bonsoir,

j'ai perdu mon mari en 2011, de maladie.
un cancer l'a emporté lui aussi comme beaucoup malheureusement, beaucoup trop à en voir tous ces témoignages!
je me retrouve seule aujourd'hui avec une fille de 15 ans qui est pleine de vie et ne demande qu'à aller de l'avant. elle aime s'échapper de la maison et cela me dérange un peu, mais il faut q'elle vive son adolescence et moi que je poursuive ma vie, cela fait parti de l'acceptation je pense.
jusque là elle m'aidait à passer le cap mais cela fait 1 an que mon mari nous a quitté, l'homme avec qui j'ai passé 20 ans de ma vie et la solitude, le manque de cet être cher commence à me peser.
au début on est dans un tourbillon, on ne réalise pas vraiment ce qui nous arrive, on ne subit plus cette maladie, puis peu à peu cela devient un peu plus compliqué, des décisions à prendre seule, plus personne (adulte) avec qui échanger en entrant du travail... c'est difficile et devient insupportable.
pourtant j'ai avancé en 1 an me disent mes amis, pour ma fille, ma maison et moi même mais malgré tout il me manque tout de même quelqu'un...lui.

Bonsoir Nad

Comme je te comprends et combien je sais que cette période de deuil est difficile.
Mon mari est également décédé d'un cancer en 5 mois en 2005 et il m'a fallu du temps. Je me suis retrouvée seule avec ma fille de 12 ans qui a très très mal vécu la mort de son père et qui, aujourd'hui, à 18 ans le vit encore assez mal.

Oui, nous sommes dans un grand tourbillon, occupée aux formalités, après quelque mois dans cette tempête, la douleur se fait ressentir plus sournoisement qu'au début. Lorsque nous pensons enfin avoir "accepté" une partie de cette perte, la peine nous revient comme un boomerang.

Ta fille a 15 ans, elle vit apparemment bien le deuil de son papa ?
Le temps est le meilleur allié pour accepter l'impensable, pour cicratiser le coeur et les sentiments.

As-tu qu'un seul enfant ?
De quel cancer ton mari a-t-il souffert ? Quel âge avait-il ?
Comment as-tu vécu sa maladie ?
As-tu été épaulée durant celle-ci ?

Tu dis être seule avec ta fille, as-tu de la famille, des amies, apparemment tu exerces une profession, es-tu épanouie dans ton métier ?
Parfois, à la suite d'un deuil, nous remettons beaucoup de choses de l'existence en cause, nous voyons notre futur différemment, ce qui nous semblait important, primordial avant nous paraît devenir secondaire et nous aspirons à d'autres motivations, d'autres aspirations.

Oui, la vie continue mais un an c'est encore tôt et peut être trop récent pour toi, pour t'épanouir dans une nouvelle relation, tu seras en mesure d'aller vers une autre existence et t'ouvrir à d'autres personnes que lorsque ton travail de deuil sera enfin terminé mais pas avant. Ne rien précipiter mais accepter petit à petit.

Quels sentiments te submergent encore actuellement ?
Eprouves-tu une certaine culpabilité d'être encore de ce monde alors que, par son jeune âge, ton mari pourrait se trouver à ta place ?
Es-tu encore en colère contre sa maladie, contre son départ, es-tu en colère sur autre chose ?

Tu expliques qu'il n'est plus là pour te parler, pour échanger avec toi, que tu ne prends plus de décision en commun, as-tu des difficultés à décider seule, es-tu angoissée de devoir assumer ces deux rôles de parent, celui du père manquant pour ta fille également ?

A très bientôt. Clair.

merci clair d'avoir pris le temps de me lire et d'y répondre.

concernant tes questions ma fille est suivie psychologiquement depuis le début et sa psy a l'air de dire qu'elle est très forte et équilibrée. elle la sent sur la bonne voie.
ma fille parle peu de son papa mais y pense parfois, repense à quelques anecdotes qui nous font sourire car mon mari était même dans la maladie drôle et plein de vie.

il ne s'est jamais laissé abattre et a dit du jour où on lui a annoncé sa maladie, " pour moi ma vie est faite, maintenant c'est du sursis!" il a vécu deux ans avec la maladie alors que les médecins m'ont dit après son décès que l'espérance de vie pour un cancer de l'estomac était de moins d'un an. je pense qu'il voulait tout mettre en oeuvre pour notre bien-être à ma fille et moi, et encore aujourd'hui j'en reste persuadée.

il a déclaré son cancer en juillet 2009, a été opéré de l'estomac (on lui a retiré en totalité) en octobre 2009, a perdu son père en octobre 2009, 3 jours après sa sortie d'hôpital, sa soeur a déclaré un cancer du sein en novembre 2009. il a été en rémission quelques temps puis a déclaré foie + péritoine en janvier 2011, a perforé l'intestin le 23 juillet 2011 et est décédé le 24 au matin. je suis arrivée 2 mn trop tard.

je regrette cette nuit, de ne pas être restée avec lui, d'avoir choisi de rentrer m'occuper de ma fille et surtout de ne pas avoir compris qu'il allait partir. j'étais dans la déni et je m'en veux. avant mon départ de l'hôpital je pleurais et il m'a dit "pleures pas c'est pas la peine". j'aurais dû échanger quelques mots de plus avec lui, si j'avais sû!

il était hospitalisé depuis le 13 juillet et est décédé donc à l'hôpital, ce qui est mieux pour nous car il ne reste que de bons souvenirs dans cette maison, hormis la maladie bien sûr.
il avait 54 ans.

je n'ai qu'une fille, ayant moi même fait 3 GEU.

cette maladie a été difficile a vivre pour nous tous mais la force de mon mari nous y a aidé ma fille et moi à la supporter. il était incroyable, même dans la souffrance.

je travaille, j'ai des amis et de la famille proche mais malgré tout ça le cap est très difficile.

oui il m'arrive d'être en colère car c'était quelqu'un qui n'était jamais malade mais pourtant il a déclaré cette maladie et disait lui même " on vit, on meurt, c'est comme ça".
une philosophie de vie assez particulière mais pourtant vraie.

il a toujours été protecteur pour nous et c'est pour cela que je me sens perdue.
il est vrai que le temps va m'aider à apaiser et comprendre les choses mais le temps parait bien long parfois.

merci beaucoup clair pour cet échange et à bientôt

Citation :

je suis arrivée 2 mn trop tard.
je regrette cette nuit, de ne pas être restée avec lui, d'avoir choisi de rentrer m'occuper de ma fille et surtout de ne pas avoir compris qu'il allait partir. j'étais dans la déni et je m'en veux. avant mon départ de l'hôpital je pleurais et il m'a dit "pleures pas c'est pas la peine". j'aurais dû échanger quelques mots de plus avec lui, si j'avais sû!

Nad, je n'ai retenu que cette phrase ci-dessus. Tu te sens coupable de ne pas avoir été présente. C'est malheureusement un sentiment partagé par beaucoup de personnes qui n'ont pas été là au moment précis où l'être cher disparaît.

Tu t'en veux, tu regrettes, il ne faut pas Nad, comment pouvais-tu savoir qu'il décéderait cette nuit-là. Son état était certainement très préoccupant, vital mais il est bien difficile d'être présent au moment clé de leur départ, je dirai même que c'est le destin...
Nous n'avons aucun contrôle et nous ne l'aurons jamais.

Nad, j'ai déjà vécu trois décès dans ma famille, mes parents, d'abord mon père au chevet duquel je suis restée jusqu'au bout après qu'il m'ait demandé de venir, ensuite ma maman, toute la journée j'ai attendu auprès d'elle, il a bien fallu que je la quitte, venant de perdre mon mari trois jours auparavant, et lorsque je suis rentrée, mon frère, qui était resté à son chevet, m'appelait pour me dire qu'elle venait de partir, je venais juste de mettre la clé dans la serrure et d'ouvrir la porte... 40 mn de route, 40 mn de "perdu" me suis-je dit et je n'étais pas là.

Mon mari est décédé sur le temps que je conduisais ma fille, à l'époque âgée de 11 ans et demi à l'école primaire. Je suis partie à 8h15 et suis revenue à 8h30 pour le voir effondré sur le lit dans le séjour, j'ai reçu son dernier soupir, du moins je pense....

Ma fille lui a dit au revoir juste avant de partir...

Je m'en suis énormément voulu de ne pas être restée 40 mn de plus aux côtés de ma mère, mais je me suis dit ensuite, elle qui aimait avoir le contrôle et qui n'avait pas peur de mourir, si en fait elle ne voulait pas que je reste à pleurer toute les larmes de mon corps auprès d'elle comme je l'ai fait pour mon père alors qu'elle ne versait jamais de larmes....

Une façon peut-être de décider jusqu'au bout et de s'en remettre à mon frère pour la conduire vers l'ultime départ...

La même chose pour mon époux, il venait de prendre son médicament, je savais qu'il allait bientôt nous quitter, c'était une question de jours..., il ne souhaitait pas retourner en hôpital... Il a embrassé sa fille, elle m'a toujours dit avoir ressenti un pressentiment que c'était la dernière fois qu'il lui disait au revoir, un adieu.

Je voulais être près de lui, je ne voulais pas qu'il s'en aille seul mais nos maris, nos parents souhaitent peut-être ne pas nous infliger ces moments de tourments et de peine intense.... Ils retardent leurs départs... alors est-ce vraiment nous qui les avons manqués ou est-ce eux qui partent doucement et avec acceptation .
Je te laisse méditer sur cette pensée.

J'espère que ce témoignage pourra t'aider, Nad, car pendant des mois je m'en suis voulu de les avoir laissé partir à trois jours d'intervalle sans ma présence. Mais, nous ne décidons ni du moment de notre naissance, ni du moment de notre mort, donc nous n'influençons pas la mort de nos êtres chers et nous ne sommes pas responsables de notre absence.

Ton mari t'a bien dit "de ne pas pleurer, c'est pas la peine", je suppose que pour lui, il était prêt, serein de passer de l'autre côté s'il y croyait ou tout simplement acceptant la maladie et la mort. Ce sont des êtres d'exception, ils sont dignes jusqu'au bout et ton mari aurait certainement voulu que tu continues à t'accrocher à cette vie et d'aller là où le destin l'a figé.

Courage à toi ainsi qu'à ta fille.
Si tu as besoin de t'exprimer encore, n'hésite surtout pas !
Amicalement. Clair.

je vais laisser désormais place à la méditation. ces quelques phrases vont m'aider je pense à poursuivre ma route.
je te souhaite beaucoup de courage à toi aussi car la vie ne t'a pas épargné toi non plus, mais cependant je remarque que tu avances en toute sérénité.
j'espère pouvoir déculpabiliser un jour et vivre avec cette même sérénité.
encore un grand merci pour ton soutien.
amicalement
Nad

Mais de rien, Nad
Oui j'avance avec sérénité et je suis persuadée que tu suivras le même chemin.
Le temps nous aide, nous instruit, nous mûrit.

Je reste présente si un jour tu en ressens le besoin.
Bien à Toi.
Clair.