J'ai remarqué que Tous dans ce forum ont perdu enfants, femme, mari, amis, frères et soeurs ou parents, grands-parents. Souvent trop tôt. Je voudrai vous raconter mon histoire, qui à l'air de rendre indifférente ma famille et mes amis.
Mon arrière-grand-mère est décédée le 10 février 2010, à l'âge de 94 ans. Oui, me direz-vous, elle avait fait son temps. En effet, sa dernière amie venait de mourir quelques mois auparavant. Elle se sentait un poids pour nous, sa famille (3 enfants, 3 petits enfants et 6 arrières-petits) qui la soutenions; on passait énormément de temps avec elle, c'était un monument. Tous de nos repas de familles étaient organisés pour son bonheur. Elle a été en pleine forme jusqu'au bout, elle parlait, n'avait pas d'absence, rien. Sauf le jour où elle m'a dit, pour noël 2009 (j'avais alors 17 ans), qu'elle n'avait plus la force de vivre, qu'elle voulait partir.
2010: l'année de mon bac, de mes 18 ans. Je ne voyait pas sa mort arriver si vite. Elle est morte pendant mon bac blanc. Je l'ai vu, le mercredi après-midi, sur son lit. Beaucoup n'ont pas compris pourquoi j’étais allée la voir. Est-ce si hors norme?Lors de cette dernière visite, toute la famille était là. Ils avaient l'air de dire que c'était le cours normal des choses. Je voulais pleurer, et je n'ai pas pu. Ils avaient l'air si joyeux... Je n'ai pas compris. Est-ce si hors norme? Hélas, mon lycée était loin de chez elle (j'étais en pension) et j'ai du retourner le soir même, sous la pression de ma famille à l'école, afin de terminer mon bac blanc le jeudi et vendredi. Quel déchirement! Travailler, alors qu'on était en train de l'enterrer. Personne n'a jamais essayé de savoir si je m'en sortais, émotionellement. je me sens seule face à quelque chose qui m'a dépassé et qui me dépasse. J'ai donc eu 18 ans en mai, eu mon bac en juin et fait une fête en juillet pour fêter cela avec ma famille. Elle m'a énormément manquée. Un si grand vide. Et personne n'avait l'air effrayé qu'elle n'existe plus.
Merci de m'expliquer pourquoi le deuil est si dur pour moi? Est-ce normal de souffrir pour cette mort qui était certaine? Le processus de deuil peut-il prendre longtemps?

Bonsoir poupouillou

D'abord sache que cette déchirure que tu ressens est normale, cette douleur fait partie du processus de deuil effectivement dont la durée est différente selon les personnes, leur sensibilité, la relation qu'elles avaient avec le défunt ou la défunte.

Tu exprimes justement cette différence dans le deuil. Tu le vis apparemment bien plus difficilement que les autres membres de ta famille.

Avais-tu une relation plus proche, plus affectueuse avec ton arrière-grand-mère que les autres arrières-petits-enfants, voire ses petits-enfants.

Es-tu la plus jeune des 6 arrières-petits-enfant ou la plus âgée ?

Ton arrière-grand-mère t'a fait part de son "désir" de partir, cette envie, qui en est presque une joie, pour les personnes âgées est souvent le signe, comme tu l'indiques, qu'elle ne voulait plus de ce combat contre la Vie. Tu dis qu'elle était en pleine forme jusqu'à la fin de sa vie, mais au fond d'elle-même, elle sentait bien que son état se dégradait, que la force s'échappait petit à petit de son corps.
Elle t'a fait "le cadeau" de t'en parler, elle a profité de ce moment d'intimité avec toi pour te faire comprendre qu'elle souhaitait partir sereinement et ainsi te dire "au revoir" au cas où elle n'aurait plus eu la capacité physique et mentale de te le faire par la suite.

Il est vrai que pour les enfants, le décès d'une mère est toujours une moment très éprouvant mais comme tu l'expliques, il fait partie de cours normal de l'existence. Le rapport avec la mort d'une personne très âgée est différente, les enfants savent qu'un jour leur parents vont partir.

Ce qui te choque le plus, c'est apparemment les réactions différentes des personnes de ta famille face à ce décès.
Tu dis bien "qu'ils avaient l'air joyeux", étaient-ils joyeux réellement ?

Tes parents ont fait le choix de ta non-venue à l'enterrement de ta grand-mère, effectivement je comprends que pour toi, cet épisode ait été douloureux, tu n'as pu accompagner ta arrière-grand-mère jusqu'à sa dernière demeure.
Tes parents ont priviligié ton bac blanc, est-ce qu'ils ont bien fait ou pas, je ne peux répondre à cela.

Pose-toi la question suivante : qu'aurait préféré ton arrière-grand-mère ? Que tu sois là, présente, ou que tu passes le bac. Qui a-t-il de plus important à ton sens ?

Citation :

Personne n'a jamais essayé de savoir si je m'en sortais, émotionellement. je me sens seule face à quelque chose qui m'a dépassé et qui me dépasse

As-tu l'occasion de reparler de tout cela avec tes parents, ta mère ou ton père ?

Tu as très bien fait d'aller voir ta grand-mère une dernière fois (elle était donc décédée ?), tu as eu le temps de lui faire un dernier adieu, d'être auprès d'elle.
Je suppose que tu as eu l'occasion également de te rendre sur sa tombe à la Toussanit voire peut-être auparavant et de pouvoir encore te recueillir.
Tout ces rituels font partie du processus de deuil et te permettent d'accepter sa mort ?

Est-ce la première fois que tu étais confronter à la mort d'une personne de ta famille ?

Rien est hors norme. Ne te culpabilise pas de n'être pas allée à l'enterrement, tu étais avec elle par la pensée et elle était dans ton coeur.Elle s'y trouve et y restera toujours.

Courage
Clair de lune

Merci de votre réponse et de ces mots réconfortants.
J'étais effectivement la plus âgée de tous ses arrières-petits-enfants. Lorsque je suis allée, lui rendre ma dernière visite, elle était déjà morte. Le plus dur a été de partir et de penser que c'était la dernière fois que je la touchais, la voyais.
Sa mort est venue dans un moment difficile: mes parents étant divorcés, mon père et mon petit frère habitent loin. Ils n'ont pas pu se déplacer, et ma mère était en voyage en Inde. Je me suis donc retrouvée seule avec mes grands-parents pour dire adieu, de la part de mes parents et mon frère.
De plus, c'est effectivement la première fois que je suis confrontée à la mort. J'ai encore la chance de posséder 2 autre arrières-grand-parents, dont l'un à l'age de ma défunte mémé. Hélas, ils habitent loin et cela renforce en moi la peur de cette mort qui leur est proche.

Merci de votre soutien et de votre compréhension.

Bonjour poupouillou

Le fait d'être la plus âgée des arrières-petits-enfans (ce qui me semblait logique par rapport à ton récit) t'a mis dans une situation d'ambassadrice par rapport à l'absence de tes parents et donc tu a l'impression également de porter le poids de plusieurs personnes en deuil.

Tu as fait le geste si beau de dire adieu à ton arrière-grand-mère, d'être présente physiquement et par la pensée, tu lui as donc offert le plus beau des cadeaux qu'une personne si chère qui t'a aimée souhaitait de son vivant, même si celle-ci n'était plus là, tu as honoré sa personne et sa mémoire de tout ton être.
Je ne sais si tu es croyante, mais dans l'affirmatif, elle était certainement à tes côtés dans cet instant si intime.

Tu es confronté pour la première fois à la mort, cette mort qui entraine un manque qui correspond à des besoins qui ne trouvent plus de réponse. Ton arrière-grand-mère disparue, par sa présence, te permettait de combler certains besoins qui se retrouvent maintenant négligés et entraînent donc une tristesse déchirante, en vivant celle-ci, au fur et à mesure du deuil, tu retrouveras le goût de vivre et tu te remettras à la recherche "de la satisfaction".

Cette période peut-être plus ou moins longue selon les personnes... de plus, tes parents sont séparés, vivent loin de toi et tu n'as pas leur soutien direct, tu es également loin de ton petit frère qui vit avec ton père. Tu es donc seule... ? Avec qui vis-tu, as-tu un appartement d'étudiante ?
J'espère que tu as, autour des toi, des amies, des parents proches qui peuvent de soutenir. Parler est la façon la plus bénéfique pour extérioriser ton chagrin.
Clair de lune

Merci à toi, Clair de Lune qui m'a apporté ton soutien l'année passée.

Dans un message posté précédemment, j'ai évoqué mes deux derniers arrières-grands-parents en vie. Mon arrière-grand-père nous a quitté le mardi 19 juillet. Malheureusement pour moi et mon frère, nous sommes actuellement et depuis le 21 juin en voyage aux USA et ce jusqu'au 4 aout. La nouvelle a été un choc. il avait le même âge que mon arrière-grand-mère défunte mais nous étions moins proches il habitait plus loin.
Je ressens de la colère contre moi, car sa femme a eu une attaque cérébrale il y a quelques mois et requiert depuis une attention toute particulière et perd un peu la tête. Elle est plus jeune que lui et il était dépendant d'elle. Ce premier choc a conduit à un conflit à cause de maison de retraite et autre assistance. J'ai attendu longtemps avant d'appeler mes arrière-grands-parents de peur qu'elle ne me reconnaisse plus... J'ai appelé une fois et suis tombée sur Papo (mon arrière-grand-père). Il m'a parlé de sa fatigue qui augmentait avec tous ces problèmes. Je savais son sentiment, il était déja tres fatiguée et cette épreuve a été celle de trop.
Helas ma lacheté m'a empéchée de passer les voir avant mon départ. La peur de me confronter à une mort proche de Yaya (mon arrière grand mère). Et c'est finalement lui qui est parti.
Je me retrouve dans une situation semblable à l'an passée, avec des adieu qui ne se sont pas produits, un éloignement certain de toute ma famille (donc aucun soutien) et bien sur, une absence aux funérailles. Je me sens fautive, de toutes ces erreurs qui j'ai commises une fois et que je me suis permise de recommencer.

Je me sens nulle (et c'est le terme) et la douleur est double car je n'ai pas encore eu la force et le courage de faire le deuil de ma Mémé.