J’entends... Je respire... Je touche... Je sens...Je garde les yeux clos pour voir avec mon coeur. La mer est mon havre. Je ne puis m’y regarder, seulement m’y reconnaître, dans mon essence la plus profonde, dans le reflet blanc du berceau de la vie. Lentement je pénètre dans mon monde ou seul, mes rêves comptent. Lentement je deviens cet enfant, autour de moi les pins se parlent, le bruissement du petit vent se fait murmure, ce murmure devient phrases, l'enfant raconte son histoire. Ce chuchotement passe d'arbre en arbre, l'histoire qu'il raconte est celle qu'il voulait connaître, celle d'un enfant maître de son existence, de ses sourires et de ses battements de coeurs cristallin. Il voulait sentir la chaleur d'une aile blanche la couvrant de son amour. Le grondement formidable des écumes blanches naissant du berceau de la vie, lui fait voir un mouvement joyeux et incessant. Il voit un écureuil virevoltant, le renard sortant son museau, la mouette criarde rasant la vague, la dune, la foret lui parle, le pénètre se donne à lui. Son voyage ne s’arrête pas là. L’ombre le conduit dans les hauteurs des dunes de sable blonds. L'enfant sent le manteau du soleil sur son visage, sur son dos, comme une cape de lumière d’or parsemée des éclats dansants de la poussière.
Il entend l’alouette, la mésange, le coucou qui s’est levé. Chacun voulant l'accueillir dans sa maisonnette. C'est leurs poésies que l'enfant entends, leurs odes magnifiques à la vie et à l'existence de ses rêves. Ces rêves qui étirent les couleurs de l'arc en ciel pour y lire l'innocence et sentir la sagesse de l'enfant qu'il aurait dût être. L'enfant voile de son sourire de couleur la tristesse de ce qu'il voulait connaître, il masque la perversion de cette partie de l'humanité, de ces hommes, qui lui ont volés cette espérance chaleureuse et joyeuses qu'il l'aurait fait grandir dans l'amour de la vie. Un jeune pin fend la terre entracite, il se lance à la conquête du ciel pour sentir la vie venant du soleil, l'enfant pose son doigt pour sentir toute ses ramifications. Oh ! Des bruits de sabots écrasant les aiguilles de pins, dans son dos, le maître de la foret. Dans son oeil brun l'enfant peut y lire une infinie douceur comparable à la sagesse de son âme. Le cerf lève fièrement la tête, bombe son torse, lorsque l'enfant veut poser la main sur son museau. L'enfant n'a pas peur de ce géant, il voit à travers les bois majestueux de ce noble animal la tranquillité et la force de celui qui le défendra, c'est le cerf, son cerf. Il sait que l'enfant à perdu l'innocence alors, il le sent, le hume et l'enfant caresse son cou lui disant, que lui ne lui à rien fait, seul, les hommes sont capables de tuer l'innocence, pas toi, mon cerf, pas toi. Peut-être qu’un jour, un brame triste, longue plainte de désespoir, s’échappera de ses lèvres parce que l'enfant ne viendra plus dans ses rêves. Mais je l'entendrais pleurer alors je repartirais là bas, faire vivre cet enfant et donner à ce cerf royal l'espoir que l'homme n'assassinera plus les rêves innocent de l'enfant. Je vais continuer à garder les yeux fermer et regarder cet enfant sourire dans son paysage magnifique et accueillant, le regarder gambadait les bras déployés et ses mains formant des ailes emportant avec lui ma tristesse du moment.

ERIC