Bonjour,

Pas inscrite ici depuis 5 minutes mais j'ai une question mortelle : c'est quoi à la fin une dépression ?
Non non pas de détails cliniques, merci j'ai par ailleurs toute la formation qui convient pour connaitre tous les détails de la chose.
Mais... je constate qu'il y a des gens (moi par exemple) qui piétinent... qui ne s'en sortent pas vraiment dans la vie, qui retombe sans cesse dans un blues existentiel qui semble insurmontable.
Pourtant tout le monde me dit forte, ayant du caractère, du tempérament, de la volonté. Je me bat contre mes démons intérieur (on en a tous des plus ou moins méchants) sérieusement. J'ai beaucoup travaillé sur moi, me suis faite aider par certains moments, ai avancé seule dans d'autres moments.
Bref j'ai progressé, beaucoup. J'ai réalisé une foule de choses, je comprends pas trop mal les gens à priori, moi même pas trop mal non plus, sauf que...
ben non, ça ne marche pas.
Inexorablement je retombe dans cette espèce de marasme existentiel dans lequel je suis engluée.
Rien d'extraordinaire à déclarer, j'ai été élevée par des parents qui se criaient dessus, une mère dépressive et probablement perverse narcissique ou tout au moins une experte de la prise d'otage affective, un père qui tâchait de ne surtout pas mettre son nez dans tout ça. Ok c'est pas génial génial, mais y'a objectivement pire... si tant est qu'on puisse établir une échelle pour ces choses là ce que je ne crois pas.
Bref, je me sens seule. Je me sens seule au monde depuis ma plus tendre enfance. Et je n'arrive pas bien entendu à construire une relation stable avec quelqu'un. Je pense que je manque de confiance en moi, alors je me montre forte et fréquente des gens qui ne font pas trop d'ombre (vous trouvez ça moche ? moi aussi...) pour avoir l'impression d'être une nana géniale (en plus j'ai plein de qualités... je le sais... enfin... une partie de moi le sais, mais mes tripes elles n'ont pas l'air au courant)
Résultat bien sur je ne rencontre que des hommes qui n'ont d'hommes que le nom car ce sont en fait des gamins attardés trop contents de se trouver une maman/infirmière/psy... et qui n'ont pas grand chose à donner.
Je sais qu'il existe au fond de moi une petite fille qui manque d'amour et qui me fait payer ça au prix fort. Je sais qu'il faut grandir et prendre sa vie en mains. Je sais beaucoup beaucoup de choses... j'ai fait beaucoup de choses, j'ai même ressenti beaucoup de changements positifs. Mais sur le long terme... plouf.
Cette solitude si profonde, ne compter pour personne. Des relations, des "potes" mais pas des amis. Pas d'amour. Pas le profond sentiment d'avoir une vraie famille. Pas de proches quoi. Si demain je meurs, les voisins alerteront sans doute la police alerté par les aboiements du chien ou l'odeur infecte...
Coté professionnel pas mieux. Je ne sais toujours pas à mon âge ce que j'ai réellement envie de faire. J'essaie de changer de métier alors que j'avais fait pourtant une "carrière" (j'aime pas ce mot mais bon). Mais comment changer quand on n'a finalement envie de rien ?
Et le pompom dans tout ça, c'est que le seul endroit où je trouve à écrire ça c'est dans une section "dépression". Eh oui... car un psy me dira sans doute que c'est exactement ça. Mais euh... le hic c'est que là je pourrais me gaver d'antidépresseurs en tout genre en quoi cela va changer ma vie ?
Voilà j'ai bossé, lutté, je sais voir les mécanismes qui pourrissent ma vie... mais je n'ai pas trouvé la télécommande qui permette d'ancrer tout ça au fond de mon coeur, de virer la solitude, la dépendance affective aussi probablement, le doute permanent, et surtout, pour de bon, et pas provisoirement.

Joli texte dans lequel de nombreux êtres doivent pouvoir s'identifier.

La solitude est un sentiment que l'on acquière à la naissance. Quoique tu fasses tu nais seul et tu meurs seul. C'est cette exclusion du tout originel qui nous permêt d'accéder à la vie, alors avant de te confondre à nouveau avec le tout (en mourant) ne sois pas triste, mais profite autant que faire se peut en tentant avant tout de vivre pleinement en écoutant tes pulsions.

Bonjour Mirage,

Je suis encore en train de me demander comment j'ai atterri ici, cherchant dans la rubrique "dépression" quelque chose qui n'a pas grand chose à voir avec une rupture douloureuse, un relâchement généralisé ni des envies suicidaires... Comme le signale Ariane, je fais partie des nombreuses personnes qui se reconnaissent dans ton texte. Mais c'est pas une raison pour expédier ce dont tu parles comme s'il n'y avait rien à en tirer.
Je me débrouille pour mener une existence plaisante, disons plus exactement consistante, je m'en sors pas mal dans mes études, je me consacre à ma famille, j'aime bien bouger, faire la bringue, ou retrouver mes amis autour d'une table de poker. Et pourtant... J'ai beaucoup de mal à m'approprier la vie que je mène. J'ai souvent besoin de faire le point avec moi-même, et je sombre alors dans une sorte de brouillard existentiel, un détachement angoissant, et j'ai tendance à m'enfermer dans une pensée solitaire et lointaine de tout ce qui m'entoure. Normal ? Pas normal ? A vrai dire, je m'en fiche. Si je suis là, c'est dans l'espoir de discuter de ces choses qui me parviennent dans mes moments d'ermitage. Je ne vois pas de psy, car je n'y crois pas trop : le côté diagnostic et scientifique me refoule un peu, et puis, vous savez, cette toute-puissance du "moi", le bien-être comme but ultime, j'ai comme l'impression qu'on prend le risque de passer à côté de quelque chose, un peu comme on prendrait un somnifère pour trouver le sommeil. Pas trop mon truc... Mais bon, c'est peut-être pas le lieu idéal pour jeter la suspicion sur la psychologie. Au moins, vous avez là, en direct, le début d'un moment d'égarement : je me mets à douter sur beaucoup de choses (en l'occurrence ici sur le sens de la psychologie), et le doute me traine doucement, et m'éloigne du commun des mortels.
Quoi qu'il en soit, à l'attention de Mirage : que t'inspire cette tendance à la solitude ? Tu dis que tu as lutté pour voir les mécanismes qui pourrissent ta vie. Qu'est-ce que tu tires de tout ça ? Quel est l'équilibre qui ressort ?
J'espère que jusque là on est d'accord : on se demande ce qu'il peut y avoir derrière le mot de "dépression", qu'on peut définir ici comme le manque de consistance et de l'effacement de la réalité, derrière une sorte de conscience de soi en hypertrophie...

A bon entendeur