu va dans le bon sens je pense.

merci pour vos réponse..
si je devais exprimer ce qui me préoccupe je crois que j'ecrirais un roman...
Je sais qu'un deuil prend du temps, mais quand les gens te disent avec le temps ,les souvenir restent et la douleur s'en va.. connerie oui! les souvenirs sont bien là mais la douleur aussi.
J'en suis a me demander si c'est le fait qu'il soit décédé ou les images que j'ai vu que me hantent ces derniers temps...

Ben à la limite écrie un livre :p
Non mais ça ce trouve il y a des points qui bloquent ta guérison.
La liste des possibilités est longue, et ont a tendance à ne pas se les avouer.

oui c'est possible, mais je pense qu'il serais temps que j'arrive a y faire face et a avancer

Pour y faire face il faut y mettre un nom.

comment savoir ce que c'est? comment trouver ce nom?

En se questionnant (ce que le psy aide a faire).

Qu'est ce que tu penses qui te bloque?

le psy j'y suis allée apres le décès et d'après lui je réagis plutot bien....
Je pense que ce sont les images qui me bloque.. je revois tout , tout les soir j'ai l'impression d'y etre encore

Bonjour.

Prinsia, je te propose d'écrire ici toutes ces images qui te reviennent, ce forum, ton topic sont faits pour ça. N'hésite surtout pas ! Ecrire te permettrait d'évacuer le trop plein qui te fait souffrir sans pour autant guérir ta blessure mais au moins une douleur lancinante.

oui tu as sans doute raison clair de lune..
tout d'abord je me revois a l'hopital les yeux rivés sur le moniteur a voir quand son coeur allais s'arrêter , puis les alarmes des machine qui ce déclanche suite a l'arrêt cardiaque...
j'entend encore son coeur s'arrêter de battre (j'avais ma tête posée sur son torse)...
j'entend l'infirmière me dire "il faut que vous restiez le temps que le medecins débranche les machines.. je revois le corps de mon père s'arrêter de bouger des l'arret des machines...
peut être n'étais-je pas assez forte pour cette epreuve...

Prinsia,
Ces images et ces bruits que tu as vus et entendus sont pour toi imprimés parce qu'ils signalaient bien la mort de ton père, ils te restent en mémoire parce que trop médicalisés, trop techniques et donc pas assez empreinte d'humanisme et de sérénité.
Mais, toi sa fille, tu représentais, à cet instant même, ce manque de chaleur. Tu étais l'amour, la présence humaine qu'il recherchait et que tu recherchais, à cet instant-là n'as-tu pas fait la paix avec toi-même et avec ton père sans pour autant pouvoir dialoguer ?

Tu as écris au tout début de ton topic :

Citation :

j'ai tout vu, tout entendu mais je n'ai pas pu fuir, je voulais pas qu'il meurt tout seul comme un c**...

Oui tu as vu et tout entendu et si tel n'avait pas été le cas, si tu étais partie comme le reste de ta famille, laissant seul ton papa partir comme un c** pour reprendre ton expression, quel sentiment en ce moment t'envahirait ?

La colère que tu éprouves toujours vis-à-vis des médecins qui l'ont suivi est normale, tu pensais qu'ils auraient pu soigner ton père et le sauver grâce à une greffe, mais celle-ci est toujours évoquée si tous les facteurs et l'état du malade permettent une réussite complète d'une telle intervention et de ses suites.
Si son état était trop critique, une faiblesse accrue, aurait-il été sensé de le faire souffrir et ce foie qui lui aurait été donné et qui représente la vie, aurait-il été greffé à bon escient sur une personne avec une pathologie qui paraissait être irréversible (?) alors que ce même organe a pu sauver une autre vie...

Mes mots te sembleront peut-être difficiles à lire mais c'est là toute la problématique des choix des médecins.
Je vais te donner deux exemples :
- celui d'une personne de 30 ans qui souffrait d'une leucémine, elle n'avait plus qu'une année à vivre mais comme elle avait deux enfants en bas âge, les médecins ont décidé de tenter la greffe de moelle osseuse (il y a 33 ans et les progrès médicaux ont encore bien évolués). Elle a survécue et pourtant avait très peu de chance de survivre. A sa place, une personne d'une cinquantaine d'année souffrant de la même pathologie a été écartée de toute greffe possible.
- l'autre, un homme de 51 ans, cancer du poumon très avancé, (il fumait beaucoup et comme tu dis de ton père, il a cherché aussi quelque part la finalité...), chimiothérapie interrompue après 4 cures et même les rayons pour enrayer les métastases au cerveau ont été stoppés au bout de 6 séances.... Je parle de mon mari.... Lorsque réellement la médecine ne peut rien, elle stoppe tout traitement lourd qui n'apporterait aucune efficacité mais ce que je peux lui reprocher c'est son manque de tact envers l'approche du malade et de la famille qui sont laissés dans le silence et l'inexplicable le plus complet.
Alors, je peux comprendre que tu en veuilles aux médecins mais peut-être que mon témoignage te permettra de mieux cerner leur choix et de calmer ta colère et ta douleur.

Je reste à ton écoute si tu souhaite continuer à t'exprimer.