Tifanyy,
J’ai relu toutes tes posts depuis ton arrivée sur le forum et il me semble que tu as peur d’être seule, tu as peur d’être abandonnée à la fois par ton père (tu crains qu’il rechute de son cancer et qu’il meurt), tu n’as pas supporté le conflit avec ta copine d’enfance, qui était, je pense, plus une sœur de cœur qu’une copine, d’où cette blessure intense depuis son comportement irréfléchi et méchant à ton égard.
Tu as également été angoissée par la maladie (dépression) de ta maman.
Tes parents, par leur maladie, t’ont abandonné à chaque fois, ils ne pouvaient plus faire face et être présents, attentionnés, chaleureux.
Pendant ta petite enfance, tu as vécu des moments difficile, incompris certainement car un enfant ne comprend pas toujours ce qu’il se déroule autour de lui, il ne peut mesurer la gravité des faits mais en ressent profondément l’affect pour lui-même et pour ceux qui en sont marqués.
Je t’es demandé si tu avais été confiée à des proches de la famille lors de la maladie de ton papa, tu as répondu "non" mais que ta maman t’a
CONFIE à tes grands-parents durant une période assez longue et apparemment assez souvent, ce qui pour moi est la même chose.
Là encore, être éloignée, même temporairement mais souvent, est encore une forme d’abandon.
Toutes ces formes d’abandon ont causé chez toi ce besoin d’être protégée et aimée, aimée par cette petite copine qui est devenue plus qu’une amie comme je disais au début mais une sœur, je suppose alors qu’une relation fusionnelle s’est élaborée entre vous deux durant ces années.
Il est normal que tu aimes et que tu hais à la fois cette copine, qui est toujours dans ton cœur comme tu l’expliques. Il serait reconstructif pour toi de lui écrire ou lui dire ce que tu as écris sur le forum, ce que tu dis est très bien, elle saurait ainsi le mal qu'elle t'a occasioné car tu as le
droit de "crier" ta peine et ta colère à son égard.
- Citation :
- c’est qu’elle m’a fait très mal, qu’elle m’a détruite, qu’elle a causé en plus du reste une baisse de mon estime, qu’à cause d’elle j’ai perdu la confiance en moi que j’avais mis pas mal de temps à construire, que maintenant je ne supportes plus le regard des gens, que je suis déçue de la personne qu’elle m’a fait découvrir, et que j’aurais pu donner tout ce que j’avais pour effacer ce long cauchemar , ce qu’elle m’a fait subir je ne lui souhaite pas mais que j’espère qu’un jour elle se rendra compte de toutes les conséquences que ses phrases diffusés sur le net ont eu .. et qu’elle changera ! Que j’aurais préféré que notre amitié dure encore, qu’en tant que meilleures amies on partage pleins de choses toutes les deux. Que malgré tout je n’oublierais pas tous nos souvenirs, que je suis partagée entre haine et amitié mais que je ne la déteste pas et que je souhaite qu’à l’avenir elle ne reproduise pas les même erreurs..
Je pense que pour « te réparer » et retrouver cette confiance en toi, les mots sont un des moyens les plus propices. A l’inverse de ta copine qui a divulguée ta maladie, parce que l’énurésie en est bien une et non une honte. Je comprends que tu le ressens comme de la honte, car l’urine comme les selles sont des matières qui paraissent dégoûtantes pour beaucoup mais ce sont ni plus ni moins que des matières organiques issues de l’ingestion et de la digestion de notre alimentation, ce sont des matières « propres » sauf lorsqu’elles sont contaminées par des bactéries nocives… Bref !
Pourrais-je savoir pourquoi cette fille a divulgué ta maladie ? Tu n’en parles pas. Quelle est la raison qui l’a poussée à te faire autant de mal en utilisant
ta faiblesse .
Tu n’as pas à regretter d’avoir eu ce problème d’énurésie, ce n’est pas cette maladie qui a posé des barrières entre Toi, ta famille, les autres en général mais ce sont les Autres qui auraient dû mieux comprendre ton problème et être beaucoup plus à ton écoute. Ce n’est donc pas toi qui t’es éloignée d’Eux mais Eux qui ne se sont pas rapprochés suffisamment de Toi. Tu n’as donc aucune culpabilité à éprouver, j’espère que tu vas maintenant te rendre compte que tu peux voir ce problème sous un autre angle.
Il faut également que tu comprennes qu’ils ont pu être «
démunis » devant ta maladie qui avant tout et dans la plupart des cas est psychologique, comme toi-même tu as été démunie devant la maladie de ton papa...même si les âges sont bien évidemment différents, les ressentis de chacun sont similaires.
Je pense qu’il faudrait que tu essaies de te rapprocher et de discuter :
-avec ton père, lui dire ce que tu écris ici sur le forum, «
que tu as besoin de lui, besoin de cet amour qui unit un père et sa fille". Lui avouer que tu ne comprends pas pourquoi il est aussi aigri envers toi, que tu n’es pas coupable de sa maladie et du combat qu’il a mené contre elle. Que tu désirerais avant tout retrouver ce papa qu’il était lorsque tu étais plus jeune, attentionné, lui expliquer qu’il a la chance d’être toujours vivant et auprès de ses enfants, de son épouse, de sa famille. C’est un message que tu peux tout à fait faire passer en le lui disant (ce qui serait mieux) ou le lui écrivant par des mots simples.
Pourrais-tu expliquer pourquoi ton papa est si agacé avec toi, l’est-il uniquement avec toi ?
La communication avec ta maman et ton papa se fait-elle aisément ? Se disputent-ils souvent ?Tu t’accordes bien avec ta maman, tu pourrais alors te rapprocher d’Elle, lui suggérer quelques activités ensemble, faire les courses de la semaine, certaines tâches ménagères (participes-tu aux tâches ménagères chez toi ?), l’aider en lui montrant que tu souhaites l’alléger et ainsi pouvoir passer plus de temps avec elle et lui consacrer quelques moments de liberté. Parfois, les mères ne s’aperçoivent pas que leurs enfants ne vont pas bien, ne savent pas non plus prendre des initiatives ou n'y pense pas (eh oui !), si l’une et l’autre restez dans vos coins respectifs, il est certain qu’il y aura stagnation.
Tu écris aussi que tu ne sais pas te confier à ta mère ? Ne l'as-tu jamais fait même petite fille ? Lorsque tu te posais des questions sur la maladie de ton père, comment réagissait-elle ? Etait-elle à ton écoute ?
Bien souvent lorsqu’on ne se confie pas, on ressent une angoisse, une peur d’être rejeté et de là d'importuner, as-tu ce sentiment de déranger ? Une mère est toujours présente pour écouter son enfant, qu’il soit petit ou grand, tu écris que ta maman est gentille alors pourquoi ne pas communiquer bien plus souvent et avec sincérité, laisse-toi aller avec ta maman.
Depuis ta petite enfance, tu souffres Tifanyy, tu souffres d’être abandonnée, tu as peur de la maladie et de la mort qui ont été si présentes à tes côtés, tu souffres d’un manque, ce manque tu l’as comblé grâce à cette relation bien plus qu’amicale, je dirai fraternelle avec ta petite copine, et là patatras plus rien… C’est se retrouver dans la position de départ.
Ces douleurs physiques que tu t’infliges t’apaisent, oui mais à quel prix et en dépensant quelle énergie ! Tu as besoin de celle-ci non pas pour te détruire mais pour Vivre.
La mutilation permet d’extérioriser des douleurs psychologiques, de se libérer d’une colère mais encore une fois, il faut prendre un tout autre chemin plus apaisant, Tifanyy.
Je ne suis pas une professionnelle en psychologie, j’ai essayé de faire un synthèse de ta souffrance.
Echanger, communiquer sur ce forum peut t’aider, te soutenir mais tu as besoin d’aller au-delà.
Tu as 16 ans, tu peux consulter gratuitement un psychologue dans un CMP tout en lui expliquant que tu veux pour l'instant que ta démarche auprès de lui ne soit pas divulguer à tes parents, il ou elle le fera mais, pour te reconstruire, retrouver cette confiance en Toi, il faudra également
re-faire confiance à Ceux qui t’aiment, à ta mère et à ton père, qui t’aime tout autant mais qui ne sait plus trop comment le démontrer.
Peut-être es-tu parvenue à un point tel qu’il faille voir un personne compétente et professionnelle qui pourra t’aider et qui saura te guider afin de faire renaître une harmonie dans la famille, dans vos relations à tous les trois.
Je pense que tes parents tout comme toi-même, vous souffrez, c'est indéniable il me semble. Ton père le montre par son comportement irrité, Toi, tu ne vas pas bien, tu ne parviens plus à vivre avec ce trop plein de douleurs, de manques et ta maman a également démontré ses limites en tombant dans une dépression et dans des opérations chirurgicales successives (tu peux également en parler si tu le souhaites).
Lorsque l’esprit est fatigué, le corps l’est tout autant. Personne de Vous trois n’est responsable de ses faiblesses et de ses peines.
Renouer, reconstruire des relations sereines entre tes parents et vice versa serait, à mon sens, un départ vers un mieux-être. Si tu pouvais te livrer à ta maman dans un premier temps (ou avec ta sœur aînée, est-ce que tu t'entends bien avec Elle et y as-tu pensé ?), tu trouverais l’apaisement tant psychologique que physique que tu recherches.
J’attends ta réponse, essaie de répondre à mes questions, c’est important surtout pour toi, pour que tu prennes conscience du pas à franchir.
Je reviendrai sur d’autres points que je n’ai pas abordés ce soir par manque de temps.
A bientôt. Très amicalement.
Clair de lune.