La mort, et après ?
J'aimerais tant croire que...mais je ne crois pas que...
J'envie ceux qui croient qu'après la mort, il y a une autre vie, que la personne continue à exister, même si c'est sous une autre forme que celle que nous connaissons.
Bien sûr, même pour ces "croyants", la séparation d'avec la personne aimée est violente, mais au moins elles peuvent se consoler en pensant au bonheur de la personne disparue : au moins, celle-ci peut continuer à vivre, à avoir du plaisir, à voir le beau, à vibrer...puisqu'il parait que "l'au-delà" est si beau...
Je ne crois pas en cela, pour moi, la mort c'est la fin, le néant, le corps et l'esprit qui disparaissent, inanimés.
Ne me reste plus qu'à m'accrocher aux souvenirs, aux moments passés ensemble, à ce que la personne défunte a fait, a dit, a transmis, a créé.
Et ces créations, ces paroles, ces actes, ça c'est toujours là !
Ce que la personne disparue a transmis se perpétue, par ceux qu'elles a aimés.
Par ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants, et toute autre personne ayant été en contact étroit et profond avec elle.
Ma maman est morte ce 24 avril... et peu à peu je prends conscience de ce qu'elle m'a légué : cette soif , ce bonheur de vivre, cette force qui fait que toujours je me relève et vais de l'avant, ce goût de la liberté, des grands espaces , du silence et des paysages grandioses, cette faculté de me réjouir et d'apprécier les petites choses, cet esprit d'indépendance, ce désir de rester vigilante, de ne pas accepter les idées reçues, de garder l'esprit critique, cet amour des fleurs ...
Quand je sème mon potager, quand je plante une fleur, quand j'admire une belle lumière, un beau paysage, je sens son souffle en moi.
Non pas son souffle venu de "l'au-delà"...c'est plutôt une sorte d'héritage .
Une part de moi-même vient d'elle, je ne parle pas des gènes, je m'en fiche des gènes, je parle de tout ce qu'elle m'a donné, jour après jour.
Mais qu'est-ce qu'elle me manque déjà, et qu'est-ce que je suis triste pour elle qu'elle n'ait pas pu vivre encore, elle qui aimait tant ça !

Odile,
pour parler uniquement de ces petites filles, et ne plus ramener tout à moi, je reprends le clavier...
J'ai rencontré, plusieurs fois dans ma carrière, des enfants orphelins.
Parler de leur père, oui bien sûr ! Leur permettre d'en parler : oui, oui, que ce sujet ne soit jamais tabou, qu'on accueille toujours leur propos, quels qu'ils soient.
Un psy ou pas ?
Je pense qu'un psy n'est pas indispensable SI leur entourage est à la hauteur, je veux dire si leur entourage ne craint pas d'en parler et sait les écouter.
Je crois qu'il est très important aussi de dire à l'enfant que son parent l'aimait , de le lui répéter souvent, même des années plus tard. De lui dire, quand il a réussi quelque chose que son parent aurait été fier de lui; mais sans manipulation (pas pour obtenir qqch , pas par exemple : "Fais ça, ça aurait fait plaisir à ton papa"!)
Attention aussi à ces enfants qui protègent le parent survivant ! Je l'ai déjà vu plusieurs fois, c'est désastreux...ces enfants encaissent toute la douleur du parent qui leur reste, jusqu'à parfois même inverser les rôles (ce sont eux qui deviennent les protecteurs...).
Non seulement ils jouent un rôle qui n'est pas le leur, ils n'ont plus l'occasion de vivre leur enfance, mais en plus ils ne peuvent plus exprimer leur propre douleur.
J'ai connu une petite fille, qui après la mort accidentelle de sa mère, a consolé son père, qui se laissait complètement aller, pendant des années.
Mais sa souffrance à elle, elle n'en parlait jamais.
Un jour, elle s'est entaillée les veines, dans les toilettes de l'école.
Plusieurs profs, n'ayant rien compris, ont cru qu'elle faisait son intéressante...
Je lui ai parlé, en commençant d'abord par lui dire que j'avais eu vraiment peur pour elle.
Puis je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça ..."Pour retrouver maman ..."
Je lui ai expliqué qu'il n'était pas sûr qu'elle retrouve sa maman ainsi, et que de toute façon sa mère l'aimait tellement qu'elle n'aurait jamais voulu que sa petite fille meure pour elle.
Je ne savais pas vraiment quoi dire, les mots me sont venus ainsi, il fallait bien que je lui dise quelque chose...
Et cette petite fille s'est métamorphosée, redevenant une petite fille, qui avait été aimée par sa maman...elle s'est épanouie d'un coup, elle qui restait à l'écart, silencieuse jusqu'alors.
Douleur et manque, il y aura, c'est inévitable.
Qu'au moins, ces enfants soient entourés, soutenus, aimés, choyés, qu'on leur permette de pleurer, puis de rire à nouveau !
Seulement alors, elles pourront se relever, car même quand un enfant vit un drame, il a une force inouie en lui qui lui permet de se relever, bien plus de force , d'élan de vie que nous en fait...
C'est ce qu'on appelle la résilience.

Bonjour Odile,

J'admire ceux qui ont la Foi...

Il y a eu dans ma famille des drames épouvantables : 2 jeunes adultes, 2 enfants morts à 15 jours d'intervalles.. le frère et la soeur, 2 enfants d'une même famille. Se retrouver tout d'un coup sans aucun de ses enfants..
Les parents ont gardés la foi après ceci... moi 25 ans après je ne m'en remet pas....
La où les psy étaient plus que dépassés, la foi les a aidés....

Par contre la résilience comme parle Claireau, oui j'y crois... on peut se relever du pire.... Mais il y a un énorme 'travail " aussi... Sujet vaste....
Les enfants ont ils plus de ressources que les adultes ? Surement.. La parole aidera beaucoup, mais pas forcément celle d'un psychologue...

Attention, je ne "crache" pas sur le travail des psychologues ! Je pense simplement que lorsque il n'y a pas "pathologie", ce n'est pas forcément indispensable.
Dans le cas que j'ai cité, avec cette petite fille, un psychologue aurait sans doute été bénéfique, le père et les grands-parents ne permettant pas à cette enfant de vivre son deuil .
Même son cri de désespoir et son appel au secours n'ont pas été entendus...
La résilience ? Je vous assure que où je travaille, je vois des enfants vivre des situations dramatiques, horribles, et s'en relever !
Pas toujours, bien sûr, cela dépend je pense de l'amour qu'ils recoivent, et puis du caractère permanent ou "ponctuel" de leur drame.
La parole, l'écoute, encore et toujours !
Ne pas les enfermer dans un mur de silence ! Oser parler de tout, oser répondre à toutes leurs questions (sans non plus aller au-delà de ce qu'ils demandent à savoir!), oser leur permettre d'exprimer leurs angoisses, ne pas étouffer leurs cris d'anxiété, de souffrance...
Et aussi ne pas se choquer s'ils se remettent bien vite à jouer, à rire, à être "futiles" et légers...
Un enfant est plus "animal" que nous, est plus animé par ses instincts de survie !