Bonjour,

J'ai perdu mon papa il y a 3ans, j'avais alors 19ans. Nous avons toujours eu une relation fusionnelle tous les deux. Si bien que 3ans après, je n'arrive toujours pas a faire le deuil, je ne suis même pas sure d'avoir vraiment réaliser qu'il était parti. Je rêve souvent de lui, pense tout le temps a lui, pleure souvent et j'ai souvent beaucoup de mal a m'endormir ayant peur de partir a mon tour et ai vraiment beaucoup de mal avec sa mort. J'essaye de faire bonne figure devant mon entourage pour protéger ma mère et ne pas montrer mon mal être, et du coup je garde tout pour moi et craque souvent. Je parle souvent de lui au présent et quand quelqu'un ne sait pas qu'il est décédé et qu'on me pose des questions sur mes parents, je ne dis pas qu'il est décédé.

je ne sais pas si mon comportement est normal, mais ça me pèse.
merci pour votre aide.

Cordialement,
Tibaz

Bonjour Tibaz,

Toutes mes condoléances pour ton papa.
Ton comportement est normal, car de nombreux comportements sont possibles face à un phénomène si douloureux.
Respecte cette douleur, elle te rappelle tous les jours l'amour que tu avais pour lui.

Bonsoir Tibaz

La souffrance intense que tu éprouves toujours reflète le manque, le vide que t'a laissé la mort de ton papa. Il faut parfois beaucoup de temps pour que celle-ci s'estompe mais depuis trois ans qu'il est parti, tu devrais avoir un autre rapport avec son absence.
Chaque deuil est unique en raison de la nature de la disparition, de sa brutalité et du soutien ou non de l'entourage. Est-ce que parler du décès de ton papa serait un moyen de te délivrer un peu de ce poids que tu as en toi .
Si tu le désires, tu peux écrire ce qui te fait tant de mal.
As-tu trouvé du soutien au sein de ta famille, toi et ta maman avez-vous réussi à vous épauler, de temps en temps, dans des moments d'intenses chagrins ?
Tu parles de ton papa au présent comme s'il était toujours là, tu continues donc à le faire vivre en toi et autour de toi, tu me sembles toujours être dans le déni qui se traduit par une période "normalement" courte mais très douloureuse de refus de la réalité, de révolte même.
Tu te trouves, comme tu l'expliques, toujours dans la prostration, abattue par sa disparition. Tu te demandes encore "que vais-je devenir sans lui", sans ce père qui m'aimait tant et qui me protégeait ? Te dis-tu encore cette phrase ?
Cette étape du deuil provoque un état d'épuisement général comme si on lâchait prise, cette baisse de pression est nécessaire pour "accueillir" progressivement la réalité. Penses-tu être arrivée à cette étape ?
Effectivement, le deuil de ton papa ne se fait pas très bien. Le travail de deuil passe par une souffrance incontournable qui permet d'accepter progressivement la perte irréversible de l'être que l'on aimait et c'est ce cheminement que tu ne parviens pas encore à dépasser.
Tu devrais essayer de t'ouvrir un peu plus à d'autres personnes (personne de ta famille avec qui tu aurais une grande complicité, un ou une ami(e)...), car parler de ta souffrance, de ton père te permettrait t'apaiser ta douleur, d'accepter son départ et d'apprendre à l'aimer autrement (c'est-à-dire sans qu'il ne vive en toi).
Cacher ta douleur ne protégera pas plus ta maman de cette même douleur, elle doit peut-être ressentir ton désarroi également.
Le fait de rêver de ton papa est le signe que tu es tourmentée et que tu n'es pas parvenue à accepter le fait qu'il ne soit plus auprès de toi.

Comment ta maman a-t-elle vécu son décès ?

Amicalement
Clair de lune

merci pour ta réponse.

J'ai eu beaucoup d'aide et de soutien de la part de ma famille et de ma maman, nous nous soutenons beaucoup mais jamais avec des mots, plus des actes. Par exemple, pour l'anniversaire de la mort de mon père, je l'enmène toujours à des soirées pour lui changer les idées. Je ne veux pas me "plaindre" auprès d 'elle car elle souffre déjà beaucoup et je ne veux pas qu'elle soit malheureuse pour moi car elle aussi triste que j'ai perdu mon papa, je le sais.

J'ai perdu mon papa de façon assez brutale malgré tout, il avait un cancer de l'œsophage et avait presque terminé sa chimio,, il devait être hospitalisé pour qu'on lui pose une prothèse, et il a eu une septicémie foudroyante, ce qui l'a emporté très rapidement (du jour au lendemain).

C'est vrai que je pose toujours la question de ce que je vais devenir sans lui, toutes nos habitudes, notre complicité, tout ça me manque énormément. Je suis triste dès que je passe une étape dans ma vie : obtention d'un diplôme, quand j'ai pris mon appartement avec mon copain qu'il ne connait pas, car je ne le vois pas fier de moi comme il l'était avant, je n'ai pas la joie de lui annoncer tout ça. J'appréhende même un futur mariage et avoir des enfants car il ne sera pas là pour m'accompagner. Dès que je vois un mariage avec le père qui emmène sa fille à l'hôtel, je pleure car je n'aurais pas ça, et de savoir que mes enfants n'auront pas leur grand père me rend triste.

Je suis très fatiguée de tout ça, mais en même temps, j'ai l'impression que ça me garde près de lui. Je parle assez souvent de lui, mais de comment il était, je raconte des anecdotes etc ... mais jamais de sa mort ou de se que je ressens.

Quant à ma mère, elle ne l'a pas bien vécu. Nous nous soutenons beaucoup, mais comme je l'ai écrit plus haut, plus par des actes que par des paroles, on se voit beaucoup, s'appelle très souvent, elle parle de temps en temps de sa mort, j'écoute mais ne rentre pas trop dans la discussion. Elle en parle beaucoup a des amis, famille, souvent elle leur dit que ce n'est pas facile pour moi etc ... ce qui me met mal à l'aise devant les autres.


Cordialement,

Tibaz

Bonsoir Tibaz

Je comprends combien le décès de ton papa te fait encore souffrir, son départ brutal dû à cette septicémie a été un choc pour toi et ta maman.
Ton papa aurait-il eu des chances de rémission suite à cette intervention chirurgicale ?
Le conséquence des chimiothérapies est d'être en aplasie, le système imunitaire étant presque détruit, le corps peut être envahi par des germes qui sont inoffensifs pour tout Etre humain en bonne santé mais très dangereux dans ce cas précis.

Ayant perdu mon mari brutalement suite à un cancer "foudroyant" il y a 5 ans, et ayant une fille de bientôt 17 ans, je comprends ta douleur.

Si je peux te donner un conseil qui pourrait t'aider c'est de parler, de mettre surtout des MOTS sur tes plaies qui ne se referment pas. Les actes ne suffisent pas. Parler de la maladie et de la mort de ton papa avec ta maman n'est pas une plainte, mais une façon d'accepter ce douloureux évènement.

Citation :

Quant à ma mère, elle ne l'a pas bien vécu. Nous nous soutenons beaucoup, mais comme je l'ai écrit plus haut, plus par des actes que par des paroles, on se voit beaucoup, s'appelle très souvent, elle parle de temps en temps de sa mort, j'écoute mais ne rentre pas trop dans la discussion. Elle en parle beaucoup a des amis, famille, souvent elle leur dit que ce n'est pas facile pour moi etc ... ce qui me met mal à l'aise devant les autres.

Toutes les deux vous avez "mal" vécu ce décès foudroyant, mais en te lisant dans cette citation, je vais te poser une question :
Penses-tu que vous éprouvez encore toutes les deux la même douleur aussi violente ?
Ta maman parle beaucoup de la mort de son "mari" avec des amis, sa famille et elle leur dit que ce n'est pas facile pour toi par contre tu ne fais qu'écouter mais tu ne veux pas discuter de la mort de "ton père" avec elle.
Parler de ton papa dérangerait-il plus ta maman ou toi-même ?

Ta maman a certainement compris que tu souffrais et que tu n'acceptais pas le départ de ton papa qui ne souhaiterait qu'une chose, c'est que sa fille continue de VIVRE, à construire sa vie (études, famille), il serait certainement fier de ce que tu es devenue, de ta vie de femme et plus tard de ta vie de mère.
Lorsque tu auras terminé ton deuil, tu pourras enfin parler de lui sans ressentir autant de peine, il sera là dans ton coeur, dans tes pensées mais sans que tu ne souffres, tu pourras parler à tes futurs enfants de leur grand-père, leur raconter combien il était un super papa pour toi, ce qu'il t'a fait connaître et qu'il les aimerait tout autant qu'il t'a aimé.

Tibaz, ce n'est pas parce que ta douleur va diminuer et donc accepter sa mort, que tu vas perdre cet amour qui te retiens à lui. Tu l'aimeras toujours de la même façon et il sera toujours en toi.

Amicalement
Clair de lune

Bonjour,

C'est ce que tout le monde me dit, d'en parler. Mais je n'aime pas faire ça, j'ai en plus l'impression d'embêter tout le monde avec ça, chacun a ses problèmes, d'autres amies ont perdus leur papa et je me vois mal leur parler de ma douleur alors qu'elles ont la même, même si ça nous arrive d'en parler, mais pas trop.
La famille, les amis sont tous présents pour m'aider, je le sais, mais ils me demandent tous d'être derrière ma mère, de l'aider a surmonter sa peine, ce que je fais, c'est mon rôle et je ne le regrette pas, mais personne n'est la vraiment pour que moi je m'en sorte. Les proches sont la quand ils comprennent que je ne suis pas bien, mais ça ne vient pas instinctivement d'eux, et j'aimerais qu'ils viennent d'eux mêmes.

Amicalement,
Tibaz

Bonjour

Tu dis ne pas aimer et déranger tes amies (tout le monde!) en parlant de ta peine encore bien présente, pourquoi n'envisagerais-tu pas de consulter alors un ou une psychologue dans un CMP, il n'y aurait pas ce sentiment de "dérangement" que tu évoques sans cesse.
Tu pourrais faire part plus facilement et sans crainte de ton mal-être par rapport à ton deuil et également de tes angoisses.

Tu dois faire le deuil de ton PERE et lorsque tu dis que tu es là pour protéger ta maman, l'aider à surmonter sa peine, sache que le deuil de l'une et de l'autre est différent car ta maman doit, ELLE, faire le deuil de son MARI.
Pourquoi devrais-tu être "plus" protectrice que ta maman ?

Tibaz, comme tu le dis chacun a ses problèmes, ses douleurs, ses propres réactions face à la mort mais parler avec des personnes qui ont connu des évènements douloureux identiques, est également une forme de thérapie qui se rapproche des thérapies de groupe ou chacun exprime et écoute les ressentis et les problèmes des uns et des autres.

J'espère que tu pourras passer ce stade de "l'acceptation" dans ton deuil et, encore une fois, si tu ressens le besoin de te livrer sans "déranger", l'aide d'un thérapeute te serait certainement indiquée.

Courage
Amicalement

Bonsoir,

Je pensais aller déjà voir une psychologue. Pouvez vous me dire ce qu'est une CMP ? Est ce payant ? Remboursé ? Je ne sais pas si vous en connaissez sur Lyon, si oui, vers lequel me tourner ?

Merci pour votre aide


Amicalement

Bonsoir Tibas

Les Centres médico-psychologiques (C.M.P.) sont des Centres qui dépendent et sont gérés par les Centres Hospitaliers.
Les consultations sont gratuites.

Tu recherches "CMP lyon sur Google" et tu auras toute la liste et les n° de téléphone (il y en a plusieurs).