Bonjour, j'ai 32 ans et il y a une dizaine d'années, j'ai subi un IVG. A partir de ce moment là, j'ai commencer à foutre ma vie en l'air. L'alcool, les relations sans lendemain, tout était bon pour me détruire. Je suis donc retombée enceinte et là je n'ai pas eu le courage d'avorter une deuxième fois. Ensuite, cela a sembler s'améliorer. J'avais une petite fille que j'adorai, je vivais enfin avec l'homme de mes rêves. Mais mes vieux démons sont vite réapparus. Je culpabilise pour l'enfant que je n'ai pas laisser vivre, je culpabilise pour ma merveilleuse fille que je n'ai pas voulu et je culpabilise maintenant pour mon fils que j'ai tant désiré mais pour qui je ne parviens pas à être la mère que je voudrai être. Je me détruis de nouveau, seulement, maintenant je ne suis pas la seule à en pâtir. L'homme que j'aime et mes enfants en souffrent. Mais je n'arrive pas à accepter le passé et encore moins à accepter le bohneur que je pourrai vivre dans le présent. Je ne sais pas comment faire pour m'en sortir.

Bonjour Servilia

Cette destruction que tu t'infliges est le résultat de la culpabilité que tu ressens suite à cette IVG. Est-ce que tu as fait toi-même le choix de te faire avorter ou as-tu été plus ou moins sollicitée à le faire ?

Parfois les circonstances de la vie nous font prendre des décisions, sur l'instant, qui nous paraissent "raisonnables" pour nous et aussi pour ces futurs bébés.

Je n'ai pas connu ce problème moi-même mais je peux tout à fait comprendre que tu sois anéantie par ce deuil que tu n'as certainement pas accepté.
Tu as eu, certes, deux autres enfants qui ne sont pas là pour "remplacer" ce premier enfant inconnu, mais il faut te dire que tu n'as pas fait de mauvais choix et que maintenant, tu es là pour eux et pour ton mari, pour leur donner l'amour qu'ils ont tant besoin afin de se construire et s'épanouir.

Tu dis avoir refusé la venue au monde de ta "merveilleuse fille", il n'est pas évident de vivre une maternité après un choc aussi important qu'un avortement, même des années plus tard, mais vu comment tu parles de ta fille, il n'y a aucun doute que tu l'aimes ainsi que son frère.

Qu'aimerais-tu dire à ce bébé qui n'a pas été au bout de "sa petite vie", pour le réconforter et te réconforter par la même occasion ?

Amicalement
Clair de lune

l'avortement était le choix que ma tête me dictait mais pas celui du coeur. Les enfants ont toujours étaient très important pour moi. Mais mon coeur me dit que j'ai été lâche. D'accord, je n'était qu'une étudiante de 21 ans, mon ami n'était pas l'homme de ma vie et je le savais parfaitement, mais j'aurai pu garder cet enfant et m'en sortir très bien. Je regrette mon choix mais ma fille est née des errances où m'ont poussée cet avortement. Alors, je me retrouve toujours devant ce dilemne : puis-je regretter un acte qui m'a apportée par la suite ce merveilleux cadeaux ? Mon attitude poussera-t-il un jour ma fille à se poser des questions sur ma volonté d'être sa mère ? Je n'arrive pas à déculpabiliser et j'ai surtout peur que ma fille me reproche un jour de ne pas l'avoir désirée. Je voudrai pouvoir croire que j'ai droit moi aussi au bonheur malgré le passé.

Il est difficile parfois dans la vie de concilier à la fois une vie de maman et d'étudiante, certains peuvent affronter les deux parce qu'ils sont entourés, aidés, d'autres non car ils ne reçoivent pas le soutien espéré ou ne désirent pas (au fond d'eux-même) "déranger" leurs parents, de surcroît des futurs grands-partents avec un enfant à naître et à éduquer durant une certaine période.

Citation :

le choix que ma tête me dictait mais pas celui du coeur

Tu as donc fait ce choix à un moment donné en essayant de peser le pour et le contre d'une décision si difficile à prendre. A l'époque, avais-tu tous les éléments qui te permettaient de faire le bon choix, le choix définitif d'arrêter ou de continuer ta grossesse ?

D'autres diront que l'avortement est un fait ignoble, car il faut savoir prendre ses responsabilités de femme et de mère, mais la venue d'un enfant peut également contrecarrer l'avenir professionnel et également l'existence de l'enfant dont l'équilibre n'aurait peut-être pas été celui souhaité sans l'amour paternel. En l'occurrence, le père voulait-il de cet enfant, aurait-il pu assumer ce rôle ?

Il est difficile de te demander de ne pas te sentir coupable, mais il faudrait que tu remémores ta situation au moment de cette décision que tu as faite avec "ta tête", ton coeur n'étant pas disponible car il devait être apparemment très chahuté, très préoccupé, le futur papa n'étant peut-être pas prêt, lui non plus, à assumer la naissance de son enfant...

Tu as regretté ton choix d'aller à l'encontre de "ta propre envie d'être mère" pour des raisons que tu n'as pas encore su réellement analyser, tu as ensuite erré ton âme en peine en y trouvant consolation auprès d'un autre homme et tu as répété le scénario en te retrouvant enceinte une deuxième fois. Pourquoi ?
Pour réparer inconsciemment cet acte que tu estimes odieux et pouvoir donner la vie pour combler celle qui n'a pu naître ?

Oui ce bébé, cette petite fille est un cadeau merveilleux, unique en lui-même, à qui tu peux donner l'amour qu'elle attend d'une maman, cet amour qui la mènera à s'épanouir vers sa future vie de femme et de mère à son tour. Cet enfant ne doit pas devenir un exutoire à ta culpabilité ni à ton choix passé mais il doit, au contraire, être le renouveau qui te permet à nouveau d'avancer dans la vie, qui te donne une chance innouïe d'AIMER et de T'AIMER.

Nous faisons tous de mauvais choix, nous partons parfois vers des sentiers perdus mais nous retrouvons, au détour d'un nouveau chemin de la vie, une nouvelle destination vers le bonheur, il est là, il te tend les bras, ceux de tes enfants et de ton mari qui t'aiment.

Très amicalement
Clair de lune