Bonjour tous...
Je sais que je suis jeune, mais malgré mes 14 ans, je suis tombée dans un enfer dont je n’arrive pas à sortir. Je vis avec le poids de ce que j’ai fait, et l’horreur que je ressens est toujours aussi présente, plus le temps passe, plus je la réalise …. Quand la douleur est trop intense, j’ai besoin de me punir, de me faire souffrir, de ressentir une souffrance assez grande pour me faire oublier celle qui me suit comme mon ombre. Je veux m’enfuir, mais je n’y parviens pas. Je m’affame, je m’épuise, je me fais du mal, je me mutile, je me torture … J’aimerais tellement mourir, seulement arrêter de souffrir ! Apparemment, c’est le prix à payer pour ma stupidité … Et personne ne semble vouloir le comprendre.
Il y a bientôt 8 mois, je suis tombée enceinte. Trop jeune et totalement inconsciente, je ne savais pas encore ce que c’était d’être sérieuse, de penser à l’avenir et de m’inquiéter pour une personne, un être que j’aime plus que tout … Quand j’ai appris que j’étais enceinte, je n’ai pas été contente du tout, ni paniquée, je voulais seulement ne pas y croire. Mais le temps a passé, et pendant que mes proches l’apprenaient, moi je m’attachais à cet ange innocent qui grandissait, qui se manifestait de plus en plus. Tout le monde était contre moi, j’étais trop jeune, et j’ai dû commencer à me battre seule contre le monde entier …
Il y a cinq mois, j’ai avorté contre mon gré. Cette ‘’expérience’’ m’a anéantie, a laissé un vide, un manque, une culpabilité sans nom … On m’a forcée à TUER mon bébé, et de quel droit est-ce que je lui ai ôté la vie ?! Je n’avais pas le droit de le supprimer alors que tout ce qu’il demandait, c’était de vivre … Ce n’était pas de sa faute si sa mère n’était pas assez forte ni assez mature pour assumer son rôle … Pourtant il y aurait eu des milliers d’autres solutions que celle-là ! À présent, je ne sais plus quoi faire contre ce vide, cette douleur que je ressens chaque jour, chaque heure, chaque minute. Elle me noie, je ne dors presque plus, je passe mes nuits à me vider de mes larmes, je me demande quand est-ce que je n’en aurai plus à verser … Je ne mange plus, je n’ai plus faim, je veux être seule, je me referme sur moi-même … Et je me mutile de plus en plus souvent, plus férocement. Je ne ressens même plus la brûlure quand je me coupe, c’est comme si maintenant elle faisait partie de moi, comme l’autre. Et pire, je suis satisfaite quand je vois mon sang couler, comme si ce n’est que ce que je mérite pour être un monstre, pour avoir détruit un être innocent … Et aussi, je le vois couler et j’ai l’impression que une partie de ma souffrance s’en va de mon cœur avec.
Je hais certaines personnes de mon entourage, et même si elles m’aiment et veulent me voir sourire, je pense que je réussirai plus jamais à être heureuse -__-‘ Enfin voilà, je ne sais pas trop comment vous pourriez m’aider, mais déjà de l’avoir lu je vous remercie, parce que j’ai besoin de raconter ma douleur à quelqu’un qui n’est pas impliqués émotionnellement et que je ne peux pas voir (au contraire des psy …), c’est plus facile et ça m’évacue …

DÉSOLÉE POUR LE ROMAN

Il y a un immense sentiment de culpabilité qui ressort de ton histoire. Je pense que c'est celui-ci qui te fait le plus souffrir. Tu penses avoir commis un erreure en écoutant tes proches, mais paradoxalement tu les accuses aussi de t'avoir forcée... qui as donc tué ton bébé, toi ou eux?
Contre qui es-tu fâchée?

Le plus dur en fait, c'est que je m'en veux d'avoir flanché ... Ils m'ont forcée à avorter parce qu'ils me trouvaient trop jeune, trop stupide pour parvenir au bout de tout ça ... Et c'est pour ça que je leur en veux. On ne m'a pas donné le choix, j'étais seule, complètement perdue, et ils en ont profité. Je voulais me battre mais je ne savais pas comment, et comme je n'avais aucun soutien, je n'ai pas réussis. J'avais le choix entre eux ou mon bébé ... Et j'ai été trop lâche, trop égoïste pour continuer, je me suis soumise à ce qu'ils voulaient. Pour ça, je m'en veux également ! Voilà.

La première chose à faire sera de te pardonner à toi-même... tu as beaucoup de maturité pour ton âge, mais cette culpabilité te ronge et t'empêche d'avancer. Je n'ai pas de solution miracle, c'est un sentiment très dur et très sévère (je connais) et il est difficile de s'en défaire. Cela ne sert probablement à rien que je te dise qu'à mon avis tu n'es pas coupable de ce qui t'es arrivé, tu le sais déjà au fond de toi. "je voulais me battre mais je ne savais pas comment". C'est bien normal quand on est confronté à une telle situation avec sa famille qui fait pression. Tu es toi-même encore un enfant (pas dans un mauvais sens, mais tes parents te considèrent sûrement encore comme une petite, même si intellectuellement tu es grande), ils ont réfléchis pour toi, en essayant de prendre une décision pour toi. C'est ce que les parents font dans les situations qu'ils estiment ingérables pour leur enfant.
Ils se sont peut-être trompés, mais de toute façon tu n'aurais pas pu te passer de leur soutient probablement. Rien que financièrement ça aurait été bien difficile...
Donc ce n'est pas un choix entre eux et ton bébé que tu as fait, mais bien un choix entre une vie ou une autre.
Je ne vais pas te dire non plus "c'était le mieux à faire", ça personne n'est en droit de te le dire et ce n'est pas du tout mon sujet. Ce que je veux simplement te faire passer c'est qu'il faut que tu sois plus indulgente avec toi-même. Je ne veux pas minimiser ta peine, on ressent bien que tu souffres beaucoup de cette situation, et c'est compréhensible.
Parait-il qu'après la pluie vient le beau temps, à quelque part j'aimerai y croire pour te redonner, au moins, cet espoir...