Je viens d'apprendre quelque chose d'odieux, d'abominable.
La nièce de mon beau-fils , une adorable fillette de 11 ans, est tombée de cheval et est dans le coma.
On vient d'annoncer aux parents qu'il n'y avait plus rien à faire, elle est en train de mourir.
Cette gamine est un petit trésor !
Vive, joyeuse, aimante, gentille avec tout le monde, attentionnée.
Elle a 11 ans et illumine la pièce dès qu'elle entre.
C'est inconcevable, c'est impossible qu'elle meure !

La petite Léa est morte cette nuit...
Je suis dégoûtée, lasse, lasse...
Mon petit fils , qui aura 3 ans cet été, et qui vient d'enterrer sa Mamé, est tout chamboulé.
Pour son arrière-grand-mère, nous avions répondu à ses questions par "Elle était malade et très vieille, elle avait fini de vivre".
Mais que lui dire , comment lui expliquer que sa cousine est morte alors qu'elle n'était qu'une enfant, et qu'elle n'avait pas "fini de vivre" ?
Il est allé à l'enterrement de sa Mamé, faut-il qu'il aille à celui de sa cousine ?
Il va assister à des scènes de déchirement bien plus dures que pour sa Mamé...
Ma fille pense qu'il doit y aller, ainsi que sa fille de 17 mois.
Les grands-parents paternels seraient sans doute réconfortés de voir les deux petits, mais cela n'est-il pas dangereux pour leur équilibre psychologique ?

Je réponds certainement un peu tard à tes questions Claireau et je m'en excuse mais j'imagine que même si l'enterrement a eu lieux, en une semaine ton état psychique et celui de toute la famille de Léa n'a pas vraiment évolué! Lorsque nous apprenons un décès qui nous touche, nous réagissons tous plus ou moins de la même manière, à part en cas de déni du décès! En effet, selon moi, la première étape d'un deuil se compose nécessairement d'interrogations qui resteront, bien entendu, sans réponse, mais qui nous aideront à accepter ce décès, aussi injuste qu'il nous paraisse! Parmi ces questions: Pourquoi cette personne? Cette dernière nous permet de prendre conscience du décès en acceptant que ça n'arrive pas qu'aux autres ! En effet, la mort nous angoisse tellement (consciemment ou inconsciemment) que nous refoulons totalement une caractéristique pourtant essentielle de la mort : elle nous emportera tous tôt ou tard ! Pour diminuer la tension pulsionnelle liée à la question : « Pourquoi cette personne ? », nous tentons de nous persuader que cette dernière a bien vécu aussi bien qualitativement que quantitativement. Mais parfois ce n’est pas le cas ! Parfois on ne peut pas répondre à « Pourquoi cette personne » par « Parce que c’était son heure » tout simplement parce qu’on ne peut pas admettre que la vie d’une personne se termine avant qu’elle ait réellement commencée ! C’est inadmissible et innommable comme tu l’as si bien dit Claireau, et pourtant c’est réel ! Pourtant la vie ne tient qu’à un fil quel que soit notre âge, à nous d’en tirer des leçons pour mettre un terme à notre deuil. C’est vrai que ce que je dis est un peu « facile » mais comment pourrais-je décrire le deuil « parfait » ou encore « type » d’un enfant ? Face à ce genre de deuils, chacun d’entre nous tente d’apaiser cette tension pulsionnelle comme il peut : certains se tuent à la tâche, d’autres se tournent vers la religion, d’autres encore tombent dans la dépression, voir même la mélancolie, etc. Ce qui est certain Claireau c’est que vous ne devez pas cacher la mort de Léa à ton petit fils ! Trouver les mots n’est certes pas facile mais ça sera toujours mieux que de lui cacher ce décès ! Quant à l’enterrement je ne pense pas que ce soit la place d’un enfant même si ces derniers ont besoin eux aussi de faire leurs adieux !

Merci P6cho, et surtout ne t'inquiète pas si tu as mis du temps à répondre, chacun fait comme il peut !
Nous n'avons jamais pensé cacher le décès à mes petits -enfants , mais nous avions peur des questions éventuelles du plus grand ( 3 ans dans 2 mois)
Mais il n'y a pas eu questions...
Ma fille et mon beau-fils sont venus avec eux, et près du cercueil, et à l'enterrement, cela ne semble pas les avoir angoissé.
Il y avait un monde fou, et beaucoup d'enfants, et la maman de cette petite avait tout fait pour que cela soit un hommage à sa fille, et non une cérémonie lugubre.
Par respect pour sa fille...
Elle nous a donné une magnifique photo sous laquelle elle a ajouté ces mots : "Souriez, sautez, courez, vivez à fond !".
Le printemps est toujours là, avec ses explosions de couleurs et de senteurs, ses chants d'oiseaux, ses lumières changeantes...
Aujourd'hui, c'est le jour de son anniversaire, elle allait avoir 11 ans...

Bonjour Claireau,

Je viens de découvrir ton post et j'en suis bien désolée naturellement !! Je suis du même avis que P6cho, je n'aurais rien dit de mieux (surtout que la forme que je mets pour le dire n'est pas toujours très adaptée!!).

Je n'ai pas non plus les clés pour un deuil parfait, je ne sais même pas si on peut toujours le faire Une voie qui aide est d'éviter de se torturer avec les questions du genre "qu'aurais-je pu faire de mieux, comment aurais-je pu l'éviter, pourquoi n'aie-je pas fait ça?" Là en l'occurrence, personne ne pouvait éviter la chute...

Un deuil doit se vivre et passer par les stades émotionnels adéquats, il doit s'exprimer oralement avec des pleurs, de la colère...

Bon courage à toi en tous les cas et à la famille !!

"Se tuer à la tâche pour apaiser cette tension pulsionnelle" est la voie que j'ai choisi depuis plus de 15 ans maintenant. Il faut néanmoins se rappeler sans cesse que nous avons la chance d'être encore en vie... montrons à la vie de la reconnaissance, faisons ce que nous savons faire de mieux ... AIMONS!

Merci My Illusion !
dans le cas de lma mort d'un enfant, je trouve que c'est difficile, voire impossible de se dire qu'on a la chance d'être encore en vie...
Ca aurait été plus logique, moins injuste, moins dramatique que ce soit moi qui meure !
Pour le moment, je suis Ko, je n'ai même pas l'énergie de me tuer à la tâche, je suis un peu comme en "stand by", je fais ce qu'il y a à faire, mais juste le minimum, rien de plus.
Et je console, disons plutôt que j'accompagne, comme je peux les grands-parents maternels de cette petite, qui sont aussi les grands-parents de mes petits-enfants.
Je suis moins proche de la maman, mais elle a des amies, et sais qu'elle peut faire appel à moi quand elle veut, si elle le désire.
Quant à mon moral, en stand by lui aussi, mais sans sombrer...ça servirait à quoi ?
Et j'ai un antidépresseur très puissant : mes deux adorables petits-enfants, qui sont mon Prozac à moi !