Bonjour à vous;

Je pensais parler uniquement de moi, et je vais finalement commencer par un autre. Sans doute que son histoire m'a touchée, parce qu'elle recoupe la mienne.


Seb était jeune et beau; entre 25 et 27 ans, brun, viril, athlétique, de magnifiques tatouages. Il travaillait chez un notaire, jusqu'à ce qu'il claque la porte. Je ne sais pas grand chose sur lui, sauf ce que sa copine en disait, et le peu de fois où je l'ai croisé. Immature, sensible, et perturbé. Il vivait dans un petit studio avec une terrasse, il avait des chats et des chiens, et il buvait trop.

Un jour, elle a voulu rompre à nouveau. Elle le trouvait trop jeune; elle était dans une spirale infernale d'autodestruction depuis des années; elle n'était plus amoureuse; elle buvait trop.
Il a menacé de se suicider si elle le quittait, cette fois. Moi, j'ai dit à ma copine : fuis ce mec!
Moi, je sortais de l'hôpital, après une tentative de suicide, j'étais assommée aux antidépresseurs, anxiolytiques et autres, et j'étais au chômage depuis des mois; comme eux.
Leur relation battait de l'aile, ils allaient très mal tous les deux. Je lui ai dit : il faut qu'il consulte, il a besoin d'aide. (Elle était plutôt lucide sur ses problème, mais elle ne voulait pas entendre parler d'un psy pour elle-même, pour d'excellentes raisons personnelles dont je ne débattrai pas ici).

Un jour, elle m'a appelé pour que je vienne la chercher. Dans la nuit ils avaient beaucoup bu, s'étaient engueulés, et il lui avait cassé la gueule. Aucun des deux ne se souvenaient des détails; il disait qu'elle l'avait provoqué, qu'elle l'avait frappé et que ce n'était pas la première fois; on ne saura jamais, mais es-ce que ça a encore de l'importance? Elle, je l'ai emmenée d'urgence chez le médecin, elle a failli perdre un oeuil.
Il m'a téléphoné. Il était en colère et agressif, il voulait lui parler; je n'ai pas vu son désespoir et la culpabilité qui le tuait. J'étais en colère contre lui.
Elle l'a quitté. Sa soeur, à lui, a essayé à son tour de lui faire voir un psy, sans succès.
Il lui a envoyé des textos; elle n'a rien dit à personne. Dans l'un, il disait qu'il n'avait pas réussi à sauter de la table. Dans un autre, il l'insultait. Il a menacé de se suicider.

Un matin, une femme qui amenait des enfants à la garderie d'à côté l'a retrouvé pendu sur sa terrasse. Il avait réussi à sauter de la table.

Il s'est pendu. Personne n'a vu, personne n'a cru, mais il s'est pendu. Nous sommes tous coupables, et nous sommes tous innocents. Il est mort seul, et désespéré, et en colère; comme moi, il était borderline et en dépression majeure, et JE n'ai pas vu. Personne pour comprendre son instabilité émotionnelle, la dégradation de ses relations sociales et familiales, culpabilité et irritabilité et besoin désespéré d'amour. Quand j'ai compris, c'était déjà fini. Je n'ai vu que le chantage émotionnel, la culpabilisation des proches, la violence. Si j'avais reçu ces SMS.
Et aujourd'hui je suis comme lui. Seule et désespérée et en colère, et personne à qui parler, personne qui comprenne, je ne peux même pas parler de lui à quelqu'un qui l'ait connu, parce que je ne parle à personne, et personne ne veux parler de suicide tout court. Ils ont tous bien trop peur. Moi j'ai peur de monter sur la table. Combien de temps son souvenir m'en empêchera encore?

Je ne sais pas comment finir, parce que ces quelques mots ne peuvent rendre justice de la vie d'un homme. Je le connaissais à peine, je me disais que ce n'était pas à moi de m'immiscer dans sa vie, et d'ailleurs on ne s'aimait pas trop. Je voudrais que ceux qui l'ont aimé parlent de lui.

c'est une bien triste histoire
souvent les gens culpabilise du suicide des autres les proches surtout mais en rien ce n'est la fautes des proches
tu l'a dit toi meme il avait des problemes il fallait qu'il consulte qu'il se fasse aider
lui a refuser de se faire aider vous autres vous avez essayer de l'en sortir mais si lui refuse de faire le premier pas la faute lui revien

ensuite tu dis vouloir faire comme lui ?
il avait besoin d'aide
ne pense tu pas en avoir besoin toi aussi??

apparement tu a deja tenter de te suicider je pense qu'il faudrait que tu raconte pourquoi qu'est ce qui te deplait dans ta vie etc tous les p'tits details qui pourrait aider les gens d'ici a t'aider ^^

amicalement !

salut poux,
merci pour ton message; je parlerai de moi dans un post ultérieur car pour l'instant je n'y arrive toujours pas.
en ce qui concerne Seb, je crois qu'il n'y a pas de faute...
++

ce n'est pas la première fois que j'essaie d'écrire mon problème. là, je viens d'y passer 6 heures, sans succès. comme c'est bizarre. on pourrait résumer par pas de travail pas de famille pas d'amis pas d'argent arrive pas a sortir de la maison, plus d'aide medicale plus de psys plus de médocs-qui-marchent-pas, plusieurs années que ça dure, attaque de panique maintenant. aucun espoir d'amélioration. mais alors pourquoi j'arrive pas à me foutre en l'air? comme c'est bizarre.

j'ai connu aussi ca , mais contrairement a toi a la fin j'me suis dit un truc du genre "bah puisque t'arrive pas a te suicider , va te faire soigner"

et apres j'ai ete en HP 1 mois

Bonjour Mina,

Je vois bien que tu te décris par des "pas de...."
Pourrais-tu faire l'exercice inverse c'est à dire décrire ta situation parce que tu as par exemple, et ensuite ce que tu es (étant entendu que c'est en fait ce que tu crois être).
Merci par avance.

@poux: je suis allée me "faire soigner". Plusieurs fois. Ça fait des années que ça dure. J'ai vu des tas de psys, pris des tas de médocs, je connais l'HP par coeur. Tout le monde m'a dit: tu vas voir, ça va s'arranger. Ça a empiré...

@Ariane: je comprends la démarche et je la connais, je l'ai souvent faite. Je sais ce que j'ai. Quand à ce que je suis... c'est là que le bât blesse. Je ne suis plus grand chose, et certainement pas ce que j'aurai voulu, ha ha.

Il y a des jour où je me lève et je me dis: changeons cette stupide situation! J'ai fait plein de choses avant, pourquoi pas... ha ha une attaque de panique, stupide mais efficace. Dommage que les quelques anxiolytiques efficaces... je ne peux pas prendre un xanax 50 toutes les 3 heures. Si?

Bonjour Mina,

Donc si je comprends bien tu connais à peu près tout: les psy, les médocs, les HP, etc...
Ton cerveau rationnel te dis que tu as tout fait, il te mène droit au fond du trou.

Ton cerveau robot: ou inconscient te pousse à agir dans un sens qui ne te plaît pas (voir cerveau rationnel, conscience de soi, critique de soi et de ses schémas qui se répètent).

Ton cerveau émotionel est celui qui "commande" le robot. Ainsi si l'on pouvait savoir ce que tu ressens vraiment cela nous parlerait plus.

Certains estiment qu'en fait il n'est pas si nécessaire de comprendre, il s'agirait plutôt de changer de comportement, pour cela il est utile de s'appuyer sur de nouvelles pensées, de nouveaux ressentis.

Mais tu sais sans doute tout ça.

Pourrais-tu si tu ne veux pas encore t'exprimer vraiment sur toi, imaginer que tu as des capacités bien supérieures à tout ce que tu crois aujourd'hui et donc entre autre la capacité de ressentir des émotions agréables que tu voudras renouveler dans l'avenir.
Que ressens-tu vis à vis de cet être qui "n'est plus grand chose"?

Salut Ariane,

Pour moi comprendre est primordial; mais j'ai découvert que, contrairement à ce que je croyais, ça ne suffit pas toujours pour changer les choses.
Du peu que j'en ai lu il semblerait qu'une thérapie cognitive comportementale serait une solution; si quelqu'un en faisait dans mon coin...

Je n'ai pas trop de mal à m'imaginer des capacités supérieures : je me souviens très bien les avoir eues.
En ce moment ça va même bien, je trouve : par ex. j'ai vu un bon film et je l'ai trouvé bon. Le plaisir passif dans un cadre sécurisant est donc de nouveau possible certains jours. Entre deux crises.

Le coeur de mon problème est émotionnel. J'ai conscience que mon ressenti vis-à-vis de moi-même est négatif (haine, culpabilité, dégoût, etc). J'ai conscience de ne pas maîtriser mes émotions. Mon instabilité émotionnelle (et les extrêmes qui en découlent) torpille cycliquement mon univers, à tous les niveaux. Jusqu'à présent je ne suis jamais allé bien suffisamment longtemps pour remonter la pente.

Revenons sur mon ressenti vis-à-vis de moi. Je sais pourquoi, je sais ce qui provoque les rechutes. Je sais donc à nouveau pourquoi je m'isole : par peur de souffrir un nouvel échec, une nouvelle rechute, qui va déclencher une crise et relancer le cercle infernal. Je pète quand même les plombs dans mon coin, car y être est aussi douloureux et preuve d'échec.

Heu... je ne sais pas si tu me suis, mais c'est très utile d'avoir ton retour.

(concernant la TCC je précise : il n'y en a pas dans mon coin sinon j'aurais tenté depuis longtemps)