Bonjour Idée Noire
Je viens vers toi en lisant ton désarroi, mais sincèrement je n’ai pas connu les suites psychologiques d’un avortement, mais ayant des enfants, je peux comprendre combien la perte d’un « enfant » si petit soit-il, peut engendrer des douleurs de l’âme, de conscience très importantes.
L’acte de l’avortement étant un acte violent, contra nature et prenant généralement place dans un contexte de crainte et d’anxiété, puisque ton enfant s’est annoncé à un mauvais moment de ta vie….
Est-ce toi, seule qui a décidé de cet avortement, ou as-tu subi des pressions de la part de personnes de ton entourage (vu ton jeune âge), père de l’enfant et sa famille, ta propre famille ? Tu as pris cette décision dans un moment de déception intense et certainement pas avec enthousiasme.
Des personnes ont-elles pris le temps de te prévenir sur les éventuelles séquelles physiques et psychologiques d’un tel acte ? car souvent pour ne pas culpabiliser les femmes qui souhaitent un avortement, on ne leur donne pas beaucoup d’informations…(ou à l’inverse on leur montre des photos…)
L’équipe médicale, une assistante sociale t’ont-ils donné des éléments de décision cohérents ?As-tu eu un suivi psychologique après cet avortement ? Je pense que tu pourrais obtenir de l’aide à ce niveau pour parler de tout ça…. Ne refuse pas cette main tendue qui pourrait t’accompagner vers ce deuil que tu vis très mal.
Suite à cet avortement que tu as choisi comme un sentiment de libération, de soulagement pour clarifier une situation préoccupante (enceinte très jeune), tu passes maintenant au stade du regret, de la culpabilité, de la détresse….
Cet état dans lequel tu trouves maintenant peut être le fait des circonstances dans lesquelles l’avortement a été envisagé et que j’ai évoqué plus haut (famille, entourage).
Tu dis que tes sourires sont bien souvent superficiels… Tu essaies de ne pas perdre la face devant les autres mais je pense que tu devrais pourtant extérioriser ces remords qui te rongent pour qu’ils puissent voir combien tu vas mal et combien tu souffres…
Tu as besoin de pleurer cet enfant, d’en faire le deuil, de guérir également et de te pardonner…
Comment ta famille réagit-elle aussi à ces émotions ?Après ton avortement, tu as été soulagée, sur l’instant, d’avoir trouvé une « solution » à cette crise… mais maintenant ce soulagement fait places à des troubles d’estime de soi, culpabilité, anxiété, insomnies, cauchemars… ?
Idée Noire,
tu as le droit au deuil car en faisant ce deuil tu pourras enfin te libérer pour renaître à nouveau. Tu n’oublieras jamais et tu n'as pas à oublier cet enfant qui aurait pu grandir et que tu aurais pu éduquer (dans quelles conditions ?),
aurais-tu eu de l’aide, de la compréhension autour de toi, cet enfant aurait-il été accueilli pour ce qu’il était ou aurait-il été un fardeau pour toute une famille et ainsi se retrouver au centre du problème et peut-être être rejeté (cela existe malheureusement)… ?Toutes ces questions, il faut te les poser et essayer de trouver des réponses qui te permettront de voir un peu plus clair en toi.
Effectivement tu n’oublieras jamais ton choix et cet enfant à qui
tu as OSE enlever la vie, tu n’as pas OSE, tu as pris une décision qui te paraissait la plus juste et la plus appropriée à un moment donné. Ta douleur sera moins grande et moins envahissante si tu peux mettre des mots sur cette colère que tu as en toi,
tu n’es pas quelqu’un d’immonde loin de là, tu pourras, d’ici quelques années et lorsque tu auras fait ce travail de deuil, te retrouver femme, mère et envisager d’avoir un enfant à qui tu donneras encore plus d’amour.
Courage et je te fais de grosses bises
Claire de lune