Bonjour,

Je me suis presentee il y a quelques jours mais je n'avais pas eu le temps d'ecrire le sujet de ma visite sur ce site.

Comme je l'ai brievement explique en introduction, je vis au Japon et j'ai du mal a parler de ce que je ressens (culture/ langue...).

Voila, je ne sais pas si c'est bien ici que je dois poster le sujet car c'est assez vaste... et ca touche differents themes.

Je me permets donc d'ecrire l'histoire qui me dechire le coeur depuis plus d'un an...

J'etais en couple avec LUI pendant plus de 6 ans. Lorsque je l'ai rencontre, j'etais encore etudiante et je ne me suis pas focalisee sur son probleme d'addiction (drogues en tous genres). LUI etait tellement unique, une personnalite si particuliere, sociable, genereux, dynamique, drole, artiste aussi (musicien). Nous nous sommes soutenus, nous avons habite ensemble, nous avons partage tant de bons moments.

Moi je n'ai jamais vraiment aime les drogues en general mais etant d'un caractere curieux, j'ai decide de tester plusieurs choses... principalement pour arriver a comprendre l'attrait qu'ont certaines personnes pour ces plaisirs futiles... J'ai essaye de comprendre pourquoi IL aimait tant ca.
Finalement nous nous sommes separes pour plusieurs raisons: son addiction toujours plus grande a la coke et tous les problemes qui en decoulent (financiers surtout); des nouveaux "amis" qu'il refusait de me presenter; un plus grande incomprehension entre nous car je ne pouvais plus supporter d'etre le temoin de son suicide a petit feu... et puis, j'ai eu l'opportunite d'un poste au Japon. IL m'a enormement soutenue et m'a encouragee a partir.
J'avais totalement change de vie, j'ai tout lache la-bas (et surtout lui). Je LUI predisais encore 10/15 ans a vivre (connaissant ses exces)... mais il avait choisi aussi sa vie: IL disait qu'il preferait "bruler sa vie", tout vivre vite, un peu dangereusement... rock'n'roll dans l'ame, il ne voulait pas vieillir.
On s'est donc separes mais je tenais aboluement a garder contact avec lui car IL etait mon meilleur ami, ma famille et que je voulais continuer a le soutenir, parler avec lui malgre la distance. Meme si les routes ne sont pas les memes, l'affection, le respect, etaient toujours presents.

L'ange de la mort l'a emporte dans une fumee tourbillonante... derniere prise... OD... c'etait il y a maintenant 1 an et 2 mois... J'ai appris cette horrible nouvelle par des amis communs 2 semaines apres son deces. J'ai appele son frere car je ne pouvais pas y croire.
J'etais si en colere... et si triste en meme temps. Comment un etre comme LUI peut disparaitre? IL est parti dans des conditions si glaugues, si nulles. Je suis allee voir sa mere et son frere a la fin de l'annee derniere car je voulais leur apporter mon soutien. Je voulais aussi, apres 8 mois de deni, de refus, me rendre compte physiquement de son absence.

Pourtant, encore maintenant, IL me manque tellement. La communication est definitivement coupee et c'est attroce de devoir organiser cette nouvelle phase de ma vie sans LUI. Je sais qu'il avait son histoire, ses problemes... lourds, tres lourds... qu'il a choisi d'une certaine maniere et qu'il devait etre fatigue... alors d'un cote, je me dis que c'etait son heure, qu'il en a bien profite car il a fait tellement de choses dans son existence. C'est comme s'IL le savait et qu'il s'etait depeche de tout faire tres vite. Ma conscience du temps n'est pas la meme que la sienne.

Ce qui ressort de tout cela c'est que oui, la vie est courte pour certains, qu'il faut profiter, il faut vivre pour soi, avec ses proches, realiser ses projets, vivre les experiences que l'on souhaite. Pourtant, depuis 1 an, je me sens lasse, fatiguee moi-aussi, l'impression que la vie est bien futile et que rien ne sert a rien... Quel est le but? Il suffit juste de vivre.

J'ai enormement de mal a accepter son depart... je suppose que cela doit etre normal... Je l'imagine me faire des signes et des grimaces sur les toits des immeubles tokyoites...

J'espere que vous excuserez mon "roman" et si quelqu'un peut me conseiller ou echanger ses experiences, c'est bien pour cela que j'ai ecris aujourd'hui.
Merci d'avance pour votre ecoute.

Bonjour Japan Times

Je viens de lire ton "roman" qui n'en est pas un, mais un extrait de ta vie, de l'amour que tu as eu envers un homme qui a "décidé" de vivre à 100 à l'heure, de brûler la chandelle par les deux bouts... Un genre "Gainsbarg" !

Il y en a, ont-ils raison ou tort ? Vaste question sur le but de notre existence.
Tu as aimé cet homme qui t'a aimé aussi dangereusement qu'il vivait. Tu as choisi de le quitter, pourquoi ? Pour ne pas être détruite à ton tour, pour vivre une vie moins mouvementée et plus sure en espérant t'épanouir autrement et avec un autre homme... ?

Cet hommes restera à jamais dans ton coeur, l'amour ne meurt pas, le feu diminue, les souvenirs restent. Ce feu s'est attisé à nouveau lorsque tu as été informé de sa mort, mais est-ce le feu ou une certaine culpabilité envers son décès ?
Te sens-tu, en partie, responsable de sa mort ? L'éloignement que tu as choisi, le fait de l'avoir laissé continuer à se détruire (mais à vivre cette vie qu'il souhaitait) alors que tu te trouvais de l'autre côté de la planète, n'est en rien de ta faute.
Aurais-tu pu freiner cette envie destructrice qu'il avait au fond de lui depuis tant d'années, même si c'était sa philosophie de vie ?

Et si tu lui écrivais une lettre d'adieu, en formulant ce que tu aurais souhaité qu'il sache avant de partir....ensuite tu la brûles dans un endroit que tu aimes le plus, dans un endroit où tu penses que tous les deux vous auriez été en harmonie et tu laisses partir ces derniers mots que tu as écrits dans l'atmosphère, ainsi là où il se trouve, selon ses croyances et les tiennes, si vous en aviez ou pas, ces petits morceaux de papiers consumés et emplis d'amour, de colère, de chagrin lui parviendront d'une manière ou d'une autre.

Courage.

Bonjour et merci Clair de Lune pour votre message,

Je crois que vous avez compris comment etait le personnage!!

Je voudrais repondre a vos questions.
La rupture s'est deroulee un peu bizarement. Lorsque je suis partie au Japon, nous etions encore ensemble. Lorsque je suis revenue pour les vacances apres 3 mois, il m'evitait. On a finalement reussi a se parler a sa dire que c'etait fini.

De mon cote, je me posais des questions depuis un long moment. Savoir si un avenir etait possible avec lui (avenir = enfant/ boulot/ vie plus normale), je savais qu'il ne changerait jamais et j'ai su que je ne pourrais pas supporter pdt des annees. Donc j'ai decide de partir, par preservation, par egoisme car il fallait que j'avance de mon cote (je venais de rentrer dans la vie active) et aussi par ce que je ne savais pas si je l'aimais reellement au point de le soutenir en permanence.

De son cote, il m'a annonce qqs semaines apres la rupture qu'il avait une nouvelle copine dont il etait amoureux (je soupconne donc qu'il etait deja avec cette fille lors de la rupture).
De toute facon, je pense qu'il nous fallait du changement a tous les deux a ce moment la.
On est restes en contact par mail/ skype pendant 4ans depuis cette rupture car on a toujours eu de l'attachement. J'ai toujours trouve que c'etait plus fraternel que passionnel entre nous donc pour moi c'etait normal de continuer a se parler.

Depuis qu'il n'est plus la, plus de communication possible. Je m'en veux biensur de ne pas avoir plus essaye de "lui sortir les vers du nez". Quelques fois il me parlait de soirees. Il me disait qu'il ne prenait rien alors que je savais qu'il devait s'y donner a coeur joie. J'ai ferme les yeux. Je sais tres bien que j'etais trop loin et que les liens s'etaient distendus mais je me dis que j'aurais pu insister. J'ai souvent l'impression de l'avoir abandonne... tout en sachant a la fois que je ne pouvais rien faire puisqu'il avait choisi son style de vie depuis longtemps (et qu'il etait totalement accro).

Je vous remercie pour les conseils de petits papiers a bruler mais pour moi ca ne marche pas.
J'ai deja fait ca, ecrit une lettre, mis un cierge dans un des plus grands Temples Bouddhistes de Tokyo pour lui dire adieu... mais je n'y crois pas malheureusement. Je ne suis pas croyante et je pense juste que quand on meurt, et bien on meurt. C'est tout. On n'existe plus. Il n'etait pas croyant non plus.
Je sais que ca prend du temps pour accepter... mais j'avoue que je ne sais pas comment faire pour accepter ca...

La lettre que j'ai évoqué et qui te permet de dire au revoir n'a pas de relation avec la religion.
Elle est écrite afin d'exposer tout ce que tu n'as pu le lui dire, tes souhaits, tes regrets, tes reproches, ce que tu aimais de lui et ce que tu aimais le moins.
Cette lettre consumée retourne tout simplement à la terre, lieu où nous retournons tous, croyants ou incroyants.
Je ne voyais pas cette lettre comme un moyen de lui faire entendre un message et encore moins de brûler un cierge.

Je pense que tu culpabilises beaucoup de sa mort, de son OD, mais tu sais également qu'il aurait été un jour jusqu'à cette frontière. Aurait-il entendu tes conseils, ce n'est pas certain, tu ne l'as pas abandonné, tu as continué à communiquer avec lui, à avoir cette relation fraternelle comme tu l'as décrite tissée entre vous deux.

Etait-il capable d'affronter la vie, s'aimait-il suffisamment pour continuer le chemin. Je ne connais son passé, ce qu'il a vécu, mais tu dois poursuivre ta route, t'aimer comme il devait t'apprécier comme une "soeur".
Nous n'avons malheureusement pas toujours la possibilité d'intervenir sur l'existence de ceux que nous aimons, par contre tu as fait ce qu'il fallait pour l'aider mais il n'a pas eu la force d'aller au-delà de ce que vous attendiez tous de lui et ça, personne n'en est responsable.

Tu as lui donné 6 années semées de bonheur, vous avez échangé vos coeurs, c'est l'essentiel.