Salut à tous!

Voilà mon histoire, en essayant de rester assez bref ;-)

Enfance très heureuse, parents certes divorcés mais je n'ai pas l'impression d'en avoir souffert (au contraire, c'était cool d'avoir deux maisons). Bref, je suis à la base un type on ne peut plus normal.

A 24 ans (j'en ai 31 aujourd'hui), j'ai changé de métier et je ne l'ai pas supporté. En fait j'étais dans le monde du médical (que je ne connaissais pas auparavant) et j'ai du aller plusieurs fois en salles d'opérations. Je ne l'ai pas supporté et ai, depuis ce moment-là, développé des crises d'angoisses. J'ai donc changé de métier, retour à la base (je suis commercial dans une banque) et n'ai plus vraiment eu de problèmes, si ce n'est des angoisses à chaque fois qu'un client parlait d'une opération ou autre. J'ai développé en même temps (une année après), petit à petit, un peu de clostrophopie également (peut-être parce que j'étais enfermé dans ces salles d'opérations?). Mais ca restait gérable sans soucis.

Et la, 7 ans plus tard, retour des angoisses de manière assez violente. J'étais un peu en surrégime entre mon fils de 2 ans et demi et une nouvelle fonction de chef là ou je bosse. J'ai d'abord pensé au burnout car j'étais vraiment constamment angoissé et fatigué. Mais si je m'arrêtais de bosser quelques jours ca allait tout de suite mieux. Selon un psy que j'ai consulté pas de traces de burnout ni dépression (je suis heureux hormis mes angoisses).

Depuis quelques jours, j'ai un sentiment très bizarre qui m'habite: je suis tétanisé à l'idée d'en arriver à vouloir faire du mal à mon fils (que j'aime à la folie et qui est la plus belle chose qui me soit arrivée). Je sais très bien que c'est la dernière chose que j'ai envie de faire mais je me dis, quand j'ai des crises d'angoisses, que je pourrais devenir fou, que je vais être enfermé dans une clinique psychiatrique, etc etc.

Quelqu'un a-t-il connu ce même phénomène? Je ressens également beaucoup de pitié et de malheur envers les gens d'une manière générale, me disant que moi j'ai tout ce qu'il me faut et qu'eux pas forcément mais qu'ils vivent quand même heureux...

Voilà, c'est très bizarre comme sentiment et j'avoue que je suis pétrifié lorsque ces idées me viennent à l'esprit.

Si quelqu'un peut partager son expérience, voire me réconforter, je suis preneur!

Merci à tous ceux qui ont le temps de me lire (tiens, j'ai été plus long que prévu, hihihi)

Bonjour Bali4ever,

Merci de venir sur ce forum partager tes angoisses. Elles sont le lot de beaucoup d'entre nous. Ici tu as peur d'en arriver à faire mal à ton propre enfant. D'autres ont des angoisses aussi lorsque leur enfant est petit, il peut lui arriver un accident mortel, et le parent peut ne pas pouvoir réagir, être impuissant voire négligeant et pourquoi pas lui-même être considéré comme responsable.
Toutes ces angoisses arrivent généralement les premières années suivant la naissance de l'enfant.
Que veulent elles nous dire? Elles nous rappellent que le cours de la vie est difficilement maîtrisable, que l'on ne peut tout contrôler malgré notre forte volonté de nous mettre ainsi que notre famille dans une bulle protectrice.

Malgré une enfance heureuse, tu as par le passé connu tes limites. L'intolérable pour toi fut les salles d'opérations et ce qu'il s'y passait.

Citation :

j'ai du aller plusieurs fois en salles d'opérations. Je ne l'ai pas supporté et ai, depuis ce moment-là, développé des crises d'angoisses

Voir les souffrances des autres, l'intervention des chirurgiens sur les corps malades, le sang sans doute, les organes, ... Tout ceci t'a profondément marqué et surtout a fait naître en toi la conscience de la fragilité de l'humain.
Tout le monde n'a pas envie de se confronter à cette réalité, n'a pas la capacité d'en tirer une leçon positive. Tu aurais pu remarquer finalement que la vie offre parfois grâce à la technique médicale, une deuxième chance à notre corps en souffrance. Tu aurais pu aussi constater que d'autres fois, il n'y a pas d'issue. Toutes ces facettes du milieu hospitalier sont le reflet de la vie dans toutes ses dimensions.
Aujourd'hui tes angoisses remontent car tu n'as pas réglé ce stress antérieur.
Oui tout est possible, le bien et le mal, le bon et le mauvais, la douleur et les larmes, mais aussi la santé et les rires. Cela fait partie de nous.
Du coup je dirai que tu as désormais à faire à "ta part d'ombre" celle que tu peux accepter malgré toute l'angoisse qu'il y a de savoir que l'on peut le meilleur mais aussi le pire. Tu as effectivement le pouvoir de faire mal à ton fils, à ceux que tu aimes. Ta conscience refuse cette horreur, l'idée même te fait peur.
Tu es toi même le chirurgien de l'hôpital famille, et l'enfant est le patient qui peut à tout instant entre tes mains être l'objet d'une erreur médicale, d'un geste innaproprié, etc.
C'est une image assez parlante je crois.

Pour calmer tes angoisses fais confiance au processus de la vie. Aies confiance en l'avenir, en te disant que quoi qu'il arrive, tu feras au mieux de tes capacités et de ta volonté. Sâchant que tu veux le bien de ton enfant, que tu l'aimes de tout ton coeur, tu peux te sentir digne et apte à l'accompagner dans sa nouvelle vie.

Lorsque les angoisses arrivent. Laissent les passer. Ecoute les, dialogue avec elles. Que veulent elles te dire? Quels sont leur messages? Pleure, laisse ta peur s'évacuer doucement. Accompagne là avec bienveillance. Tu es humain, tu as peur de ta toute puissance et aussi de ton impuissance, tu peux leur dire que tu sais tout ça et que tu acceptes de recevoir ces émotions. Tu les remercies de t'alerter et d'être venues, puis tu confirmes que tu les as entendues, enfin tu leur dis que tu as besoin aussi de paix et de sérénité face à l'avenir, alors tu leurs demandes de passer leur chemin, de te faire confiance car tu veilles au mieux au bonheur de tous dans cette maison.
Ainsi ton esprit sera soulagé. Recommence souvent dès que les angoisses réapparaissent. Nous avons la chance de pouvoir communiquer aussi avec nous mêmes, c'est pourquoi il ne faut pas s'en priver.