Bonjour,

Avant toute chose, il est important de rappeler qu'il n'y a pas une schizophrénie mais des schizophrénies, qu'aucun patient schizophrène ne ressemble à un autre patiente schizophrène, ils sont tous différents. Ce qui va suivre n'est qu'un ensemble "théorique" d'un tableau schizophrénique. En aucun cas, il ne s'agit de s'identifier à ce tableau en temps que personne mais juste de vous éclairer sur cette psychose bien connue et à laquelle on entend parler à "tort et à travers" . Ce tableau schizophrénique ainsi que toutes les définitions que je mettrais sur ce forum sont tirés du livre "dictionnaire infirmier de psychiatrie" édition masson. Il est important de citer mes sources pour que vous compreniez que ces définitions sont tirés de source sûre et peuvent donc être considéré comme sérieuse.

De plus, je travaille en psychiatrie depuis près de 6 ans, je côtoie donc ce style de pathologie (et d'autres) au quotidien. Je tenais à signaler qu'en aucun cas, même si vous avez l'un des symptômes cités si après vous devez vous considérer comme schizophrène. TOUT DIAGNOSTIC DOIT ETRE FAIT PAR DES PERSONNES COMPETENTES : LES PSYCHIATRES. Eux seuls peuvent ou pourront dire si vous souffrez de telle ou telle pathologie. Ces posts n'ont pas ce but là, en aucun cas, nous ne ferons ce style de diagnostic ici. Merci d'avance.


Définition :

La schizophrénie est l'ensemble des affections caractérisé par la dissociation de la vie mentale, des idées délirantes, un syndrome déficitaire et une évolution chronique. L'étiologie est inconnu même si de nombreuses hypothèses ont été avancé durant des années. Elle touche environ 1 % de la population. C'est une pathologique qui ne se guérit pas. Elle peut évoluer, se stabiliser mais en aucun guérir. La schizophrénie touche le plus souvent des sujets jeunes et apparaissent dans la post adolescence (de 18 à 35 ans) ceci ne sont que des chiffres. Il y a des exceptions. L'apparition de la schizophrénie peut avoir été majoré par des substances toxiques (shit, drogue dur, etc..) Attention, je ne dis pas que tous les toxicomanes sont ou peuvent devenir schizophrène mais il a été observé que l'apparition des premiers symptômes sont majorés par des produits toxiques.


Symptomes :

- Le syndrôme dissociatif :

# on observe souvent un discours flou, le sujet passe du coq à l'âne (le discours n'est pas cohérent) associé à des barrages (le patient se bloque d'un coup)
# Trouble du langage : incompréhension, altération syntaxique.
# Trouble du système logique : flou de la pensée, pensée magique.
# Ambivalence affective (le patient sourit en évoquant la mort d'un proche) émoussement affectif
# Bizarreries : Sourire immotivé (aucune raison de sourire au moment où il le fait)
# Syndrome catatonique : Ils regroupent plusieurs symptômes psychomoteurs qui lorsqu'ils sont tous réunis constituent la forme catatonique. Ex : le patient s'oppose à tout contact physique, passivité, mimétisme (le patient imite la personne en face de lui) , patient répète toujours les mêmes phrases, impulsions auto ou hétéro-agressives.

- Le délire

# La chronicité (supérieur à 6 mois)
# Une thématique polymorphe (les thèmes sont nombreux)
# Hallucinations et interprétation (le patient interprête ce que nous lui disons)
# Participation affective faible (froideur, impulisivité pouvant conduire à des actes hétéro ou auto agressifs graves) une angoisse importante et une participation de l'humeur variable (état dépressif ou au contraire patient dans la toute puissance, euphorie)


- Le syndrome déficitaire

# Retrai, repli sur soit.
# Incapacité à éprouver du plaisir
# Ralentissement psychomoteur.
# perte de l'élan vital, émoussement affectif.


DIAGNOSTIC

On observe de mode d'entrée dans la schizophrénie, une entrée insidueuse et une entrée brutale. Dans les deux cas, le diagnostic sera posé avec prudence et après une durée d'évolution de 6 mois à an minimum devant :
- un syndrome dissociatif lié ou non à un syndrome délirant
- Une évolution des symptomes de plus de 6 mois
- un retentissement péjoratif sur le fonctionnement social, familial et professionnel.
- Un début après 15 ans et avant 45 ans
- Une absence d'étiologie organique ou de trouble thymique pouvant expliquer la symptomatologie.

ETIOLOGIE

Etiologie inconnue mais de nombreuses hypothéses ont été soulevé.

Données génétiques :

- On retrouve chez 25 % des shizos des antécédents familiaux. L'influence des facteurs génétique est loin d'être négligeable mais n'en est pas la seule cause.


Facteurs de risques périnataux

- Complications obstétricales (hypoxie ou anoxie nénonatale)
- Pathologie durant la grossesse (méningite, polyo, rubéole)
- Carence nutrionnelle (risque multiplié par deux)

Facteurs de risques toxiques

- Cannabis ou ectasy majorent les symptômes psychotiques.



EVOLUTION


Elle dépend de nombeux facteurs :
- la forme clinique, la réponse (ou non) au traitement médicamenteux et la qualité de la prise en charge. L'évolution peut se faire par poussée.



TRAITEMENT MEDICAMENTEUX


Il doit être débuté le plus tôt possible au cours de l'évolution de la maladie car la durée d'évolution de la pschysose non traitée influence le diagnostic de manière péjorative. Il est important d'informer le patient et sa famille des symptomes, du traitement et de l'évolution de la maladie.

- Les neuroleptiques : traitement phare de la schizophrénie. Prescrit en phase aigue et à long terme. Ils permettent d'atténuer le délire, et certains d'entre eux ont en plus une visée sédative.

- Les benzodiazépines (anxiolytique) : utilisation limitée dans le temps. Elles permettent de sédater le patient en attendant l'efficacité des neuroleptiques.

- Les thymorégulateurs : permment de réguler l'humeur du patient (agressivité, virage de l'humeur : passer d'un état calme à une impulsivité agressive)

- les antidépresseurs : sont souvent associés au neuroleptique car la plupart des schizos ont des symptomes dépressifs.



LES PSYCOTHERAPIES

Ecoute empathique afin de soutenir le patient dans ses relations affectives et sociales, observance du traitement et dans le rappel à la réalité.



Enfin, je finirais juste par ajouter que la schizophrénie peut se stabiliser grâce à un traitement médicamenteux associé à une psychothérapie. Le traitement médicamenteux est primordial pour stabiliser le patient et cela sera un traitement à vie. Malheureusment lorsque le patient se sent mieux, il arrête son traitement car n'en voit plus la nécessité et rechute.

Cela fait plusieurs années que mon père est schizoprhène.
Merci pour les infos, je ne sais pas si il prend ses médicaments correctements mais a chaque fois que je lui rend visite ( une fois par année ) il me parle normalement mais ensuite il part dans son délire, il doit sauvé la terre et tout.. enfin au début j'avais peur mais maitenant ca me fait rire, d'un cotés ca me fait un peu de la peine.
Et je ne pense pas qu'il suit une psychothérapie. Je pense que sa schizophrènie n'est pas si grave que ça enfin d'compte, ca me fait un peu peur qu'il devient complétement fou et qu'il perdre la raison, car il n'a plus de famille, et il à pas de travail il vit dans un taudit il mange que des boites en conserves et quand on lui donne de l'argent il s'en sert pour jouer à des jeux d'argent ... ( comme les chevaux et tout. ) quelque fois on lui donne a manger, bref ..

Je pense que tu ne dois pas avoir tous les symptômes pour être schizophrène, non? Tu pourrais juste préciser combien de symptômes il faut pour les catégories que tu as mis? (Désolée je fais la fine bouche, mais c'est mon job lol). Sinon encore merci Martincircus!!

En fait, j'ai mis les symptômes les plus courants. Après, comme je l'ai déjà dit, il n'existe pas un type de schizophrène mais des schizophrènes. Néanmoins, la plupart sont délirants et hallucinés, il est souvent observé aussi un émoussement affectif important. Je pense qu'il faut être très très prudent au niveau des "symptômes" car par ex, dans le service où je travaille, nous avons 3 schizos qui ont comme seul point commun un délire (une délire sans cesse, une autre délire à bas bruit et l'autre délire de temps en temps) et 2 sur 3 ont des hallucinations. Ce qui me gêne c'est de dire qu'il faut tant de symptômes pour être ou déclaré schizo, ça ne fonctionne pas comme ça, du moins, je ne le pense pas. On ne peut rentrer dans des cases les pathologies psychiatriques. Ca fait des années que je bosse en psy et je peux vous dire que ça ne marche pas comme ça.

J'ai juste dressé un tableau clinique "théorique" certains ont tous les symptômes que j'ai cité, d'autres non. C'est très très aléatoire et là encore à part des tableaux "francs" qui existent (là on ne se pose pas la question) seul des entretiens psy réguliers, une observation et des entretiens avec des psys peuvent déterminer si le patient est shizo ou pas. Il faut aussi souligner qu'aujourd'hui, les psychiatres ne font presque plus de diagnostic catégorique franc (plus comme il y a quelques années) .

Ma-lice, tu dis que c'est ton job ? peux tu préciser ?

Je suis très contente de t'entendre dire ça, en fait je suis tout à fait d'accord avec toi. J'avais un peu peur que les gens s'identifient à un symptome et se posent un diagnostic or c'est une série de symptome qui fait la maladie, c'est pour cela que je demandais des précisions. En fait, je suis personnellement plus pour la théorie du cas unique, sonc plutôt anti diagnostic... mais je comprend qu'un diagnostique corresponde à une méthode de soin et qu'il est donc important pour les professionnels de pouvoir en poser un.
La théorie du cas unique est simplement l'idée que chaque être réagit de manière unique à différentes situations et qu'il est en soi très difficile de regrouper les patients dans des symptômes basés sur des impressions subjectives. Malheureusement dans le monde psy ce n'est pas une idée très répandue et c'est, de nouveau, bien compréhensible. Il n'est pas évident d'apporter une stratégie de soin à quelqu'un à qui on ne pose pas de diagnostic claire, mais c'est la théorie qui me semble la plus adaptée. J'ai vu des cas, par exemple, ou le patient souffrait d'hallucinations mais n'était pas schizophrène, ces hallucinations n'ayant aucun affect sur sa vie courrante (par contre il a eu bien peur de l'être).
Un autre cas qui m'a été décrit était celui d'une patiente souffrant de stress post traumatique mais aussi de délires qui avait été diagnostiquée schizophrène en premier lieu et qui, après avoir changé de spécialiste a été rediagnostiquée. Parfois les gens ne se mettent pas dans des cases, c'est ça qui est passionnant, je trouve, dans la psychiatrie et la psychologie, parfois, par contre, le diagnostic est sans appel car très clair.
Je trouve qu'il est intéressant de réfléchir là dessus. Mon expérience personnelle me fait dire qu'être "mis dans une case" peur engendrer une grande détresse, mais je sais aussi que cela peut parfois s'avérer rassurant pour certains patients qui se sentent alors moins "seuls" devant leur souffrance. Je n'ai pas la réopnse à ces questions, j'aime simplement réfléchir dessus, remettre les choses en question, parfois cela ne passe pas très bien lol, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Pour le moment je suis étudiante, absolument passionnée de sociologie de la médecine, plus précisément de sociologie de la psychiatrie et de neurosciences (j'adooooore les neurosciences). L'année prochaine je commence une nouvelle formation pour avoir la double spécialisation en sociologie et en médecine, mais je n'y suis pas encore hein

et généralement je travaille pendant mes vacances dans le milieu médical ou paramédical. J'ai travaillé avec des personnes atteintes d'autisme l'année passée et cette année j'ai travaillé pour une "assurance invalidité" ou j'ai eu la chance de pouvoir suivre en tant que stagière un certain nombre d'entretiens psy. Mon travail portait principalement sur le risque de désinsertion sociale, mais il m'a fait réfléchir sur beaucoup d'autres sujets.
Cette année j'ai pu suivre mon premier cours de neurologie et je me réjouis de pouvoir le continuer après les vacances, c'est simplement passionnant! Sinon jusqu'à maintenant je me suis plus spécialisée dans la sociologie du corps, l'anthropologie de la santé et la socio de la psychiatrie. Donc je suis loin, très loin, très très loin d'être une pro du domaine, mais par contre je suis quelqu'un qui se pose PLEIN de questions à ce sujet et je suis contente de pouvoir en discuter ici avec des gens qui travaillent depuis longtemps dans le domaine!
J'avais comme plan de monter une cellule de "sport thérapie" à l'hôpital psychiatrique de ma ville, mais le directeur manquait de fonds pour cela, alors c'est repoussé à l'année prochaine, ma fois ^^

j'ai une question, le fait d'etre dans une clinique lorsque l'on es skizos, ne peut il pas agraver la situation ?

pourquoi cette question souris ? l'hospitalisation est souvent décidée à la fois par le psychiatre qui suit le dit patient et parfois la famille. Un patient schizo est souvent hospitalisé quand il est en rupture de ttt et que son "état" de souffrance est rendu à un tel point qu'une mise en place d'un ttt (le même que celui qu'il avait ou un autre) associé à une psychothérapie peut être nécessaire. Il faut savoir que le patient schizo quand il n'est pas stabilisé peut souffrir énormément surtout s'il est très délirant (que son délire est source d'angoisse) et énormément parasité par des hallucinations pas toujours très "drôles"(les hallus sont rarement drôle)

eh bien ma grande tante était skizo et mon grand père (son frère) ne supportait plus de la voir dans un hôpital psychiatrique donc as demandé à la ramener chez lui, et ça s'est arrangé un peu. c'est tout

L'hôpital psychiatrique est un lieu très particulier, certaines personnes ne le supporte pas bien et je pense que si un traitement ambulatoire est possible il doit être privilégié en règle générale.
Mon psychiatre disait "quelqu'un de suicidaire dehors est aussi suicidaire dedans, quelqu'un de schizo dehors est aussi schizo dedans". Et c'est assez vrai. Cependant, le cadre peut aider à gérer les crises car les patients peuvent faire appel à des professionnels à tout moment, l'hôpital peut aussi sauver des vies et parfois un séjour peut aider à trouver une bonne technique de soin. Maintenant, c'est sûr, ce n'est pas le paradis. Je ne sais pas comment cela se passe dans d'autres pays mais ici j'ai vu des situations intolérables en hôpital qui devraient être dénoncées. Je ne doute pourtant pas que parfois cela se passe bien et que l'institution reste utile.

Y a t-il d'autres troubles qui ressemble à celui çi ?

Merci.

Beaucoup de troubles s'entrecroisent, il y a des symptômes en commun ce qui explique qu'il soit difficile de poser un diagnostic pour un non-professionnel (et même parfois pour un professionnel). Il est d'ailleurs impossible de poser un diagnostic sans faire un suivi régulier avec la personne concernée. Par exemple pour le cas de la schizophrénie les symptômes négatifs peuvent faire penser à la dépression, le retrait sur soi, la tristesse, la dissociation peuvent aussi être dû à un stress post traumatique. Le sentiment de vide, qui fait aussi partie de la dépression et du stress post traumatique peut aussi faire penser à un trouble de la personnalité borderline et le retrait social peut être un phobie sociale... En gros c'est une science compliquée que de poser une étiquette sur quelqu'un (et pas toujours nécessaire, cela dépend des cas).

Je pensais plutôt aux symptômes : hallucination, délires.

Les symptômes ne sont pas en eux-même un diagnostic, il faut qu'ils soient associés entre eux pour pouvoir en poser un. Si tu as des doutes la seule personne qui pourra te dire avec certitude ce que sont ces symptômes est un professionnel

Justement ces symptômes çi sont associés avec d'autres.
C'est pas pour moi que je me demandais, mais pour ma mère. Elle a fait quelques séjours en HP. Elle m'a souvent parlé de se qui se passer (ex : odeur bizarre dans la rue, gens qui la suivent, un esprit qui la touche...).
J'ai grandi, j'ai fais des recherches et j'ai compris que c'était un délire... j'aimerais la persuadé, mais comme beaucoup de personnes, elle n'accepte pas le fait d'avoir un problème.

Tu peux lui conseiller d'en parler à son médecin généraliste de ses problèmes, il pourra la référer à un spécialiste et cela sera moins dur pour elle d'entendre cela de son médecin que de quelqu'un de sa famille

Je lui ai déjà dis. Elle refuse absolument de voir quelqu'un.