Bonjour,

J'écris aujourd'hui car je me pose beaucoup de question aujourd'hui.

Vers l'âge de 8-10 ans (je ne sais pas je n'ai pas de souvenir de mon age exact), j'ai été abusé sexuellement par le père de ma meilleure amie chez qui je dormais souvent. Les abus sexuels ont duré plusieurs mois peut être plus.
Je n'ai absolument rien dit à personne, ni famille, ni amis, ni prof ni rien du tout et je vis toujours dans ce secret!

Quelques années plus tard alors que je passais mon Bac, mon amie m'appelle en me disant que son père aurait "toucher la cuisse" de sa cousine quand elle était petite! Elle n'en croyait pas ses oreilles alors que moi si!! mais j'ai gardé encore le silence! Un procés a eu lieu qui a aboutit à un non lieu du fait de l'absence de la victime.

La seule chose qui m'a toujours importé c'est de ne pas blesser mon amie, sa mère et surtout ma famille!! Je ne veux pas les faire souffrir en leur disant ce que j'ai vécu!!

J'ai trouvé l'homme de ma vie, il est le seul et l'unique. Je n'ai jamais d'autre relation avant lui. Je me demande encore si c'est à cause de ca que je n'ai pas eu d'autres relations. Avec lui, j'ai mis 6 mois avant qu'il puisse me toucher sur tout le corps et on a mis 9 mois avant d'avoir notre premier rapport sexuel! Il croit sans doute que cela était du à la pudeur et de la timidité, j'étais bourré de complexe et pas sur de moi en matière de relation amoureuse! Pour moi, c'etait surtout de la pudeur, j'étais bourré de complexe à l'époque mais aujourdhui je pense que c'est le resultat de mon traumatisme. Aujourdhui, aprés 3 ans de relation, je n'ai casiment pas eu d'orgasme lors de mes relations sexuels mais je n'ose pas lui dire! Je ne sais pas encore si c'est du à ce que j'ai vécu!

Je ne sais pas aujourdhui, si cela va avoir beaucoup de répercution sur ma vie d'adulte et sur mon future rôle de mère. (j'ai 23 ans) Je n'ai jamais consulté de psy. Je travaille à l'Aide Social à l'Enfance et je ne sais pas quelles comportements adoptés face à des enfants abusés et des pères pédophiles!! Je me pose beaucoup de question!

Bref, c'est la première fois que j'écris sur un forum à ce sujet.

Bonjour Des78,

Si tu travailles à l'aide sociale à l'enfance, effectivement ton passé peut te revenir en boomerang régulièrement. C'est peut-être pour toi un moyen d'aider ces enfants, d'agir contre ce que tu as connu.
En revanche tu dis que tu ne sais pas comment réagir face à la pédophilie, mais je suppose que tu as eu des cours sur le sujet, ou bien que tes encadrants peuvent t'aider à trouver les réponses appropriées. N'hésite pas à le leur demander c'est important.
Sinon tu finiras par répêter ce que tu as fait jusque là, ne pas prendre parti contre l'agresseur. Je pense de mon côté que tu seras contrainte physiquement et psychologiquement un jour à passer à l'action, à t'engager franchement dans le refus de tels actes.
Courage, tes questions sur ce forum sont bien le signe de ton évolution.

Merci pour votre réponse rapide!!

Le soucis dans mon travail est que je dois faire parler des enfants sur des faits d'abus sexuels alors que moi même j'en ai toujours été incapable pour protéger ma famille. Et en même temps quand les enfants nient les faits, j'ai toujours tendance à penser qu'ils préfèrent garder le secret eux aussi, j'ai peur de voir le mal partout alors que peut être ils disent la vérité!

Je suis en formation pour 2 ans à l'ASE, si cela est trop compliquée pour moi psychologiquement je pense que je changerais de public de référence. Mais j'adore ce que je fais donc j'ai quand même bon espoir de continuer la dedans! Il n'y a pas que des cas d'abus sexuels! Dieu merci!

Bonsoir Des78

Citation :

Vers l'âge de 8-10 ans , j'ai été abusé sexuellement par le père de ma meilleure amie chez qui je dormais souvent. Les abus sexuels ont duré plusieurs mois peut être plus.
Je n'ai absolument rien dit à personne, ni famille, ni amis, ni prof ni rien du tout et je vis toujours dans ce secret!

Quelques années plus tard ... j'ai gardé encore le silence! Un procés a eu lieu qui a aboutit à un non lieu du fait de l'absence de la victime.

Je comprends ce besoin de protéger ton amie et sa famille, de ne pas faire de mal. Mais comment fais-tu pour protéger ton enfance, pour permettre à ton corps de faire à nouveau confiance à la vie, pour retrouver le goût de l'amour, si tu n'agis pas pour empêcher autant que faire ce peut ces hommes de manipuler et de salir les enfants.
Crois-tu que c'est protéger vraiment les autres que de se taire?
Penses-tu que cet homme méritait son non-lieu?
Si l'amitié que tu portes à ton amie et et à sa famille a un coût, celui de ton silence, est-elle plus importante que ton intégrité, plus importante que l'honnêteté envers soi-même?
Je pense que tu aurais pu témoigner lors de ce récent procès pour marquer le coup, pour affronter la réalité passé. Mais sans doute était-ce encore trop difficile pour toi.
C'est pourquoi tu as bien fait de te lancer dans un métier qui te permettra de soutenir les enfants qui en ont besoin et peut-être d'aider la justice à punir les agresseurs.

Citation :

Et en même temps quand les enfants nient les faits, j'ai toujours tendance à penser qu'ils préfèrent garder le secret eux aussi, j'ai peur de voir le mal partout alors que peut être ils disent la vérité!

Tu réagis avec ton vécu, comme nous tous. Ce n'est pas un mal loin de là, et je vois que tu restes vigilante, donc tu es sur la bonne voie.

Qu'en est-il de ton côté lorsque tu te remémores cette violence vécue, as-tu de la colère contre le père de ton amie, ou as-tu de la tristesse, de la honte, de l'indifférence?

Quand les abus ont commencé sur moi, j'ai pensé être la seule enfant autour de lui à subir ca, c'est pourquoi je me suis tue et j'étais jeune alors jamais je n'ai pensé qu'il faisait ca à quelqu'un d'autre même pas à ma copine. (je ne sais pas aujourd'hui si il a abusé d'elle même si elle m'a dit un jour avoir fait des rêves où il lui faisait ces attouchements!)

Ensuite quand la cousine de ma copine a parlé pour la première fois que son oncle lui avait plusieurs fois "toucher la cuisse", il s'était déjà déroulé presque 10 ans, cela a été un réel coup de massu pour moi qui croyait être la seul (je me suis sentie coupable un moment de n'avoir rien dit à cette époque, cela aurait peut etre permis à sa cousine de ne pas être victime et j'ai appris par la suite qu'il avait essayé d'embrasser aussi les compagnes des cousins de ma copine qui étaient grandes à cette époque et moi m^me je leur en ai voulu de n'avoir rien dit à l'époque!)
Quand l'affaire a été dévoilé pour la cousine j'avais presque 18 ans, et pour moi tt ca s'était du passé que j'avais enterrer à jamais! D'autant plus qu'il ne me touchait plus,( il a arrêté de me toucher quand il voyait que je le repoussais de façon de plus en plus significative, je ne sais pas s'il a pris conscience de quelque chose et s'il commençait à craindre que je parle.) J'avais pu tant bien que mal à faire face seul à ce traumatisme. A 18 ans donc il m'était incapable de revivre ca, de devoir en parler, de décevoir ma famille de ne pas en avoir parlé avant ( a noter: dans l'enfance, mon père m'a toujours dit qu'il mettrait "un coup de fusil"(il est chasseur) à la personne qui oserait nous toucher mes sœurs ou moi! et je l'en croyais capable!!
La mère de ma copine et son amie proche m'ont demandé plusieurs fois si moi aussi j'avais été victime alors j'ai nié encore une fois puis on m'a laissé loin de ces histoires! Pour moi le mal était déja fait de tt facon donc pourquoi rajoutait de la souffrance à tout le monde plusieurs années après ne servait à rien, j'ai donc laissé coulé!

Je n'ai pas agi dans ma situation mais j'agirais contre ces personnes dans le cadre de mon accompagnement peut etre même avec plus de vigueur!!
Cet homme ne méritait pas son non lieu mais en allant en prison, il aurait fait encore plus de mal autour de lui (notamment ma copine et sa mère mais aussi pour mes parents encore une fois à qui je n'ai même pas parlé de cette histoire. Lorsqu'ils le croisent au supermarché, ils ne se doutent même pas de qui il est réellement.

De mon côté qd j'essaie de ne pas me remémorer ces moments même s'ils m'arrivent régulièrement en pleine face notamment quand je suis seule le soir, il m'arrive encore d'en pleurer si je me les repense dans les détails. Il y a quelques temps mes parents sont partis en week end, mon copain n'était pas dispo, j'ai donc dormi tout un week end chez moi seul, tout ca m'est revenu en pleine face et m'a bouleversé tout le week end si bien que je ne pouvais pas dormir (j'ai donc pris des médicaments pour pouvoir dormir). Le plus gênant et dérangeant je crois, c'est que je le cotoie parfois comme si de rien était! J'ai mangé à côté de lui lors des 1 an de sa petite fille!! J'ai déjà fait appel à lui pour qu'il me répare ma voiture! Néanmoins, je le vois que peu régulièrement!! Donc de manière général je joue l'indifférence même si j'ai des pensées de haine contre lui quand je le vois! Et une question me perturbe... ma copine lui laisse t elle sa fille à garder?? Elle fait souvent appel à tout le monde pour la garder quand elle a besoin, je n'ai jamais entendu qu'elle laissait la petite à son père mais j'ai peur pour elle quand même. Je sais qu'il n'oserait plus me toucher mais j'ai le doute pour tout autre enfant qu'il approche.

Parallèlement, mon copain (sans qu'il sache ma problématique) a su me faire prendre confiance en moi, à ne pas avoir honte de mon corps. Avec le recul, je me dis que nos rapports sexuels ont été la reproduction de ce que j'avais vécu finalement. J'étais dans la même passivité au début que lorsque cet homme me touchait. Mon copain a attendu presque 6 mois avant que j'accepte qu'il me touche ou qu'il me découvre nu, 9 mois avt notre premier rapport, la encore je l'ai laissé faire les carresses venaient de lui et les miennes trés furtives (je touchait les épaules, le dos, la tete) et ensuite j'ai mis environ 1 an avant de toucher son propre sexe (qui me dégoutait jusqu'alors). Aujourdhui, je reste trés coincé dans nos rapports même si beaucoup moins qu'avant, je ne suis à l'aise dans aucune position qui me met en situation dominante et je n'imagine même pas la possibilité de lui faire une fellation même au bout de 3 ans!!
A noter, nos ébats se font dans ma chambre à côté de celle de parent et ne permet pas une grande liberté!! mdr!

Merci de te confier ainsi, ce n'est pas toujours simple d'en parler.

Citation :

Quand les abus ont commencé sur moi, j'ai pensé être la seule enfant autour de lui à subir ca, c'est pourquoi je me suis tue

Tu justifies ton silence par le fait d'avoir cru être la seule à subir cela. Est-ce à dire que tu ne t'aimais pas assez à l'époque pour penser que tu étais la personne la plus importante à tes yeux?
Je voudrais te rappeler quand même que tu vivras toujours avec toi-même, toute ta vie, avant tout. Et que finalement pour être heureux il bon de ne jamais oublier cet élément fondamental, de s'aimer d'abord afin de pouvoir ensuite aussi donner et aimer les autres. Souvent les gens se perdent en pensant au bien-être d'autrui, de leurs proches en particulier, mais autrui et les proches n'attendent de nous que de nous voir heureux. Ainsi la base est soi, ce n'est pas égoÏste bien au contraire.
Bref comme dit Jacques Salomé au début de son livre "vivre avec soi": "la personne avec laquelle je passe le plus clair de ma vie est moi-même.
Et l'on passe beaucoup de temps à découvrir que l'on ne s'occupe pas beaucoup de soi, que l'on ne s'accorde pas assez d'attention, que nous sommes peu prévenant envers notre propre personne."

Citation :

en allant en prison, il aurait fait encore plus de mal autour de lui

Peut-être mais aujourd'hui tu ne craindrais pas que ta copine laisse son bébé à garder auprès de lui. De plus tu lui aurais donné le beau gage d'amitié qui existe, la sincérité. En fait en croyant la protéger tu l'induis en erreur. Au bout du compte, si elle l'apprend par hasard, elle sera complètement déboussolée.
Mais c'est ton choix, et il se respecte tant que tu penses que c'est mieux ainsi. Surtout quoique tu fasses, encourages toi et dis toi bien que tu fais au mieux, que rien n'est définitif, que tout évolue.

Etant donné que tu revis quand même des souvenirs douloureux de temps à autres, je te conseille dans un premier temps, de cesser de faire appel à lui (pour ta voiture) et surtout de t'asseoir à ses côtés qu'elles que soient les circonstances, il s'agit pour toi de respecter la petite fille que tu étais, de lui montrer qu'aujourd'hui il n'est pas question de se retrouver face à son bourreau. Tu verras tu seras soulagée de prendre cette décision. Même si les autres ne comprennent pas ton comportement, ne t'en soucie guère, tu as assez oeuvré pour eux n'est ce pas?
Même si tu ne le vois pas souvent, prend cette décision, elle est symbolique.

Pour tes relations sexuelles avec ton époux, il est clair que ton passé n'a pas favorisé l'épanouissement. Mais comme je disais plus haut, tout évolue, à partir du moment où l'on s'écoute et l'où on s'autorise à reprendre le pouvoir sur nos vies.
Bien à toi.

Merci beaucoup pour vos réponses. Cela m'a fait du bien d'en parler pour la première fois à quelqu'un et vos réflexions m'aident à avancer.

Selon vous, est ce que je devrais voir un psy? La seule idée de sortir tout ces mots de ma bouche m'effraie énormément. J'arrive à en parler à l'écrit mais à l'oral ce serait beaucoup plus compliqué je pense. J'ai envie d'en parler car j'ai peur des répercussions psychiques que cela pourra avoir encore dans 10 ans sur moi et peut etre la facon de m'occuper de mes futures enfants. Bref, je n'ai jamais franchi ce pas dabord pour une question de budget puis ensuite pour ce que cela implique.

Concernant ma capacité à parler en terme général, j'ai de grosses difficultés. Les gens se disent que je ne suis pas une grande bavarde ou du moins c'est ce que je laisse sous entendre mais parfois je me sens handicapé de la parole. Je me suis faite cette réflexion il y a qq semaines: "je n'arrive pas à parler car c'est comme si dans les mots que je vais prononcer je pourrais me "griller" moi et mon statut d'enfant victime." En fait, je me dis qu'à force de devoir cacher des choses, à force de ne pas pouvoir en parler, je ne peux plus rien dire. Je ne sais si ce lien entre ma difficulté à parler et mon traumatisme est pertinent mais c'est une réflexion que je me suis faite.

Néanmoins, comme vous me l'avez conseillé, j'ai pris la décision de ne plus avoir à faire à cet homme et l'éviterais autant que possible lors des anniversaires de la petite.
Je continue à penser que je ne pourrais jamais rien à dire à personne de mon entourage. Pour l'avenir, j'envisage après mes études de m'éloigner géographiquement de ma ville ou j'ai toujours vécu et qui est pour moi chargé en émotions (difficiles comme heureuses). Je veux que ma vie m'appartienne et je veux la construire ailleurs et avec mon copain.

Oui pourquoi ne pas aller voir un psy? C'est une idée, car cela te permettrait de te sentir plus à l'aise avec la parole. Tu auras face à toi quelqu'un qui ne jugera pas, qui t'écoutera et qui même peut être te comprendra.
Enfin quoiqu'il fasse ou dise, c'est toi qui aura pris les devants pour permettra à l'enfant de s'exprimer enfin sur ce sujet.